Le camp d'entraînement des Phillies de Philadelphie s'est ouvert depuis environ une semaine à Clearwater en Floride et je vous le dis, ça commence drôlement à sentir le baseball ici.

Pour le moment, tout se déroule à merveille pour moi. Ça fait une trentaine de jours que je suis à l'entraînement et franchement, je ne pourrais espérer mieux.

L'installation dans la ville s'est bien déroulée : je me suis trouvé une place où habiter et je me sens de plus en plus chez moi à Clearwater.

Je dois avouer que l'intégration à ma nouvelle équipe s'est effectuée plus facilement que je le l'aurais cru au début.

Dans un premier temps, le fait d'avoir été échangé en même temps que Tyson Gillies et J.C. Ramirez — deux autres jeunes espoirs avec qui j'ai évolué dans l'organisation des Mariners - m'a grandement facilité la tâche. Dès le départ, je savais que je pourrais jaser avec ces deux gars-là. Puis, étant donné que Gillies et Ramirez sont moins timides que moi, ils démarrent plusieurs conversations dans lesquelles je peux m'immiscer par la suite. De cette manière, mon cercle de connaissances s'agrandit de jour en jour.

Deuxièmement, je m'aperçois à quel point l'organisation des Phillies de Philadelphie en est une de première classe. Dès le départ, on m'a encadré en me faisant sentir que j'étais aussi important pour cette équipe que toutes les vedettes déjà établies au baseball majeur. De cette manière, un jeune lanceur comme moi ne se sent jamais délaissé.

Les dirigeants de l'équipe ne se contentent pas seulement de te regarder jouer; la plupart du temps, ils vont prendre de longues minutes pour te jaser. Depuis le début, je sens qu'on veut me connaître en long et en large. En plus de vouloir savoir quel type de joueur tu es, ils veulent savoir à quel genre d'homme ils ont affaire. Personnellement, j'adore cette approche. Dans mon cas, ça me permet d'évoluer plus rapidement.

Le long chemin pour redevenir lanceur partant

Comme prévu, l'état-major des Phillies a toujours l'intention de faire de moi un lanceur partant. Pour y arriver, les entraîneurs m'ont expliqué qu'ils useront de patience dans mon cas, vu qu'il faut que je refasse la transition entre la relève et le poste de partant. À l'heure actuelle, je travaille de pair avec tout le personnel pour me réhabituer et me remettre dans une bonne disposition.

Il est pratiquement certain que je ne commencerai pas avec l'équipe à Philadelphie; je me concentre alors sur les petits détails qui feront de moi un lanceur redoutable dans l'avenir.

Cependant, une chose est certaine, c'est que je suis bien content d'avoir la chance de nouveau de me prouver comme lanceur partant. Je vois cette opportunité comme un véritable défi et ça m'enchante de pouvoir la relever. Certes, je devrai travailler fort sur plusieurs aspects, mais au bout du compte, je sortirai gagnant puisque je lancerai davantage de manches. J'aurai alors plus de temps sur le monticule pour pratiquer mes lancers et ainsi, améliorer ma précision et ma constance.

En ce qui concerne ma dernière saison que j'ai passée dans l'enclos des releveurs, je considère qu'elle n'a pas nui à mon développement. Au contraire, je crois que ça m'a donné de l'expérience complémentaire. Le fait de lancer en relève m'a permis de travailler tous les aspects du travail de lanceur. L'an dernier, on m'a placé dans des situations où il y avait de la pression — en huitième et neuvième manche. Si on m'avait laissé au poste de partant, jamais je n'aurais pu goûter à cette fameuse pression et peut-être que je me serais écroulé lorsque les choses se seraient corsées. Maintenant, je sais à quoi m'attendre.

Mettre mon talent à profit

J'en suis seulement à un deuxième camp d'entraînement dans les majeures, mais je sens déjà que j'ai gagné beaucoup de maturité. J'ai acquis une bonne expérience au fil du temps et ça m'encourage.

Actuellement, j'affiche une excellente attitude et je pense franchement que ce sera une année déterminante. J'ai commencé très tôt à me concentrer sur mon programme, mon bras est au sommet de sa forme. C'est un nouveau départ pour moi et je sens que tout va bien s'aligner, je suis confiant d'atteindre mes objectifs puis d'accomplir quelque chose de bien cette année.

Les Phillies m'ont déjà annoncé que j'allais commencer l'année dans le niveau AA à Reading. Ça ne me dérange pas du tout. De plus, si je termine la saison à cet endroit, je ne serai pas amer puisque mon objectif premier, c'est de lancer mes manches et de me rendre le plus loin possible dans les matchs.

Évidemment, j'espère aussi garder la santé, mais en ce sens, j'ai confiance. J'ai été chanceux la saison dernière puisque je n'ai pas subi de blessure. Seulement cette fameuse saute d'humeur qui m'aura fait rater les trois dernières semaines de l'année. Mais ne vous inquiétez pas, cet épisode est derrière moi et j'y penserai à deux fois à l'avenir quand mes émotions prendront le dessus.

Côtoyer une légende vivante

Les joueurs réguliers des Phillies sont arrivés depuis quelques jours au camp d'entraînement et bien entendu, ça inclut le grand Roy Halladay, acquis par Philadelphie dans la même transaction que moi.

Je le confirme, c'est impressionnant de se retrouver sur le même terrain qu'un lanceur qui aura sans doute sa place dans quelques années au Temple de la Renommée de baseball à Cooperstown.

Jusqu'ici, je n'ai pas eu l'audace d'aller lui parler, mais je sais que ça viendra. C'est un bon gars et je sais qu'il démontre de la disponibilité pour aider les jeunes joueurs de l'équipe. Cependant, je sais que ce gars-là travaille extrêmement fort; il est à son affaire et je ne veux juste pas rentrer dans sa bulle. Un jour viendra où j'irai le voir à son casier.

En attendant le bon moment, je vais l'observer, prendre des notes et retenir le plus de leçons possible. Ce n'est pas n'importe qui. Il représente certes un bel exemple à suivre.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont