Durant quelques heures dimanche matin, plus de 600 privilégiés ont vécu un émouvant retour dans le temps en revivant les plus beaux souvenirs de l'édition 1994 des Expos grâce à la visite de Pedro Martinez, Marquis Grissom, John Wetteland, Rondell White, Cliff Floyd, Mel Rojas, Denis Boucher et leur gérant Felipe Alou.

Une grande partie du noyau de la meilleure formation du baseball majeur en 1994 était réunie pour un événement caritatif du Centre Cummings venant en aide aux aînés qui rendait hommage à Mark Routtenberg, l'un des anciens propriétaires des Expos.

Afin de se replonger dans cette époque glorieuse du baseball à Montréal, l'unique analyste des Expos Rodger Brulotte était au rendez-vous pour les présenter à sa façon à l'auditoire.

«Rondell (e)!, Rondell (e)! White!», s'est notamment exclamé Brulotte (en prononçant Rondell à la francophone) au grand plaisir des invités pour l'arrivée de l'ancien voltigeur des Expos.

Sans surprise, ce sont toutefois Martinez et Alou qui ont reçu les plus chaleureuses ovations debout lors de leur entrée et ils ont été très généreux dans leur discours.

«En tant que gérant, et mon ami Jacques Demers pourrait le confirmer, ça n'arrive qu'une seule fois dans ta vie que tu peux diriger une équipe dont tous les joueurs t'écoutent et possèdent le talent pour gagner», s'est souvenu Alou.

«Cet événement me rappelle tellement de bons souvenirs et surtout à quel point nous avions une bonne équipe en 1994. J'étais si confiant, même qu'on disait que j'étais baveux, parce qu'on pouvait battre n'importe qui!», s'est rappelé Pedro avec son sourire caractéristique.



Récipiendaire de trois trophées Cy Young en 1997, 1999 et 2000, Martinez n'a pas encore annoncé sa retraite et il garde même une porte entrouverte.

«Je continue à m'entraîner au cas où je changerais d'idée ou qu'un revirement inattendu se produirait. Mais pour être honnête, je ne pense pas que je vais jouer de nouveau», a confié celui qui a joué pour la dernière fois en 2009 dans l'uniforme des Phillies.

Une vidéo touchante et l'effet d'une machine à voyager dans le temps

Cette fin de semaine de retrouvailles était l'occasion rêvée pour ce talentueux groupe de se remémorer de nombreux souvenirs et les organisateurs ont trouvé la façon parfaite d'y arriver en diffusant deux vidéos des Expos préparées par Annakin Slayd.

Ces émouvants montages ont eu l'effet similaire de la voiture DeLorean atteignant la vitesse critique de 88 miles à l'heure dans le film Retour vers le futur (Back to the Future).

Instantanément, l'auditoire a effectué un retour dans le temps et ces vidéos n'ont pas seulement ému les 600 invités, mais les anciens Expos également.

«C'était difficile de retenir mes larmes en regardant les vidéos», a avoué Wetteland. «Nous avions une organisation modèle à Montréal dont au niveau du recrutement, du développement et de la gestion. Il aurait seulement fallu que les dirigeants du baseball majeur regardent ce qui se passait ici.»

«Nous étions jeunes Rondell et moi et ce sont les vieux qui nous ont appris le jeu», a remercié Floyd.

«Je veux donner beaucoup de crédit à Felipe pour m'avoir formé comme joueur et aussi comme homme. Il était toujours là pour me motiver quand il le fallait ou quand les choses ne fonctionnaient pas», a souligné Grissom, le plus que fiable voltigeur de centre.

«Felipe était l'âme de l'équipe», a confirmé Martinez qui riait de bon cœur en regardant une scène de la vidéo durant laquelle il atteint un frappeur et que ce dernier se rue sur lui sans trop de succès pour faire éclater une mêlée.



Tous les joueurs tenaient aussi à vanter Alou pour l'une de ses plus grandes qualités.

«Felipe avait comme un sixième sens du jeu, personne ne pouvait aussi bien sentir le jeu que lui», a résumé avec précision Wetteland, le spécialiste des fins de match.

Fidèle à son image, le vénérable gérant a refusé de prendre tout le crédit et il a rendu un bel hommage à ses anciens protégés.

«Vous formiez la meilleure équipe que j'ai dirigée; il n'y a aucun doute. Il n'y avait rien d'autre que la grève qui pouvait nous battre», a déclaré celui qui recevra une bague de la Série mondiale le 9 avril grâce à son poste d'assistant au directeur général des Giants de San Francisco.

Si les Nordiques reviennent, pourquoi pas les Expos…

Touchés par l'émotion de la journée, plusieurs intervenants ne rêvaient qu'à une seule chose : le retour des Expos à Montréal. Claude Brochu, qui assistait aussi à ce déjeuner caritatif, a rappelé que la parité avec le dollar américain et l'importante taxe de luxe maintenant versée aux équipes pauvres du baseball auraient aidé à empêcher le déménagement des Expos.

Très conscients des énormes obstacles à franchir pour réaliser ce vœu, les joueurs ont tout de même dévoilé quelques souhaits.

«Si une équipe revient à Montréal, je veux en faire partie», a exprimé Floyd qui apprivoise occasionnellement le rôle d'analyste à la radio FOX pour des matchs en Floride.

«Je souhaite aussi jouer un rôle si Montréal retrouve une formation», a ajouté Grissom qui a fondé son association de baseball à Atlanta pour aider les jeunes à grandir dans ce sport et dans la vie.

Floyd et Grissom n'auraient sans doute aucune difficulté à impliquer leur ami Rondell White dans un tel projet.

«J'aime Montréal et je blague souvent avec ma femme que je suis à 50% Canadien», a confié White qui a toujours été reconnu pour son implication sociale dont avec les enfants malades.

«J'espère qu'une équipe reviendra à Montréal et que je pourrai assister à cela avant de mourir», a évoqué Alou avec conviction.

Honorés par le Canadien lors de la partie face aux Capitals de Washington samedi soir au Centre Bell, les anciens des Expos ont ainsi pu comprendre qu'ils n'avaient pas perdu leur place dans le cœur des partisans montréalais.

Ovationnés par la foule, ils ont adoré leur expérience même si le Canadien s'est avoué vaincu.

«Je ne suis pas beaucoup ce sport et c'était la première fois que je voyais un match en personne. J'ai apprécié mon expérience», a admis Rojas qui a vu son fils (Mel Rojas jr.) être repêché par les Pirates de Pittsburgh en 2010.

«C'est toujours plaisant de voir des matchs du Canadien. J'avais une fiche de 3-0 donc c'était la première fois que j'assistais à une défaite», a conclu Martinez, fidèle à lui-même, sur une touche d'humour.