(D'après ESPN.com) - Comment qualifier l'impressionnante série de 82 sauvetages de suite d'Éric Gagné? Tom Gordon a converti 54 opportunités consécutives du 19 avril 1998 au 31 mai 1999. Gagné a battu la marque de Gordon le 2 septembre dernier. Depuis, il a établi une nouvelle marque à 27 occasions.

Ce fait parle pour lui même.

Toutefois, creusons un peu plus. Si on laisse les sauvetages de côté, comment Gagné s'est comporté au monticule durant cette séquence. Voici un tableau des cinq plus longues séquences accompagnées des statistiques accumulées lorsqu'ils ont récolté un sauvetage.


PS ML CS/9 BB/9 RB/9 MOY
Eckersley 40 46 6.4 0.4 10.1 1.36
Rod Beck 41 46 7.0 2.2 6.3 1.96
T. Hoffman 41 43 5.2 1.3 10.9 0.63
Tom Gordon 54 56 4.3 2.7 10.0 1.13
Éric Gagné 82 86 4.6 2.0 14.2 0.84

Même si on oublie la colonne des sauvetages, Gagné a été aussi impressionnant que les autres. Seulement Trevor Hoffman le surpasse au chapitre de la moyenne de points mérités.

Maintenant, regardons ce que ces cinq lanceurs ont fait lors de cette séquence, incluant les rencontres où les artilleurs n'ont pas récolté de sauvetages.


PJ ML CS/9 BB/9 RB/9 MOY
Eckersley 52 63 6.9 0.9 10.4 2.00
Rod Beck 70 72 8.3 2.0 7.4 2.75
T. Hoffman 55 66 5.3 2.7 11.0 1.36
Tom Gordon 81 84 6.0 3.3 9.7 2.58
Éric Gagné 121 130 4.9 2.3 14.6 1.38

Ici, Gagné se hisse vraiment en tête de liste.

Cela dit, lorsque'on regarde une séquence du genre, il faut aussi regarder la difficulté des sauvetages.

Dans sa dernière édition, le livre Baseball Scoreboard, Stats, Inc, a identifié trois catégories de sauvetages: facile, régulier, difficile. Un sauvetage facile survient lorsque le premier frappeur que le releveur affronte n'est pas le point égalisateur et que l'artilleur lance une manche ou moins. Un sauvetage difficile survient lorsque le stoppeur se présente avec le point égalisateur sur les sentiers. Un sauvetage régulier représente toutes les autres sortes de sauvetages.

Il y a effectivement une différence entre ces catégories de sauvetages. Habituellement, les stoppeurs convertissent 1/3 des sauvetages difficiles, 2/3 des sauvetages réguliers et 90 % des sauvetages faciles.

Revenons donc au tableau des cinq artilleurs avec les plus longues séquences du genre:

Facile Régulier Difficile
Eckersley 22 17 1
Rod Beck 18 16 7
T. Hoffman 23 12 6
Tom Gordon 28 21 5
Éric Gagné 37 41 4

Voici donc une note négative au sujet de la séquence de Gagné. Parmi ses 82 sauvetages de suite, seulement quatre sont de catégorie difficile. On ne peur rien garantir, mais il est possible que si Gagné aurait eu plus de sauvetages difficiles à convertir, sa séquence n'aurait pas été si longue.

Toutefois, n'oublions pas qu'il est rendu à 82! Dennis Eckersley a été utilisé de la même façon que Gagné: une manche à la fois. Eckersley entrera au Temple de la renommée dans quelques semaines. Et oui, la séquence de Gagné est plus du double de la meilleure séquence d'Eckersley.

Une autre question: quelle a été l'utilité de Gagné au cours de cette séquence, seulement au terme des victoires et défaites? Le meilleur stoppeur au cours des cinq dernières saisons a été sans doute Mariano Rivera. De 1999 à 2003, Rivera a converti 199 de ses 225 opportunités de sauvetage, ce qui représente un pourcentage de 88 %.

Si Gagné avait converti seulement 88 % de ses opportunités de sauvetage, il aurait saboté 10 parties au lieu de... zéro. Si nous assumons que la moitié des ces sabotages auraient été des défaites, Gagné, durant cette séquence, aurait accumulé cinq gains de plus que le "meilleur stoppeur" des majeures.