PORT ST. LUCIE, Floride (PC) - Les dirigeants des Expos devraient toucher du bois. Jusqu'à présent au camp d'entraînement, aucun de leurs lanceurs n'a souffert de sérieux maux de bras.

Certes, leur programme d'entraînement a été suivi à la lettre, mais l'attitude du nouvel instructeur des lanceurs, Dick Pole, y est aussi pour quelque chose.

De tout temps, on a essayé de trouver des façons d'éviter les blessures aux lanceurs avec des succès bien mitigés, il faut le dire. A l'ère de l'électronique, les choses changent et voilà que les lanceurs des A's d'Oakland sont soumis à un nouveau programme qui met à contribution l'ordinateur.

Leurs élans sont analysés par des experts et on peut en cours de saison corriger les mauvaises habitudes qu'ils pourraient développer.

"Je suis en faveur de toutes les méthodes qui ont pour but d'éviter les blessures, croyez-moi, a dit Pole. Mais le fait d'avoir un élan parfait, une mécanique qui fonctionne selon toutes les normes établies ne garantit rien.

"Nous avons vu des lanceurs qui avaient des élans de toute beauté, mais qui se sont blessés quand même. Le nom de Steve Karsay me vient à l'esprit. Après quelques années seulement, il s'est déchiré des ligaments et a été obligé de subir l'opération Tommy John.

"Par ailleurs, un gars comme Goose Gossage, qui brisait toutes les règles, a lancé pendant une éternité."

Pole croit que la prévention des blessures passe plutôt par le cas par cas.

"D'abord, il n'y a pas deux gars qui sont bâtis de la même façon, a-t-il dit. On parle d'ossatures différentes, de musculatures différentes. Tous n'ont pas la même force physique.

"Et on ne peut pas mettre tous les gars dans le même moule. Il faut traiter chaque cas différemment."

Mais pour ce faire, il faut apprendre à connaître à fond tous et chacun. C'est ce que s'emploie à faire Pole depuis le début du camp.

"On ne peut pas regarder un gars lancer une fois et commencer à lui dire qu'il ne fait pas comme il faut, qu'il doit changer ceci ou cela, a-t-il expliqué. Non, il faut les épier, les regarder travailler et tenter d'apprendre le plus possible à leur sujet. Souvent, le meilleur remède est de ne rien donner au patient. Parfois aussi, le remède fait plus de tort que de bien. Il faut être prudent."

Pole croit aussi qu'il faut parfois laisser le malade souffrir un peu.

"La meilleure façon d'apprendre passe malheureusement par les erreurs qu'on commet, a-t-il dit. Ce n'est souvent qu'après avoir commis des erreurs qu'on comprend ce que nos enseignants voulaient nous dire.

"On a beau répéter à un jeune enfant de ne pas toucher, ce n'est qu'en se brûlant qu'il comprendra que c'était chaud. Les bons joueurs sont ceux qui ne répètent pas les mêmes erreurs six ou sept fois.

"Une partie importante de notre travail consiste à faire comprendre aux jeunes joueurs que nous avons commis ces erreurs dans le passé et que nous tentons de leur permettre de les éviter. Mais certains ne comprennent pas toujours."

De nos jours, bien des jeunes graduent des universités et touchent des bonis importants après avoir été réclamés au repêchage. On les voit gravir les échelons rapidement et évoluer dans les ligues majeures après peu de temps d'apprentissage. Pole croit que cela cause bien des maux... de bras surtout.

"Avant, on disait qu'il fallait qu'un jeune ait quelque 800 manches dans le bras dans les ligues mineures avant de graduer dans les ligues majeures. Mais là, il y a bien des gars qui n'ont lancé que pendant 200 manches dans les ligues mineures et qui se retrouvent dans les grandes ligues."