MONTRÉAL – Le nom de Charles Leblanc vous sonne une cloche, mais peut-être que vous ne vous souvenez pas pourquoi.

Remontons un peu dans le temps.

Au repêchage du baseball majeur de 2013, alors âgé de 17 ans, l’arrêt-court originaire de Laval est sélectionné en 33e ronde par les Brewers de Milwaukee à la grande surprise du principal intéressé et du monde du baseball québécois.

Un dépisteur de l’équipe du Wisconsin se déplace au Québec pour le voir jouer un match et lui fait une offre de contrat sur le champ. Leblanc et ses parents prennent la décision de refuser l’entente, choix judicieux qui l’a mené où il est aujourd’hui.

Trois ans plus tard, Leblanc a complété sa deuxième saison avec les Panthers de l’Université de Pittsburgh qui évoluent en division 1 de la NCAA. L’athlète de 20 ans a connu une saison exceptionnelle étant le champion frappeur de la compétitive Atlantic Coast Conference avec une moyenne au bâton de ,405.

La première ronde du repêchage du baseball majeur se met en branle jeudi soir. Les tours 2 à 10 se dérouleront vendredi et plusieurs observateurs voient Leblanc sortir à ce moment.

« Ça s’enligne bien. Le Québec va sûrement avoir une belle surprise avec le repêchage », a dévoilé Leblanc qui ne pouvait pas trop s’étaler sur ses discussions avec les dépisteurs.

Charles LeblancLeblanc est depuis plusieurs années un des plus beaux espoirs du baseball québécois. Cette saison, il a vraiment attiré l’attention des dépisteurs avec ses prouesses offensives. On pourrait penser que ce sont ses capacités physiques qui l’ont aidé à devenir un frappeur redoutable puisqu’il mesure six pieds quatre pouces et pèse 200 livres. Mais c’est plutôt son approche mentale qui lui a permis d’obtenir la 13emeilleure moyenne au bâton sur la scène nationale.

« Le mental, c’est d’arriver dans le rectangle des  frappeurs et de savoir ce que tu veux faire pour ta présence au bâton. Il faut que tu aies un plan. Ce n’est pas seulement de vouloir frapper un coup sûr », a expliqué Leblanc lors d’un entretien téléphonique avec le RDS.ca, mercredi soir, alors qu’il venait d’arriver dans l’État du Massachusetts où il disputera sa saison d’été.

Cela étant dit, Leblanc n’a pas lésiné sa préparation physique.

« La préparation physique et mentale a vraiment fait la différence cette année. L’an passé, je pensais qu’être fort allait m’aider. L’hiver dernier, je pesais 225 livres et en ce moment je suis à 200. Perdre du poids a aidé mon jeu et aussi mon endurance. Je n’ai pas eu de blessure ou de mal de dos, ce que j’ai eu l’an passé », a-t-il indiqué, lui qui aime bien calquer son approche au bâton sur celle du célèbre arrêt-court Derek Jeter.

Le frappeur droitier s’est accoutumé à frapper des balles à effet durant les deux dernières années, si bien qu’il est maintenant un frappeur beaucoup plus complet.

« La différence c’est que je me suis habitué à voir plus de balles à effet. L’an dernier, c’était la première fois que je voyais autant de bons lancers à effet », a-t-il noté en spécifiant qu’il a aussi peaufiné son jeu défensif à l’arrêt-court.

« Je sais qu’il bouge l’avant-champ étant donné que je suis droitier. Pourquoi m’obstiner avec un tir que je sais que je peux frapper au champ opposé et que j’ai plus de chance d’avoir un coup sûr de cette manière? C’est là que l’approche entre en ligne de compte et que le plan embarque. Avec un plan, tu sais ce que tu veux faire et comment la défensive est placée », a mentionné celui qui a maintenu une moyenne de présence sur les buts de,494 en 2015-2016.

Une décision d’affaires

Charles Leblanc est en attente de son sort au repêchage. Plus tôt il sera sélectionné, plus lucratif sera le contrat qui lui sera présenté par l’équipe qui l’aura repêché.

