L'arrivée d'Éric Gagné chez les Capitales de Québec représente un très bon coup pour les deux parties concernées.

Évidemment, les Capitales vont chercher tout un vendeur. Le nom de Gagné va faire parler de l'équipe non seulement à Québec, mais partout dans la province. Maintenant, il y a bien des gens, moi le premier, qui se rendront à Québec pour voir Éric à l'oeuvre.

Parce qu'on peut bien nous raconter toutes sortes d'histoires, c'est le premier vrai gros nom que les Capitales réussissent à attirer ici. Et même si l'équipe n'a pas nécessairement de problèmes aux guichets depuis quelques années, vous pouvez être assurés que le Stade municipal sera bondé pour chacune des sorties de l'ancien récipiendaire du trophée Cy Young.

Gagné, lui, n'avait besoin que d'une tribune pour montrer qu'il peut toujours lancer. Pour lui, ce qui compte à partir d'aujourd'hui, ce n'est pas nécessairement de retirer des frappeurs. C'est surtout de montrer qu'il peut encore lancer avec autant de vélocité, qu'il a conservé la parfaite maîtrise de ses lancers et qu'il peut demeurer en santé.

Pourquoi la Ligue Can-Am plutôt qu'un circuit mineur aux États-Unis? Simplement parce que s'il s'était joint à un club-école d'une équipe quelconque, que ce soit dans le niveau A ou AA, on aurait toujours fait passer le progrès d'un jeune produit de l'organisation avant les intérêts d'un vétéran qui tente un retour.

En s'amenant à Québec, Gagné sait qu'il aura sa place garantie sur le monticule tous les cinq jours et que si tout se déroule bien, il sera joueur autonome pour les 30 équipes du baseball majeur.

Gagné n'est pas le premier joueur à emprunter l'avenue du baseball indépendant pour faire l'étalage de son savoir-faire. En 1997 et 1998, un certain J.D. Drew avait disputé 74 matchs avec les Saints de St. Paul, de la Ligue Northern, après avoir refusé de signer son premier contrat professionnel avec les Phillies de Philadelphie. Étrangement, Drew était alors représenté par le même agent que Gagné, Scott Boras.

Je me souviens que Michel Laplante, qui est l'actuel gérant des Capitales, portait les couleurs du Black Wolf de Madison à l'époque et après avoir affronté Drew, il avait déclaré que celui-ci était meilleur que Vladimir Guerrero. Je ne m'étais alors pas gêné pour faire connaître mon désaccord, mais ça, c'est une autre histoire!

Une décision stratégique

C'est dans un poste de partant, et non dans celui de releveur qui l'a rendu célèbre, que Gagné tentera son retour. Pour des raisons que je juge évidentes, il s'agit d'une sage décision.

En s'amenant comme partant, Gagné s'assure qu'à chaque fois que les dépisteurs viendront le voir lancer, il sera frais et dispos et saura qu'il a toute la soirée pour montrer ce qu'il peut faire. Son nouveau rôle permettra aussi à Gagné d'accumuler plus de manches, plus de lancers, tout en mettant moins de pression sur son bras. C'est un peu ce que John Smoltz a fait au cours des dernières années.

Et le fait qu'il jouera à Québec, et non aux États-Unis, ne change absolument rien selon moi. Gagné a un nom bien établi et peu importe où il évoluera, les équipes des majeures enverront leurs dépisteurs pour l'évaluer. Pas le choix, avec le manque de lanceurs de qualité dans les majeures présentement.

Vous êtes sûrement plusieurs à croire qu'Éric Gagné rêve en couleurs en visant un retour dans la cour des grands, mais je ne partage pas cet avis. Si sa santé tient le coup, je ne vois pas pourquoi l'artilleur de Mascouche n'atteindrait pas son but. Éric a toujours eu le talent pour réussir et ses 33 ans n'y changent rien.

Je vous le dis, ne soyez pas surpris si Gagné reçoit une offre de contrat pour aller aider une équipe des majeures d'ici la fin de l'été.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.