Le nouveau commissaire du baseball majeur Rob Manfred est entré officiellement en fonction ce week-end, ce qui mettait fin au règne de Bud Selig, qui était en poste depuis septembre 1992. Selig a certes été bon pour les propriétaires puisqu’il laisse le baseball en excellente santé financière en plus d’une relation de travail exemplaire avec l’association des joueurs. Par contre, il est aussi un des grands responsables du départ des Expos. La bonne nouvelle pour ceux qui croient au possible retour des Expos est que le même commissaire ne peut pas sortir une équipe d’une ville et la ramener durant le même terme.

Donc, l’arrivée de Manfred est un vent de fraicheur et il a même souligné que Montréal a surpris tout le monde du baseball avec les deux matchs des Jays l’an dernier avec près de 100 000 spectateurs pour deux rencontres. Ceci étant dit, Manfred n’a pas le choix d’être positif avec Montréal puisque c’est le prochain marché principal pour un transfert ou même expansion. D’ailleurs, Manfred sera à Montréal en avril pour être témoin lui-même de cet engouement lors des deux matchs des Jays contre les Reds. Montréal récupérera-t-elle son équipe de balle? Personne ne connaît l’avenir, mais le baseball majeur est ouvert à cette possibilité et beaucoup de travail se fait en coulisses en ce moment même pour évaluer tous les possibilités et scénarios.

Même si les amateurs de baseball au Québec souhaitent voir ce dossier avancer rapidement, il n’est pas une priorité à court terme pour le commissaire. À la suite d’une entrevue qu’il a accordée à mes confrères du réseau ESPN, voici quelques dossiers sur lesquels il devra travailler pour s’assurer de la popularité de son sport.

Se rapprocher des jeunes

Manfred veut que le baseball majeur se rapproche du baseball amateur aux États-Unis. Il mentionne que c’est la base pour trouver les prochains joueurs étoiles, mais surtout la base pour les futurs partisans qui achèteront les billets. Le lien avec le point de presse du maire Coderre la semaine dernière est intéressant. Investir dans les infrastructures des jeunes joueurs de baseball sur l’Île donnera un nouveau souffle au baseball amateur dans la région et ainsi bâtir la base de partisans de ce sport.

En fait, c’est la logique même, mais entre la logique, le désir de le faire et le compléter, il y a parfois un monde qui les sépare. Le baseball est en nette progression au Québec, donc le moment choisi pour investir est très bon. Au Québec, il y a de la place pour tous les sports et si un jeune s’arrête sur un ou deux sports, il a le droit de le ou les pratiquer dans des infrastructures les plus adéquates possible.

La durée des matchs

Pour moi, c’est un incontournable! Il faut travailler sur le rythme des matchs afin d’éviter des marathons de quatre heures pour un match de 2-1. J’ai bien ri lorsqu’on a demandé aux joueurs actuels ce qu’ils en pensaient et la majorité a répondu que ce n’était pas un véritable problème. Pourtant, les joueurs devenus commentateurs et analystes n’ont pas la même opinion. La plupart d’entre eux trouvent aussi que l’on exagère lorsque l’on voit un frappeur se retirer du rectangle des frappeurs entre chaque tir et ajuster leurs gants ou encore voir un lanceur frotter la balle aussitôt qu’il la reçoit.

Le baseball a tenté l’expérience d’un cadran pour les lanceurs lors des matchs de la ligue d’automne en Arizona et l’expérience semble assez concluante. Il semble que le rythme est nettement meilleur. Le baseball poursuivra l’expérience dans les ligues mineures cet été. Par ailleurs, une expérience semblable a été effectuée au Québec l’an dernier. En fait, le défi était des entre-manches de 30 secondes. Fini la perte de temps de marcher sur un terrain. L’expérience a été très bien accueillie et d’autres seront réalisées cet été.

Lorsque l’on éduque les jeunes très tôt sur la façon que ça se joue, ça finit par être la façon de faire. Évidemment, ça ne pourrait s’appliquer au baseball majeur puisque les réseaux de télévision ont besoin de leurs deux minutes et même parfois plus pour leurs revenus, mais d’autres solutions peuvent être envisagées pour un bon match de balle d’une durée de 2 h 45.

 La défense spéciale

À mon grand étonnement, Manfred a parlé de s’attaquer aux « shifts », c’est-à-dire à la défense spéciale. Pas convaincu que c’est un bon choix de bataille. Cette stratégie de défense spéciale force tout le monde à s’ajuster, et n’est-ce pas là l’essence même du sport? Il est évident qu’un frappeur gaucher qui tire constamment la balle du côté droit n’aime pas cette façon de faire puisqu’il verra, ses statistiques fondent, comme neige au soleil.

Pour moi, ce sera aux frappeurs de s’ajuster. Ils devront développer des élans qui leur permettront de frapper à tous les champs ou même développer à déposer des amorties surprise afin de ramener les joueurs en défense à leur position régulière. Le baseball est sorti gagnant de l’implantation des technologies dans son sport tel que les reprises vidéo, et sortira gagnant aussi s’il trouve une formule afin d’améliore le rythme des matchs. Mais, s’il vous plait, lâchez la bataille stratégique de la défense spéciale.

Manfred aura plusieurs autres dossiers, dont celui de Pete Rose. Mais il semble déjà très confortable dans son nouveau rôle ou du moins, très confiant. La dernière grève dans le baseball remonte à la saison de rêve des Expos, celle de 1994. Manfred aura donc la lourde tâche de s’assurer que les relations avec l’association des joueurs sont toujours aussi bonnes puisque l’actuel contrat de travail se termine le 1er décembre 2016. Souhaitons-lui bonne chance dans ses nouvelles fonctions et qui sait, peut être que Manfred deviendra une grande personnalité au Québec pour avoir ramené nos « Amours » là où ils appartiennent!