CINCINNATI (AP) - Le stade qui a abrité la Grosse Machine Rouge et qui fut le site du 714e circuit de Hank Aaron est devenu, en moins d'une minute dimanche, un imposant amas de ruines.

A la simple pression d'un bouton, 1275 livres de dynamite et de nitroglycérine ont provoqué une série d'implosions, alternant à l'inverse des aiguilles d'une horloge, et menant à la chute du stade vieux de 32 ans, sur l'ancienne surface de jeu.

Tout ça en seulement 37 secondes.

La démolition du stade, inauguré en 1970 à un coût de 44 millions$ US, a fait disparaître l'un des éléments les plus prestigieux du paysage de Cincinnati, le long de la rivière Ohio.

D'ailleurs, des milliers de curieux se sont alignés d'un côté et l'autre de la rivière pour assister à la scène.

Des bars et des restaurants avaient invité des spectateurs à des déjeuners festifs.

Des chambres d'hôtels avec vue sur la démolition avaient été réservées. D'autres badauds avaient choisi la rivière et des bateaux comme lieu de visionnement de l'événement.

Des témoins du spectacle n'ont pu s'empêcher d'applaudir pendant que certains conducteurs faisaient résonner leur klaxon dans les rues de la ville.

L'affaissement du Cinergy a également fait l'objet d'une diffusion en direct sur les chaînes de télé de la région de Cincinnati.

Trois coins de rues plus loin, au stade Paul-Brown, le domicile des Bengals, des milliers de spectateurs ont manifesté leur joie et applaudi l'effritement du Cinergy.

Toute cette frénésie s'est produite sous un nuage de fumée et de poussière qui s'était dissipé du centre-ville en moins d'une demi-heure.

"C'était incroyable!", s'est exclamé Maureen Wille, une adolescente de 17 ans.

Elle et son frère avaient roulé toute la nuit de leur résidence de Pontiac, dans l'Illinois, pour immortaliser sur vidéocassette la chute du stade.

L'implosion du stade d'abord baptisé Riverfront n'a causé aucun dommage au "Great American Ball Park", un stade qui a engendré des déboursés de 280 millions$ et qui a été érigé tout juste à côté.

Les travailleurs avaient laissé des monticules de sable et une partie de la clôture du champ extérieur afin de protéger le futur domicile des Reds.

Une inspection a permis de constater que la chute du Cinergy n'avait provoqué aucun bris de fenêtre du nouveau stade, n'y laissant qu'une quantité minimale de poussière.

"Ca n'aurait pas pu mieux se passer", a résumé Jeff Sizemore, porte-parole de la compagnie chargée de mener à terme l'opération de démolition.

Dans leur futur domicile, les Reds disputeront une partie hors-concours face aux Indians de Cleveland le 28 mars. Leur match d'ouverture aura lieu le 31 mars face aux Pirates de Pittsburgh.


Coups de canon de Aaron

Lors du premier match de baseball au stade Riverfront, en 1970, Hank Aaron a claqué l'un de ses 755 circuits en carrière.

A l'automne de la même année, le stade a accueilli la Série mondiale, que les Reds ont perdue aux mains des Orioles de Baltimore.

Lors du match d'ouverture de 1974, Aaron a de nouveau fait tonner son bâton, égalant le record de tous les temps de 714 circuits qui appartenait au légendaire Babe Ruth.

Menés par Pete Rose, Tony Perez, Joe Morgan et Johnny Bench, les Reds y ont gagné trois fois la Série mondiale, incluant des titres consécutifs en 1975 et en 1976.

C'est dans ce stade, en 1985, que Rose a surpassé Ty Cobb au chapitre des coups sûrs en carrière.

A l'hiver, le stade devenait le domicile des Bengals, qui se sont qualifiés à deux Super Bowl pendant leur séjour dans les confins du Riverfront, jusqu'à la fin de la saison 1999.

Le 10 janvier 1982, sous une température avoisinant les moins 50 degrés Celsius, les Bengals ont atteint leur premier Super Bowl grâce à une victoire de 27-7 face aux Chargers de San Diego en finale de l'Association américaine.