Cabrera de nouveau couronné?
MLB mercredi, 22 mai 2013. 14:18 mercredi, 11 déc. 2024. 10:54Si l’opportunité se présente avant l’entrevue d’après-match qui se déroule sur le terrain lors du Sunday Night Baseball, je donne au joueur un aperçu des questions que je lui poserai, surtout si elles sortent de l’ordinaire. Il n’est pas coutume de demander à un joueur qui a produit le point décisif chez l’équipe gagnante de parler d’un adversaire.
Donc, le moment venu, j’ai mentionné à David Murphy que j’avais l’intention de lui parler de l’incroyable performance de Miguel Cabrera ce jour-là alors que le troisième-but des Tigers a propulsé la balle de l’autre côté de la clôture à trois reprises.
Murphy a souri. « C’est bon, a-t-il répondu, parce que j’allais le faire de toute manière. » Il a poursuivi en disant que tout semble fonctionner quand Cabrera s’amène à la plaque.
Regarder jouer Cabrera en 2013, c’est comme regarder Babe Ruth en 1927, Ted Williams en 1949 ou Hank Aaron en 1959 : un cogneur digne du Temple de la renommée qui est à son meilleur, capable d’exploits que peu de gens – sinon personne – ont été capables de réaliser. En date de lundi matin, Cabrera avait une moyenne au bâton de ,387, soit 20 points de plus que tous ceux qui le suivent. Il compte 47 coups sûrs en 42 matchs, en route vers un total de 181, et il a aussi réussi 11 longues balles en plus d’afficher une OPS de 1,116 tout en compilant presque autant de buts sur balles (21) que de retraits (23).
Jim Leyland a dirigé Barry Bonds et il sait ce qu’est un grand frappeur. Bien que Leyland se tienne habituellement loin des comparaisons, il a tout de même émis quelques observations au sujet de la crème de la crème des frappeurs avant le match de dimanche :
1. Ils voient la balle plus tôt et la frappent mieux. Lorsque le lanceur décoche son lancer – et parfois même avant – Cabrera, Bonds et les autres frappeurs de cette trempe sont capables de reconnaître le type de lancer à venir ainsi que sa trajectoire.
2. Ils savent quand les lanceurs tentent de les berner sur des lancers à l’extérieur de la zone de prise et savent comment y réagir. Nous l’avons constaté à maintes reprises de la part de Cabrera dimanche, lorsqu’il s’est retrouvé par deux fois devant un compte d’aucune balle et deux prises avant d’enchaîner les longues balles.
3. Leyland compare la constance de l’élan de Cabrera à celle du mouvement des essuie-glaces d’une voiture, semblable à un métronome. Chez les Cabrera, Bonds et Williams, la motion est presque toujours identique, puissant et régulier, et avec un maximum d’effet au moment du contact.
Ce qui retient l'attention chez les autres frappeurs, ce sont les ajustements qu'il fait au cours d’une présence au bâton. Récemment, durant un match contre les Astros, des coéquipiers ont noté que Cabrera a évité d’effectuer son habituelle foulée vers l’avant au cours de son élan tout au long du compte de 3-2 avant de retrouver son style sur le dernier lancer.
Cabrera laisse tomber cette foulée lorsqu’il sait qu’il aura affaire à une balle lente à la limite de la zone des prises et la prendra s'il croit qu'il s’agira plutôt d’une une balle rapide. Peu d’athlètes dans le monde du baseball peuvent effectuer ce genre de changement aussi radical d’un lancer à l’autre tout en maintenant leur élan, et personne ne le fait mieux que Cabrera.
Sa préparation vis-à-vis chaque lanceur est simple. Cabrera a expliqué ce week-end qu’il ne se fie pas vraiment aux rapports d’éclaireurs parce qu’il considère que les informations qui s’y retrouvent ne sont pas suffisamment à jour étant donné qu’elles sont basées sur ce que les athlètes ont fait dans le passé. Il visualise bien les vidéos dans le clubhouse des Tigers parfois, mais ce qu’il souhaite vraiment savoir, c’est comment le lanceur se comporte un jour donné – la vélocité de sa balle, quel tir fonctionne bien et, pour citer Cabrera, « comment il va chercher à me battre ».
Il a observé attentivement Derek Holland s’échauffer dimanche, a étudié ses six premiers lancers contre Omar Infante et Torii Hunter, et a vu que Holland était dans un bon jour. Une balle rapide tranchante, une glissante qui cassait au niveau du pied arrière de chacun des deux frappeurs droitiers. Holland est un bon lanceur qui connaît une bonne saison et Cabrera l’a mis dans sa petite poche, comme ce fut le cas contre de nombreux autres lanceurs.
Son premier circuit a survolé 441 pieds au centre-droit du champ, le second était une flèche en plein milieu et le dernier a été réalisé contre Tanner Scheppers alors qu’il faisait face à un compte de 0-2.
Les Tigers ont connu une série difficile lors de laquelle leur défensive a notamment été affreuse durant une manche dimanche. Même Cabrera a fait une gaffe, une parmi plusieurs autres de la part des siens. Mais il s’est racheté d’une façon dont peu de joueurs le peuvent. David Murphy, qui a théoriquement été le héros du match dans la victoire des Rangers, a déclaré ceci aux journalistes : « C’est très bien de se trouver du côté des vainqueurs. C’était un gros match, un match amusant, sur la télé nationale. Nous avons vu à l’œuvre le meilleur cogneur de notre sport enfiler trois circuits. »