Été 2018, Louis-Philippe Pelletier dispute sa dernière saison dans la Ligue de baseball junior élite du Québec, avec les Orioles de Montréal. Il est tellement dominant qu’il établit une nouvelle marque avec une moyenne au bâton de ,515. Un nouveau record dans une ligue qui fêtait sa 72e saison.

 

L’année suivante, Pelletier, repêché par les Padres en 2014, puis les Astros en 2016, accroche son gant. L’été 2019 sera le premier où il ne joue pas au baseball.

 

Après s’être trempé les pieds dans une saison écourtée au niveau sénior élite en 2020, Pelletier plonge à nouveau dans le baseball professionnel, cette fois dans la Ligue Frontier avec l’Équipe Québec.

 

Cette formation a dû jouer tous ses matchs aux États-Unis depuis le mois de mai en raison de la fermeture des frontières.

 

Donc, Louis-Philippe, comment un gars qui a accroché ses crampons en 2019 décide de retourner au baseball même s’il doit partir aux États-Unis, sans voir sa copine, sa famille et ses proches pendant plusieurs mois?

 

« C’est l’amour de baseball. Je me suis aperçu que j’aimais vraiment ça et que ça m’avait manqué. J’ai retrouvé le plaisir de jouer l’an dernier et maintenant, la seule chose qui est importante pour moi est de jouer le plus longtemps possible », affirme le voltigeur.

 

Rien perdu

 

Frapper une balle rapide à 90 miles à l’heure doit être comme faire du vélo. Il faut croire que ça ne se perd pas.

 

Pelletier a déjà évolué dans le baseball professionnel. En 2016, il a disputé 24 matchs au niveau A recrue dans l’organisation des Astros. Insatisfait de la tournure des événements, il a quitté lui-même l’organisation texane.

 

Il s’est donc écoulé 4 ans depuis le dernier passage de Pelletier chez les professionnels. Rouillé, le jeune homme de 25 ans?

 

Voyons voir. Au moment d’écrire ces lignes, Pelletier présente une moyenne au bâton de ,331, la plus élevée de son équipe à égalité avec David Claude.

 

Il se classe au 10e rang de la Ligue Frontier, un circuit à 14 équipes, pour le nombre de coups sûrs. Il n’a rien perdu sa vitesse, avec 19 buts volés, ce qui le classe au 3e rang de circuit professionnel.

 

« Je savais que ma moyenne au bâton allait être correcte, mais c’est certain que je ne m’attendais jamais à voler autant de buts. Depuis que je suis parvenu à prendre mon rythme, je frappe avec régularité et ça se passe bien », analyse-t-il.

 

Pelletier n’a pas affiché cette confiance tout au long de son aventure avec Équipe Québec. « Au début du camp d’entraînement, pour la première fois de ma vie j’ai eu peur de me faire couper. Je me suis dit, réveille-toi parce que tu ne feras pas l’équipe. Je ne sais pas ce qui se passait. J’avais de la difficulté à bien voir la balle. Mon timing n’était pas là, puis après deux ou trois matchs, je me suis parlé. Je me suis dit que j’avais assez de talent pour être avec ce groupe et je me suis fait confiance. »

 

Le gérant de la formation, Patrick Scalabrini, utilisait Pelletier au bas de la formation, pour débuter la saison. Le Québécois a toutefois forcé son entraîneur à modifier son rôle des frappeurs. Pelletier est maintenant bien établi à titre de premier frappeur de l’équipe.

 

Impressionnant

 

Mine de rien, Scalabrini a côtoyé à titre de joueur ou de gérant une bonne partie des meilleurs joueurs québécois depuis près de 20 ans. Il n’est pas du type qu’on impressionne rapidement, mais il avoue que ce que Pelletier réussit depuis le début de la saison est digne de mention.

 

« C’est un joueur qui a été dominant au niveau junior, un joueur talentueux, mais qui n’avait pas beaucoup joué dans les dernières années. Il a même battu mon record pour la moyenne au bâton dans le junior élite. On s’est beaucoup agacé avec ça. »

 

Le gérant habituel des Capitales convient toutefois que la pente était abrupte pour son protégé : « Il avait du chemin à faire non seulement pour être un membre de l’équipe, mais pour demeurer dans la formation après le camp d’entraînement, tout court. Ça n’a pas levé tout de suite, mais tu voyais qu’il apportait des aspects uniques à l’équipe, observe Scalabrini. C’est un coureur hyper rapide, mais ce n’était pas nécessairement un bon voleur de buts. Il a accepté de travailler là-dessus et tu vois l’évolution. »

 

Pelletier a pris confiance à force de jouer chaque jour et il est maintenant indispensable aux succès de son groupe. « Je suis très impressionné par sa courbe de progression. Depuis plus d’un mois, c’est une machine offensive. Il a un petit peu de puissance. Il frappe des doubles, il peut aller chercher des buts sur balles et une fois sur les buts, il y a de bonnes chances qu’il vole le 2e et le 3e but », ajoute Scalabrini.

 

Au Québec

 

Une confirmation officielle du gouvernement canadien est encore attendue, mais tous les indicateurs pointent vers un retour de l’Équipe Québec dans ses terres à compter du 30 juillet.

 

Les athlètes professionnels hors Canada n’ont plus à se soumettre à une quarantaine, ce qui empêchait les joueurs de la Ligue Frontier de jouer au Québec.

 

Michel Laplante, évidemment impliqué avec la formation, avait pourtant annoncé à ses joueurs qu’un retour au Québec cet été serait surprenant.

 

« Depuis le début on a la mentalité de ne pas se plaindre, parce qu’on fait ce qu’on aime, mais le moral a beaucoup descendu après cette annonce de Michel. Ça commençait à peser lourd. Après notre hangover, les choses se sont replacées, mais quand on a appris qu’on allait revenir jouer au Québec, nous étions tellement contents. C’est un gros poids qui est disparu. 

 

« Ça ne paraît pas, mais à chaque match, nous sommes l’équipe qui visite. Chaque fois qu’on fait un beau jeu, il n’y a pas un son. L’équipe adverse est toujours celle qui se fait encourager. On fait des moitiés de brassées de lavage en se cherchant une buanderie près de notre hôtel trois étoiles. »

 

Sacalabrini a vanté les villes de Québec et Trois-Rivières à ceux joueurs qui n’y ont jamais mis les pieds. Bientôt, il pourra leur montrer qu’il avait raison.