SAN FRANCISCO - Le procès de Barry Bonds pour parjure a été retardé pour une période indéterminée vendredi après que les procureurs fédéraux eurent avisé la juge en poste qu'ils en appellaient de sa décision de ne pas tenir compte d'importants éléments d'enquête.

La sélection des membres du jury, qui devait s'amorcer lundi, "n'ira pas de l'avant jusqu'à nouvel ordre", selon un acte déposé vendredi par le service du greffe au nom de la juge Susan Illston.

Les procureurs ont manifesté leur désir d'aller en appel quelques heures après que Greg Anderson, l'entraîneur personnel de Bonds, eut annoncé qu'il ne témoignera pas au procès de l'ancienne vedette des Pirates de Pittsburgh et des Giants de San Francisco.

Le 19 février dernier, la juge Illston avait statué que les procureurs fédéraux ne pouvaient présenter à la cour trois présumés tests positifs de Bonds, de même que d'autres éléments de preuve, à moins que Anderson ne se présente à la barre et les identifie.

Ces plus récents développements dressent un nouvel obstacle dans les espoirs de Bonds de relancer sa carrière de joueur actif. Après avoir été formellement accusé en novembre 2007, le puissant frappeur gaucher n'a reçu aucune offre de contrat en vue de la saison 2008. Si son procès s'était conclu le mois prochain et qu'il avait bénéficié d'un verdict d'acquittement, Bonds aurait été en meilleure posture pour se joindre à une formation des ligues majeures tôt en 2009.

Bonds est accusé d'avoir menti à un grand jury, en 2003, lorsqu'il a affirmé ne pas savoir qu'il avait consommé des produits visant à améliorer les performances sportives.

Visiblement réticente et ennuyée, la juge Illston avait avisé les avocats, plus tôt vendredi, qu'elle n'aurait d'autre choix que d'attendre la décision de la 9e Cour d'appel des États-Unis dans l'éventualité d'une requête en appel.

La juge Illston a fait remarquer que 90 jurés potentiels devaient se présenter à la cour lundi, et que les employés de la cour et les préposés à la sécurité avaient été préparés pour affronter un imposant contingent de reporters et de badauds.

Dans un document écrit, les avocats de la défense ont affirmé que "l'arrêt des procédures, qui devaient commencer lundi matin, mènera à un considérable gaspillage de ressources judiciaires déjà consacrées au processus de sélection du jury. De plus, une telle décision empêchera M. Bonds de reléguer cette affaire et ces allégations derrière lui une fois pour toutes."

Selon des experts en droit, le gouvernement a très peu de chances d'avoir gain de cause en cour d'appel, puisque ces dernières, habituellement, accordent plus de latitude aux tribunaux de plus basse instance lorsque vient le temps de décider quels éléments de preuve seront admis.

"C'est une décision stupide", a lancé Peter Keane, professeur en droit à l'Université Golden Gate. "C'est un geste inutile et une incroyable bévue stratégique."

On ignore à quel moment la cour d'appel rendra sa décision. Il faudra d'abord établir un calendrier afin de permettre aux deux parties de présenter leurs arguments.

La requête en appel est le résultat direct du refus d'Anderson de témoigner.