MONTRÉAL - Le promoteur immobilier Devimco ne prévoit pas de stade de baseball dans son développement du bassin Peel. Mais il ne ferme pas la porte pour autant.

C'est ce qu'a indiqué son président, Serge Goulet, en visioconférence, lundi, alors qu'il a dévoilé les premières maquettes de sa vision du bassin Peel.

Sur les deux esquisses présentées aux médias, aucune trace d'un stade de baseball. Pourtant, il assure toujours discuter avec Stephen Bronfman et Pierre Boivin, de Claridge et du Groupe Baseball Montréal, sur un partenariat éventuel dans le développement du quartier.

« Pour ce qui est du stade de baseball, on parle régulièrement aux équipes de MM. (Stephen) Bronfman et (Pierre Boivin). On n'est pas dans les détails (du projet du retour de la MLB) et ce n'est pas non plus notre rôle que de l'être. Nous savons qu'ils continuent d'avancer, a expliqué M. Goulet. Évidemment, la pandémie a aussi ralenti leur projet. Mais les discussions se poursuivent et les études économiques sont en cours. Il y aura des rencontres au cours des prochaines semaines et mois avec les différents gouvernements.

« Pour nous, un stade de baseball, oui. Mais d'abord et avant tout un projet de développement avec des retombées les plus importantes possibles pour l'économie de Montréal, a-t-il poursuivi. Et ça, ça fonctionne avec ou sans stade de baseball. On fera avec ce que MM. Bronfman et Boivin nous apporteront. Mais nous, on pense, on croit et on voudra que l'axe de développement de ce projet-là soit la mixité, la création d'emploi et le développement durable. Ça doit demeurer l'essentiel. »

L'entente entre Claridge et Devimco, annoncée en mai 2019, demeure toutefois en place.

« Très simplement, l'entente c'est de faire en sorte que, la journée où ils auront les autorisations pour implanter un stade, nous travaillerons ensemble à concevoir un projet qui est acceptable autant pour Devimco et ses partenaires financiers qu'à l'équipe de baseball et la Ville de Montréal. »

Un porte-parole du Groupe Baseball Montréal a indiqué à La Presse Canadienne qu'il n'y aurait pas de commentaire au sujet du projet dévoilé lundi.

Longs délais

Pendant combien de temps Devimco est-il prêt à attendre M. Bronfman? De la façon dont les choses se présentent, ce pourrait bien être ce dernier qui attende après Devimco dans l'avenir.

« Je pense qu'on a le temps de laisser atterrir le projet de M. Bronfman, a indiqué Serge Goulet. On a possiblement plus de temps qu'il nous en faut. Si la ville n'est pas prête à établir le zonage avant 2023, il est bien possible que ce soit le projet de stade qui attende après nous. C'est là où nous en sommes rendus : ce n'est quand même pas drôle. »

Par ailleurs, M. Goulet a indiqué que les terrains visés par le développement présenté lundi sont ceux qui lui appartiennent déjà et ceux détenus par la Société immobilière du Canada (SIC), pas ceux de Loto-Québec. Dans un article paru en novembre 2019, La Presse rapportait que Claridge et Devimco avaient des visées sur quelque 440 000 pieds carrés appartenant à Loto-Québec dans le secteur. Pour M. Goulet, ils ne sont pas nécessaires au développement du quartier comme il l'entend.

« Le projet comme on le présente aujourd'hui ne comprend pas les terrains de Loto-Québec. Si jamais on arrive avec un stade de baseball, et ce n'est pas moi qui vais le décider, oui, ce serait intéressant d'avoir un terrain plus grand que ce qu'on a présentement. Ce sont des décisions qui reviendront au groupe de M. Bronfman. (...) Mais la superficie qu'on a présentement pourrait aussi permettre d'accueillir le stade. »

M. Goulet a rappelé que son projet de développement du quartier a été présenté à la Ville de Montréal en 2018 et que celle-ci ne remettra pas son plan de développement avant l'été 2021, soit quelques mois avant les élections municipales, ce qui pourrait avoir pour effet de retarder encore davantage le début des travaux, peut-être jusqu'en 2023.

À cet effet, M. Goulet faisait partie d'un groupe de 13 signataires d'une lettre ouverte transmise à la Ville de Montréal la semaine dernière, qui priait cette dernière d'accélérer le développement du centre-ville, notamment le secteur Bridge-Bonaventure, dont le bassin Peel fait partie. Les signataires estiment que la ville se prive «de milliards de dollars» qui n'attendent que le feu vert de l'administration Plante pour aller de l'avant avec ces projets.

« Le territoire est prêt, mature et peut décliner une tonne de retombées économiques et sociales pour Montréal. Le projet se fera avec un, deux ou trois développeurs. Ce n'est pas important. Ce qui est important, c'est de le mettre en marche », a-t-il fait valoir.

« New Deal »

M. Goulet souhaite que la ville et les promoteurs privés se réunissent afin de fixer dès maintenant des objectifs et des échéanciers, assujettis à une reddition de compte serrée. Il veut proposer un « New Deal » à la ville, afin qu'elle soit plus permissive dans ses exigences, en retour d'une plus grande implication communautaire des promoteurs.

« Quand il y a de grands projets négociés avec la ville, c'est simple : le développeur va viser les limites minimums en développement social, les limites minimums en espaces parcs, le fameux 10 pour cent, et la ville va viser les limites minimums en densification et en termes de flexibilité réglementaire. Tout le monde vise le minimum, puis on arrive avec des résultats minimums Je pense que c'est un vieux modèle qu'il faut abandonner.

« Le "New Deal" c'est de permettre aux grands projets du secteur privé de contribuer financièrement aux équipements et infrastructures publiques en contrepartie d'une création de valeur améliorée pour ces projets. »

Pour Devimco, il est primordial que le R.E.M. s'arrête dans le quartier pour le rendre intéressant au développement. Selon le trajet actuel, le R.E.M. contourne le bassin Peel sans s'y arrêter.

« Ce territoire ne pourra pas se développer tant que ses problèmes de circulation ne seront pas réglés : c'est un territoire assez enclavé. Nous avons fait des études de circulation que nous avons présentées à la ville depuis plus d'un an. On attend celles de la ville depuis plusieurs mois. La solution on la connaît: il n'y a rien de plus performant pour desservir et désenclaver ce secteur qu'un train. »

Selon des études commandées par Devimco, les retombées économiques d'une gare au bassin Peel seraient de l'ordre de 200 millions $ en redevances versées à la Caisse de Dépôt.

« Il n'y a aucune des 26 gares qui va aller chercher autant de redevances », a affirmé M. Goulet.

« Bien entendu, ce ne sera possible que si on peut accéder au territoire de façon confortable et efficace. La gare de train est la meilleure solution et de très loin. Le rapport coût-bénéfices du bassin Peel est indiscutable et supérieur à bien d'autres gares, dont la gare Bernard-Landry, annoncée il y a quelques mois. »

À ce sujet, il rappelle que Devimco a proposé de défrayer une partie des coûts d'une éventuelle gare à hauteur de 25 millions $. M. Goulet souligne que d'ajouter la gare seulement une fois que le train électrique sera en fonction pourrait multiplier ses coûts de construction par dix.