MONTRÉAL - En plus de donner aux Mets de New York leurs lettres de noblesse, Tom Seaver a laissé des souvenirs impérissables aux gens qui l'ont côtoyé au cours de sa carrière sur les losanges et derrière le micro.

Parmi ceux-ci, on compte le Québécois Claude Raymond. À ses yeux, Seaver n'est rien de moins que le Jean Béliveau du baseball.

« Un gentleman sur toute la ligne, a noté Raymond, qui a été son adversaire puis un confrère sur la galerie de presse. Certains ne t'adressent plus la parole une fois qu'ils ont connu du succès. Ce n'était pas son cas: il discutait avec tout le monde, prenait le temps de s'informer de leurs projets, etc.

« Sans même penser au baseball, Tom Seaver était un homme précieux, d'une immense politesse, affable, toujours souriant et prêt à aider tout le monde. »

Raymond se rappelle notamment d'un séjour des Expos à Porto Rico au début des années 2000, où Seaver agissait comme analyste pour les matchs des Mets.

« Il venait de s'acheter un vignoble - Seaver Vineyards - avec son épouse et me parlait à quel point il avait été chanceux: une parcelle de son vignoble se trouvait à flanc de montagne et donnait des raisins exceptionnels. Il avait fait analyser tout ça par de grands experts et il en était très fier. Il passait d'ailleurs ses journées dans ses vignes, avec ses sécateurs. Il adorait cela.

« Il m'avait suggéré de faire la même chose chez nous et m'avait fait parvenir une lettre dans laquelle il m'expliquait tout le procédé. Je la conserve encore. »

Jacques Doucet, qui a décrit plusieurs de ses matchs, se rappelle que Seaver a été un ambassadeur hors pair pour le Baseball majeur.

« Il a toujours été disponible pour faire la promotion du baseball, même à la retraite, a-t-il rappelé. On voyait souvent son nom dans les médias. Les journalistes l'appréciaient beaucoup et plusieurs ont tenté de le joindre pour prendre de ses nouvelles une fois que sa famille a annoncé qu'il souffrait de démence. Mais sa famille l'a énormément protégé et on en a beaucoup moins entendu parler.

« Dès le moment où les Mets ont gagné la Série mondiale en 1969, il est devenu l'image des Mets. Tous les feux de la rampe étaient sur lui. Oui, il y avait d'autres joueurs, mais tout au long de sa carrière avec les Mets, c'était lui le centre d'attraction. »

Il prenait toutefois bien soin de s'assurer que ses coéquipiers faisaient partie de la conversation.

« Ça a été un coéquipier parfait, je dirais, a ajouté Doucet. Il ne se mettait jamais en évidence, louant toujours le travail de ses coéquipiers et de ses entraîneurs. Ce n'était pas un gars égoïste. »

« On appréciait ce qu'il réussissait sur le monticule, sauf quand c'était contre vous, a fait remarquer Raymond. On fait partie d'une grande fraternité les joueurs de baseball, et quand il y a en a un qui décède, ça nous touche. Ça fait partie de notre famille. Son décès m'a vraiment ébranlé. »

Seaver a disputé 20 saisons dans le Baseball majeur avec les Mets, les Reds de Cincinnati, les White Sox de Chicago et les Red Sox de Boston. Il a remporté 311 victoires et retiré 3640 frappeurs sur des prises, tout en maintenant une moyenne de points mérités de 2,86. Seul Walter Johnson et lui ont gagné plus de 300 matchs, retiré plus de 3000 frappeurs sur des prises et conservé une moyenne inférieure à 3,00 dans toute l'histoire du baseball.

Il a été intronisé au Temple de la renommée en 1992, apparaissant sur 98,84 pour cent des bulletins (425 sur 430), une marque qui a tenu jusqu'à l'élection de Ken Griffey fils, en 2016.

Son no 41 a été le premier retiré par l'organisation des Mets et l'adresse actuelle du CitiField est le 41, Seaver Way.