COLORADO SPRINGS, Colorado - Même si les autorités du baseball majeur et l'association des joueurs acceptaient d'entériner toutes les recommandations du rapport Mitchell, enrayer l'utilisation de produits dopants se voudra un travail de longue haleine et les solutions ne s'imposeront pas facilement.

Les experts dans la lutte au dopage stipulent qu'il s'agit d'un problème en trois temps: trouver un test efficace pour déceler les hormones de croissance humaines (HCH), rester à l'avant-garde de ceux qui créent les nouvelles drogues améliorant les performances et, le plus important, changer la culture du dopage dans le baseball.

Don Catlin, une des sommités de la lutte antidopage, a déclaré que ses recherches pour créer un test d'urine efficace pour détecter les HCH avançaient grâce aux 500 000 $ que lui a donnés le baseball majeur.

Les HCH ont été identifiées comme étant l'un des plus grands problèmes dans le rapport Mitchell, en grande partie parce qu'elles sont presque indétectables. Elles le sont seulement par des prises de sang présentement, et ce test n'est pas suffisamment sophistiqué pour piéger les tricheurs qui sont le moindrement subtils.

"Imaginons un instant que l'on puisse les piéger demain, dit Catlin. Dans deux jours, il y aura un nouveau truc."

Certains experts ont été très encouragés par les recommandations du rapport qui suggéraient au baseball majeur de trouver des moyens d'enquêter et de punir les utilisateurs de produits dopants qui ne sont pas piégés par des tests, mais dont certaines preuves, comme des reçus de livraison, les lient au dopage.

L'agence américaine antidopage (USADA) met de plus en plus d'efforts à dénicher ces cas "non-analysés". L'étoile de l'athlètisme Marion Jones s'est fait retirer ses cinq médailles olympiques récoltées à Sydney, en 2000, malgré qu'elle n'ait jamais échoué un test antidopage.

"L'une des meilleures recommandations du rapport est qu'il y ait un volet enquête, dit Richard McLaren, un avocat qui a assisté Mitchell pour la rédaction du rapport. Il doit y avoir une plus grande collaboration avec les corps policiers."

Mais pour ce faire, le baseball devra se montrer plus enclin à avoir recours à des enquêteurs et aux informations provenant de sources internes, ce que, jusqu'à maintenant, il n'a pas fait pour distribuer les sentences.

En attendant, la majeure partie des recommandations du rapport Mitchell ressemble à une invitation claire d'embaucher une agence comme l'USADA, qui parle de son indépendance, sa transparence, ses procédures rigoureuses et son volet éducatif comme étant les pierres d'assise de son mode de fonctionnement.

"Ce serait aux autorités du baseball de répondre à cela", a déclaré Travis Tygart, le pdg de l'USADA, quand nous lui avons demandé si le baseball allait demander l'aide de son organisme. "Notre position est toujours la même: nous aiderons tout organisme qui désire instaurer un programme de détection efficace dans la mesure de nos moyens."

Catlin et Dick Pound, le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), ont avoué qu'ils seraient très surpris que le baseball se tourne vers l'USADA ou toute autre organisation semblable. D'autres experts croient que le baseball, en particulier l'association des joueurs, sera réticent à confier son programme de lutte au dopage à un tiers.

"Je pense que c'est effroyable la façon dont ils ont traité ce dossier et je ne crois pas que les choses changeront", a martelé Pound, critique de longue date du baseball majeur, qui pointe surtout du doigt le syndicat des joueurs.

Bien sûr, même si le baseball contactait une agence indépendante et prenait d'autres mesures pour améliorer sa capacité à piéger les tricheurs, plusieurs s'entendent pour dire qu'il n'y aura pas de changement profond tant que la culture du dopage ne sera pas disparue.

Catlin croit que tant que les athlètes chercheront à se donner un avantage, sans égard aux conséquences morales, des gens inventeront des produits pour le leur procurer.

"Vous n'entendez pas parler des derniers développements, parce que les utilisateurs ne nous en parlerons pas. Pourquoi le feraient-ils?", demande Catlin.

Darryl Siebel, porte-parole du comité olympique américain, dit qu'on ne peut prédire combien de temps cela peut prendre pour changer cette mentalité.

"Mais est-ce que c'est possible? Absolument, ajoute-t-il. Mais il faudra que les athlètes, les instructeurs, les soigneurs, les agents, les administrateurs et les amateurs mettent l'épaule à la roue. Tous ceux qui prennent part au sport, peu importe dans quelle mesure, doivent jouer un rôle."