Krystina Alogbo a secoué le monde du water-polo canadien, vendredi dernier, en annonçant sa retraite de l’équipe nationale féminine. Mais aux dires de la principale intéressée, il était devenu impossible de jumeler sa carrière professionnelle avec le CSS Verona (Italie) et l’entraînement avec ses coéquipières de l’unifolié. Tant physiquement, que mentalement.

« Ça n’a pas été facile dans les derniers quatre ans. Quand j’ai amorcé ce cycle olympique, je me suis dit que j’irais un jour à la fois et que j’allais voir comment la santé allait tenir. Là, le corps est en train de me faire des signes », a avoué Algobo, fraîchement arrivée en Italie depuis lundi.

La Montréalaise de 34 ans n’a pas été épargnée par les blessures au cours des dernières années, devant subir plusieurs traitements de cortisone pour des douleurs aux genoux, au cou et, plus récemment, à l’épaule.

« J’étais rendue au point où je ne savais plus si mon corps pouvait subir tout ça. J’ai pris du temps pour analyser la situation et je me suis vite rendu compte qu’il y avait plusieurs points d’interrogation, alors ç’a joué dans ma décision », a-t-elle poursuivi.

La pandémie de la COVID-19 et le report des Jeux olympiques de Tokyo ont également porté un dur coup à Alogbo, qui venait tout juste de revenir à l’entraînement lorsque les activités sportives ont été interrompues.

« J’ai eu une entorse cervicale en janvier et à mon retour à l’eau, tout s’est arrêté. Ç’a été de loin mon plus long moment d’inactivité et je n’avais pas tous les outils pour poursuivre ma réhabilitation à la maison. J’ai essayé des choses chez moi, mais ça ne revient pas au même de nager dans une piscine gonflée ! »

Une démarche éclairée

Malgré tous ces facteurs défavorables, Krystina Alogbo a poursuivi ses efforts pour revenir au top de sa forme. Après un court séjour en Italie au mois de juillet, elle s’est donnée pour objectif de poursuivre sa réhabilitation pour voir si elle était toujours capable de suivre la cadence.

« Après mon voyage (en Italie), j’avais plusieurs options sur la table. Je voulais tout d’abord voir où j’en étais et ce que je pouvais encore donner. Ce n’est pas mon genre d’embarquer dans quelque chose si je ne peux respecter mon engagement, alors j’ai établi un plan et je l’ai respecté jusqu’au bout. »

Alogbo a ensuite rejoint ses coéquipières de la formation nationale pour retrouver la forme et prendre une décision finale quant à son avenir. Au terme de quelques semaines, elle a finalement opté pour l’Italie, au détriment de son rêve olympique.

« J’ai toujours voulu aller aux Olympiques, mais ce n’était plus possible. Poursuivre seulement ma carrière professionnelle était la meilleure option pour mon corps, ma santé et mon mental. C’est vraiment ce qui m’a amenée vers ce choix. »

L’ex-capitaine du Canada a eu une dernière chance de transmettre sa passion à ses coéquipières canadiennes lors d’un camp préparatoire tenu à Sherbrooke, à la fin août.

« Les entraîneurs voulaient que je vienne pour être avec les filles et passer le flambeau officiellement. Je ne voulais pas partir sur une mauvaise note et je voulais aider la prochaine génération du mieux que je le pouvais », a expliqué Alogbo qui, pour une très rare fois, s’est montrée plus émotive devant ses coéquipières.

« Je voulais profiter des derniers moments et montrer aux filles ce que c’est de se battre jusqu’à la fin. Je voulais finir cette étape de ma vie comme je l’ai commencée : avec la joie, la passion et la drive. J’étais prête à gérer ça. J’ai tout vécu avec cette équipe, alors c’était plus facile à absorber. »

Un nouveau départ

Confinée dans son appartement pour encore une dizaine de jours, Krystina Alogbo a bien hâte d’amorcer sa troisième campagne avec le CSS Verona, qui disputera ses premiers matchs les 26 et 27 septembre prochains, à l’occasion de la Coupe d’Italie.  

Ce début de saison rimera également avec le commencement de ses nouvelles fonctions d’entraîneure des formations U16 et U18 affiliées au CSS. Un défi qui la motive au plus haut point.

« J’ai hâte de commencer ! Le but est de continuer à développer mes habiletés avec des stages d’entraîneurs et de tranquillement monter les échelons », a fait savoir Alogbo, qui n’écarte pas la possibilité de s’impliquer avec Water Polo Canada.

« Je suis passionnée et je me vois vraiment dans le développement du water-polo. Nous sommes toujours en discussions pour voir comment nous pourrions arranger tout ça, mais j’aimerais contribuer en Italie et au Canada. Je veux aider à bâtir le futur », a-t-elle conclu.