MONTREAL (PC) - Quelques athlètes canadiens qui rêvent de l'aventure olympique touchent aux drogues dès l'âge de 12 ans, a-t-on appris vendredi à l'ouverture de la conférence nationale sur le dopage.

Si les experts conviennent qu'il est difficile d'évaluer l'ampleur du problème, ils insistent pour dire qu'il faut en faire davantage pour convaincre les jeunes de gagner honnêtement et les informer sur les dangers pour la santé de certaines substances dopantes.

D'ici la clôture de la conférence dimanche, quelque 200 professionnels de la santé, des sportifs, des entraîneurs et des spécialistes en politique du sport, sont réunis à Montréal pour la première conférence nationale sur le dopage sportif chez les jeunes au Canada.

"Il s'agit d'un problème important", a estimé Dick Pound, membre du CIO qui préside le Forum mondial sur l'activité physique et le sport, organisateur de la conférence.

"C'est un problème qu'on doit aborder un peu comme celui de l'alcoolisme dans la famille. C'est une honte et personne ne veut en parler."

Le gouvernement du Québec a dévoilé à cette conférence l'ébauche d'une enquête menée l'an dernier auprès de quelque 2500 jeunes de 12 à 18 ans ttitude à l'égard des sports et des substances visant à améliorer les performances.

Des jeunes interrogés ayant admis avoir fait usage de telles substances au cours de la dernière année, un pour cent a dit avoir pris des stéroïdes anabolisants, comparativement à 2,5 pour cent qui ont consommé de la cocaïne et six pour cent qui ont eu recours au Sudafed, qui contient de l'éphédrine.

Pound, ex-vice-président du Comité international olympique et possible candidat à la présidence, a précisé qu'il croit que l'augmentation des tests de dépistage inopinés et des sanctions plus sévères au niveau international ont contribué à freiner le problème du dopage parmi les athlètes de haut niveau.

Mais la seule façon de se débarrasser du dopage consiste à convaincre la prochaine génération d'athlètes de ne pas toucher à des substances comme les stéroïdes, la cocaïne et les amphétamines.

Pour Nadine Rolland, membre de l'équipe canadienne de natation qui a participé aux Jeux olympiques de Sydney l'année dernière, il a toujours été facile de rester loin des drogues.

La Montréalaise de 25 ans a confié qu'on n'avait jamais fait pression sur elle pour qu'elle augmente sa masse musculaire ou qu'elle tente d'améliorer artificiellement sa vitesse en 18 ans de carrière.

"J'ai vraiment été très chanceuse", a dit Rolland, qui doit donner son témoignage à la conférence samedi.

Si elle a bénéficié d'un solide soutien de sa famille, de ses entraîneurs, de ses coéquipières et de ses médecins, elle avoue que certains athlètes juniors se sont convaincus qu'ils ne peuvent s'entraîner ou connaître des succès sans avoir recours aux drogues.

"Certains athlètes qui ont 15 ou 16 ans ne savent tout simplement pas comment faire les choses autrement", a ajouté Rolland.

"C'est important de leur offrir une alternative pour qu'ils voient qu'il n'y a pas seulement une façon d'atteindre le succès."

Des études nord-américaines suggèrent que quatre pour cent de tous les jeunes hommes font usage de substances interdites. Les stéroïdes pris sous forme d'injection sont le choix le plus populaire, a précisé le docteur Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle de dopage sportif à l'Institut national de recherche scientifique.