Les lumières scintillent dans les rues de la ville, les sapins brillent de tous leurs feux dans les chaumières. C'est le moment du recueillement. Le temps de l'année où la foi gonfle le coeur des Chrétiens, où les offrandes sont données avec amour, où le partage est primordial, où l'espoir est encore présent dans le coeur des fidèles. C'est le moment de l'année où on attend un Sauveur. Un petit signe, ne serait-ce qu'une petite phrase, un seul mot et plusieurs se sentiraient réconfortés.

Coiffée de sa casquette des Expos, Maryse, comme des milliers de partisans de l'équipe, vit d'espérance. Une petite lueur s'est pointée hier. Un mince filet de lumière au bout de ce long et sombre tunnel qu'est l'avenir des Expos. Stephen Bronfman, s'est dit ouvert à l'idée de s'impliquer encore une fois pour sauver Nos Amours. L'homme d'affaire montréalais ne veut toutefois pas du rôle du Sauveur. " J'ai 35 ans et beaucoup d'autres projets sur la table. Si j'avais 20 ans de plus et pas grand chose à perdre, je m'impliquerais sans doute davantage comme l'a fait mon père, mais ce n'est pas le cas. Ça ne m'intéresse pas vraiment d'être à l'avant-plan. J'ai bien tenté de pousser et de revigorer le dossier des Expos, mais la situation économique étant ce qu'elle est, il faut réaliser que c'est très difficile pour les entreprises de Montréal de vraiment s'impliquer là-dedans ", précise monsieur Bronfman. Et vlan pour l'espoir! Un véritable coup d'assommoir. Je m'accroche à mon micro avec l'envie folle de lui donner un petit coup sur la tête mais je me retiens. Je suis quand même civilisée et après tout, c'est un fervent amateur de baseball.

Bon, d'accord, pas un sauveur, mais un disciple peut-être monsieur Bronfman? "Certainement. Je répète que j'ai quand même bien essayé mais les résultats ont été très décevants. Toutefois, si l'occasion se présente à nouveau, si d'autres gens d'affaires sont intéressés par cette aventure, je suis prêt à leur donner un coup de main," déclare-t-il. Ouf!, C'est mieux.

Il faut toutefois comprendre sa réticence dans le dossier des Expos. Stephen Bronfman et ses partenaires ont été échaudés dans l'aventure. Il garde un goût très amer de son association avec le duo Loria-Samson. " Disons que leur victoire à la série mondiale ne m'a pas vraiment réjoui. J'étais heureux pour les employés des Expos qui ont suivi ces deux hommes chez les Marlins, mais je n'étais pas aussi content pour les propriétaires. Nous nous demandions en blaguant, si nous allions obtenir, nous aussi, une bague de la Série Mondiale," rigole Bronfman. Rappelons que la poursuite impliquant les anciens actionnaires québécois, dont fait partie Stephen Bronfman, à l'endroit de Grand Gallop et Petit Trot a été reportée au mois de mai 2004.

Les propriétaires minoritaires prétendent que Loria et Samson ont conspiré avec les dirigeants du baseball pour diminuer leur participation dans l'équipe de 76 à 7 % et qu'ils n'ont jamais eu l'intention de garder l'équipe à Montréal. Les actionnaires minoritaires, aujourd'hui les partenaires forcés de Loria avec les Marlins de la Floride, reprochent à Selig, Loria et leurs personnels d'avoir manoeuvré de façon à "compromettre la viabilité économique du baseball à Montréal".

Mais où est LE Sauveur tant attendu? Les rumeurs pointent vers Marcel Aubut. La firme Heenan Blaikie Aubut fait régulièrement affaire avec le baseball majeur pour des contrats de toutes sortes. Or, Marcel Aubut parlerait régulièrement avec Bud Selig. Il tenterait de faire l'acquisition de l'équipe à rabais, si possible. On parle ici de 100 millions de dollars américains. Aubut ne s'est d'ailleurs pas gêné lors du dernier match de la saison au stade olympique, pour déclarer aux journalistes qu'il était possible de garder l'équipe à Montréal et que le tout soit même rentable pour de nouveaux propriétaires. Dans le fond, Bud Selig aurait tout intérêt à ce que l'équipe demeure à Montréal. Si les gens de Portland par exemple, veulent acheter les Expos, ils auraient à débourser environ 150 millions de dollars au baseball majeur. Si une toute nouvelle concession leur était donnée lors d'une expansion du circuit, ils devraient verser 250 millions de dollars. Petit calcul rapide, c'est 100 millions de plus sur lesquels le baseball majeur ne cracherait certes pas.

Permettons-nous de rêver un peu. Supposons que les actionnaires québécois gagnent leur cause et vont chercher 100 millions de dollars en dédommagement dans l'aventure. Ils pourraient investir ce montant dans la construction d'un nouveau stade au centre-ville, si essentiel, semble-t-il, à la survie de l'équipe à Montréal. Jeffrey Kessler, l'avocat des actionnaires minoritaires québécois clame d'ailleurs haut et fort que le but premier de ses clients est de garder l'équipe à Montréal. Unanimement.

Sommes-nous prêts pour un miracle? Il serait temps. Les partisans des Expos ont assez attendu. Ils en ont ras-le-bol de la menace constante de déménagement. Faut croire qu'il ne reste maintenant qu'à prier et espérer que Maître Aubut soit vraiment sérieux dans ses projets. Allez monsieur Aubut, faites-vous le porte-parole de la bonne nouvelle! Vous feriez bien des heureux en ce temps de réjouissances.