Néanmoins, le joueur d’avant-champ possède un pouvoir de négociations que peu de ses camarades détiennent. Généralement, les joueurs évoluant dans la NCAA sont admissibles à l’encan amateur des ligues majeures après leur troisième saison.

Étant donné qu’il a terminé ses études à l’école secondaire à 17 ans au Québec, Leblanc a pu remettre son nom dans le grand bassin des espoirs un an plus tôt, ce qui lui laisse encore deux années potentielles avec l’Université de Pittsburgh.

Si l’offre qu’on lui présente au terme du repêchage ne lui convient pas, Leblanc peut tout simplement la décliner, jouer son baseball d’été et retourner dans les rangs universitaires pour une troisième saison. Il pourrait même gagner de la valeur et obtenir un contrat plus intéressant en 2017.

« Mon plan, c’était d’aller à l’école pendant trois ans et cette année ç’a été une surprise de savoir que je pouvais être repêché. Mon plan ne change pas. Dans ma tête, j’ai trois ans d’université à faire. Si cette année l’offre est intéressante, je vais la prendre. Sinon, je ferai ma troisième année d’université comme je l’avais prévu »,  a-t-il planifié lui qui s’alignera avec les Anglers de Chatham dans la Ligue de baseball Cape Cod cet été, s’il ne se joint pas à une filiale d’une équipe du baseball majeur.

« Ça va tout revenir à l’argent. J’ai mes options. Je peux jouer mon année d’été ici et me faire voir. Je peux retourner l’an prochain au repêchage et avoir plus d’argent. C’est bien beau dire que je vais signer cette année, mais si l’argent n’est pas là, je perds une année d’école et une expérience de jouer ici cet été », a fait valoir le jeune homme qui ne veut pas compromettre son avenir.

« Il faut le mériter »

Si l’argent et son futur sont au centre de ses préoccupations pour le repêchage, il ne faut pas croire que Charles Leblanc prend tout pour acquis. Loin de là même.

Malgré une très respectable moyenne au bâton de ,291 à sa saison recrue avec les Panthers, Leblanc a entamé sa deuxième campagne universitaire comme si la première n’avait jamais eu lieu.

« J’avais l’impression que j’avais d’autre chose à prouver. Je suis arrivé comme si je devais faire ma place sur l’équipe encore. J’arrivais aux entraînements et je ne tournais pas les coins ronds. Je montrais aux entraîneurs que la saison précédente n’était pas de la chance et que j’étais là pour rester », a raconté celui qui a commencé à jouer un rôle de leader lorsqu’il a senti que son jeu sur le terrain était solide.

Charles Leblanc a représenté le Québec aux Jeux du Canada en 2013.« Le succès, il faut le mériter et pour se faire il faut le gagner. J’aime penser comme ça. Si tu veux connaître du succès sur une longue période de temps, il faut que tu le mérites. Il n’est pas acquis », a-t-il ajouté, prouvant encore une fois qu’il a une force mentale hors du commun.

Avec la saison qu’il vient de connaître, Leblanc a démontré qu’il a les atouts pour se rendre au prochain niveau. Bien qu’il ait dominé sur la scène de la NCAA, il est bien conscient qu’il lui reste encore beaucoup d’autres preuves à faire.

« Quand tu arrives à ce niveau, tu joues contre des joueurs qui sont aussi bons ou sinon meilleurs que toi. Tout le monde est talentueux et ce sont les plus forts mentalement qui vont percer. Mon plan serait au moins d’essayer d’arriver dans le A fort ou le AA en dedans de deux ou trois ans. Et rendu là, ce sera la décision des équipes de voir ce qu’elles veulent faire avec moi », a-t-il hypothétiquement exposé avant de savoir quelle sera sa destinée après le présent repêchage.

Leblanc suivra la première ronde du repêchage puisqu’un de ses coéquipiers pourrait être sélectionné ce soir. Les rondes 2 à 11 s’entameront à 13 h vendredi et il attendra impatiemment de voir si son nom sortira lors de la deuxième journée.

Déjà professionnel dans l’âme, Leblanc précise qu’il a un match en soirée et que le repêchage, qu’il soit sélectionné ou non, sera mis de côté dans sa tête pour laisser toute la place à ce qu’il fait de mieux, soit de jouer au baseball.