Je me souviendrai toujours d’une conversation avec Rondell White en 1996, qui était allé faire un tour à Harrisburg afin de reprendre la forme et il avait été témoin des prouesses de Vladimir Guerrero au niveau AA.

À son retour à Montréal, dans son accent du sud bien à lui, Rondell m’avait partagé ce qu’il avait vu.

« Marc, tu n’as pas idée de ce que j’ai vu. Le gars à tous les talents. Sa puissance au bâton et la puissance de son bras sont complètement ridicules. Ce gars sera, non seulement très bon, mais il deviendra une grande vedette! »

L’un des athlètes les plus sympathiques qui ont porté l’uniforme des Expos, Rondell n’en finissait plus de vanter le grand Dominicain. À l’époque, on avait tous lu sur Vlad, on l’avait aperçu lors des entraînements du printemps, mais en 1996, son immense talent a éclos. Il a commencé l’année au niveau A à West Palm Beach pour ensuite malmener les lanceurs de la ligue Eastern à Harrisburg et terminer la saison avec le grand club.

Il avait rejoint l’équipe à l’étranger pour finalement se pointer à Montréal pour son premier match au Stade olympique le 27 septembre 1996. Lors des matchs à domicile, c’est souvent beaucoup plus facile d’analyser et d’apprécier le travail des joueurs surtout lors des exercices au bâton. Je me suis donc assuré d’avoir le nez collé sur la cage des frappeurs pour observer ce fameux Vladimir Guerrero.

Tout était spectaculaire! Sa présence, son sourire, son élan, la distance qu’il faisait voyager la balle, mais surtout, le son de la balle contre son bâton. Chaque balle frappée créait un bruit unique qui représentait une force extrême. L’instructeur Pierre Arsenault, qui lançait régulièrement les exercices au bâton, secouait la tête en signe d’épatement. Pierre me disait que parfois il ratait son lancer contre Vlad, mais peu importe, il frappait tout de même celle-ci avec tellement de force. Dès ce premier contact avec Vlad, j’étais déjà vendu à ce joueur qui ne voulait que s’amuser.

Vous connaissez la suite. Vlad a connu une carrière remarquable!

Durant les années difficiles des Expos, Vlad était toujours là pour nous donner le goût d’aller au Stade. À lui seul, il valait le prix d’entrée. Dommage que plusieurs avaient décroché à l’époque où Vlad faisait la pluie et le beau temps, car lui, il donnait un spectacle digne des ligues majeures. Certains experts disaient aussi que Vlad n’était pas assez discipliné au bâton et que s’il avait eu la patience de Barry Bonds, par exemple, il aurait été le meilleur frappeur du baseball. Je répondrai en disant que si Vlad avait été discipliné, ça n’aurait pas été Vladimir.

Quelque part, cette indiscipline était une force chez lui et pour donner du poids à cette analyse, l’excellent lanceur des Braves John Smoltz, qui sera intronisé au Temple de la renommée en juillet, disait pour retirer Vlad, on doit lancer en plein coeur du marbre sinon, il va frapper la balle avec aplomb. Le problème est qu’on nous enseigne de ne jamais lancer en plein coeur du marbre. Bref, Vlad intimidait les meilleurs lanceurs du baseball!

Le grand numéro 27 sera présenté à la foule avant le match du 3 avril entre les Jays et les Reds au Stade olympique. Je serai debout à l’applaudir pour le remercier de nous avoir offert un tel spectacle et de lui dire qu’il est parmi les plus grands athlètes à avoir porté un uniforme d’une équipe montréalaise, tous sports confondus!

Muchas gracias Vladimir!