En juin 1998, Roger Clemens connaissait une saison bien ordinaire avec les Blue Jays de Toronto.

Le Rocket, qui avait mérité la Triple Couronne et le trophée Cy Young dans la Ligue américaine en 1997 à sa première saison avec les Blue Jays, ne présentait qu'une fiche de 8-6 et une moyenne de points mérités de 3.77. C'est alors, selon le rapport Mitchell, qu'il a commencé à faire usage de Winstrol, un stéroide anabolisant.

Peu de temps après, Clemens, qui a eu 36 ans en août de cette année-là, a retrouvé sa forme. Il a terminé la saison avec un dossier de 12-0 à ses 17 derniers départs avec une moyenne de 1.77 pour clore la campagne avec un dossier global de 20-6 et une moyenne de 2.65 pour remporter à nouveau la Triple Couronne et le trophée Cy Young.

Et il a fait les choses en grand. Il a effectué 115 lancers ou plus dans 14 de ces 17 matches et sept fois, il a passé le cap des 130 tirs.

Le revirement a été tout à fait exceptionnel.

Le docteur Andrew Pipe, ancien directeur du centre canadien d'éthique dans les sports, n'a pas voulu commenter au sujet de Clemens, mais a dit que les stéroides pouvaient certes aider un lanceur.

"C'est une question de physique, a dit Pipe. Si vous avez la bonne technique et que vous pouvez mettre plus de poids et plus de puissance derrière le missile que vous lancez, il ira plus vite."

Selon le rapport, aux alentours du 8 ou du 10 juin 1998, Clemens a demandé à Brian McNamee, instructeur chargé du conditionnement physique des Jays, de lui parler de stéroides et de l'aider à s'en injecter.

Selon le rapport, McNamee aurait injecté du Winstrol au gaillard de six pieds, quatre pouces, 220 livres, quatre fois au cours d'une période de sept semaines à chaque fois à l'hôtel du SkyDome où Clemens habitait et avec des seryngues que Clemens fournissait.

L'avocat de Clemens dit que c'est totalement faux.

"C'est injuste de nommer Roger dans ce rapport, a dit Rusty Hardin. Il n'a pas les moyens de se défendre et il prétend très fortement que c'est faux.

"Il n'a pas été accusé de rien et il ne sera pas accusé, mais il est condamné sur la place publique. C'est injuste."

Jose Canseco, qui était lui aussi avec les Blue Jays à cette époque, a dit à Mitchell que lui et Clemens ont discuté souvent des bienfaits de différents stéroides et comment les utiliser pour obtenir les meilleurs résultats possibles.

Le 24 juin à Montréal, il a cédé 12 coups sûrs et cinq points mérités en sept manches dans un gain de 7-6 contre les Expos.

Jusque là, il n'avait obtenu 10 retraits sur des prises dans un match qu'une seule fois.

Mais à ses 17 derniers départs, il a obtenu 10 fois 10 retraits ou plus, dont 18 dans une victoire de 3-0 contre les Royals de Kansas City le 25 août.

Au cours de quatre départs du 20 août au 5 septembre, Clemens a lancé 35 manches sur une possibilité de 36. Il n'a cédé que 11 coups sûrs et deux points. Il a donné huit but sur balles et a retiré 42 frappeurs sur des prises.

Pipe, directeur médical de la délégation olympique canadienne aux Jeux de Barcelone en 1992, dit que l'usage de stéroides peut apporter des dividendes rapidement, peu importe l'âge.

"Dans ce contexte où un athlète commence à prendre des stéroides anabolisants, on peut déceler des changements au point de vue de la force, de la grosseur et des performances, a-t-il dit. En associant l'entraînement et l'usage de stéroides, on aura un apport de masse musculaire, ce qui se traduit par plus de puissance."

Pipe a dit qu'il n'était pas surpris du contenu du rapport Mitchell.

"Pour nous, c'est du déjà vu, a-t-il dit. Ce n'est rien de bien différent que ce que nous avons connu au Canada en 1989 et 1990 avec l'enquête Dubin. Mais Mitchell n'a étudié que ce qui se passe dans le baseball.

"On ne parle parle pas de ce qui se passe dans les autres sports professionnels en Amérique du Nord."

Les amateurs croient toujours que la plupart des joueurs utilisent ces substances pour hâter leur guérison après une blessure. Mais Pipe dit que ce n'est pas vraiment le cas.

"Je crois que c'est un mythe, a-t-il dit. Je ne crois pas qu'il y a beaucoup de médecins cionsciencieux qui prescriraient des anabolisants pour aider la guérison. Les stéroides anabolisants sont peu utilisés en médecine clinique."