On a beaucoup fait état des exploits d’Abraham Toro durant le camp d’entraînement des Astros de Houston. Un autre Québécois mérite qu’on s’attarde à ses performances impressionnantes depuis le début de la saison. Charles Leblanc est dominant avec une moyenne au bâton de ,374 en 29 matchs, dans le niveau AA.

L’espoir des Rangers du Texas domine au sein de la formation des RoughRiders de Frisco au chapitre de la moyenne au bâton, des coups sûrs, de la moyenne de présence sur les buts et des points marqués. En fait, il est le meneur au chapitre de la moyenne au bâton et des coups sûrs dans la Ligue du Texas.

Utilisé au 3e but, il prend place au 2e rang du rôle offensif des frappeurs. Leblanc met la balle en jeu et il est rarement retiré au bâton. Bref, le rôle classique du 2e frappeur.

Les comparaisons avec Toro sont inévitables. Les deux Québécois évoluent au niveau AA, occupent le poste de 3e but et sont nés qu’à quelques mois de différence. Ce sont les deux joueurs de position de la Belle Province qui sont le plus près d’atteindre le baseball majeur. Est-ce qu’il y a donc une saine rivalité entre les deux amis? Ce n’est pas la bonne question à poser à Leblanc. 

« Ce serait un peu stupide de penser ainsi, dit-il d’entrée de jeu. Nous sommes tellement peu de Québécois qu’il ne faudrait pas commencer à se demander si un est meilleur que l’autre ou vouloir réussir avant l’autre. Si Abraham frappe deux doubles dans un match, je suis bien content pour lui. Je suis convaincu que c’est la même chose pour lui. Il y Abraham, moi, Jonathan Lacroix et Benjamin Pelletier, et nous nous souhaitons tous le meilleur. De toute façon, je ne vais pas arriver dans les majeures plus vite si l’un des Québécois en arrache. »

La réponse est claire, passons à un autre sujet. Parlons-en des majeures, justement.

Avec un tel début de saison, Leblanc doit probablement se coucher certains soirs en s’imaginant avec le chandail des Rangers du Texas.

« C’est un couteau à double tranchant. Il y a certains moments où tu vois que tu es proche des majeures. Tu côtoies certains coéquipiers qui évoluent dans le show et tu te dis que tu as ta place. On se fait souvent dire que nous ne sommes qu’à une transaction ou un joueur blessé de voir notre situation changer drastiquement. Sauf qu’on ne peut pas tout le temps penser à ça, parce que tu dois rester concentré sur la tâche à accomplir chaque jour.  Il y a aussi d’autres moments où c’est plus difficile. Tu constates qu’un coéquipier aura plus de chances même s’il traverse une mauvaise séquence. »

Leblanc a raison d’y croire. D’abord, en raison de son talent, puis parce qu’il a été témoin de réussites tout près de lui. Vous n’avez probablement jamais entendu parler de Lane Thomas et Cole Tucker. Ils étaient coéquipiers de Leblanc dans une ligue d’automne en Arizona en 2018. Thomas et Tucker ont fait leurs débuts dans le baseball majeur ce printemps. Les deux ont frappé la longue balle à leur première présence dans les majeures.

« Ce n’est pas rien, dit Leblanc. C’était mes coéquipiers il y a quelques mois et je les vois frapper leur premier circuit à la télévision. C’est certain que je me dis que ça peut être moi. »

Une machine à coups sûrs

La puissance est à la mode dans le baseball professionnel. Autant dans le rectangle des frappeurs qu’au monticule. S’il y a un seul aspect qui est plus effacé dans le jeu de Leblanc, cette saison, c’est la puissance. Il n’a toujours pas frappé de circuit. Leblanc a réussi 10 circuits au niveau A fort en 2018. Il a aussi produit 73 points, ce qui le classait au 5e rang du circuit.

Leblanc se signale d’une autre façon et ne comptez pas sur lui pour changer une formule gagnante.

 « Dès le début de la saison, je me suis mis à frapper des coups sûrs partout sur le terrain. La puissance était moins présente que la saison dernière, donc je ne me suis pas cassé la tête. J’essaie moins de tirer la balle et je suis en mesure de m’adapter au tir du lanceur adverse pour frapper des coups sûrs partout sur le terrain. »

Leblanc a frappé 8 coups sûrs à ses trois derniers matchs. Il a également placé la balle en lieux sûrs dans 15 de ses 17 derniers duels.

Avec une moyenne au bâton de ,374, il serait bien fou d’essayer autre chose, effectivement.