CLEVELAND, Ohio - En juin dernier, les amateurs de sport de cette ville ont retrouvé leur fierté quand la vedette des Cavaliers, LeBron James, a rempli sa promesse de redonner à sa ville un titre majeur après des décennies de déception.

« Avant, on croyait que gagner un championnat était impossible pour Cleveland. Même si les Cavaliers menaient dans les derniers instants du match ultime, on se disait qu'il arriverait inévitablement un revirement qui nous ferait perdre », raconte Matt, un passionné de sports qui donne un coup de main bénévolement à l'organisation des Indians. Ce trentenaire estime que le titre gagné par les Cavaliers a changé la mentalité des partisans. « Les gradins sont remplis au Progressive Field et les gens savent que les Indians peuvent aller chercher la victoire même s'ils tirent de l'arrière en fin de match. (NDLR : les Indians ont effectué 38 remontées victorieuses). Personne ne croyait que les Indians battraient les Red Sox en séries de division. Pourtant nous sommes en série de championnat.

Le championnat de la NBA n'était peut-être qu'une première étape pour la ville de Cleveland. Si on peut déjà enterrer les Browns dans la NFL, Cleveland n'est pas très loin d'un autre titre majeur : les Indians de Cleveland se retrouvent dans le carré d'as pour le titre de la Série mondiale.

La troupe de Terry Francona a lutté jusqu'à la dernière semaine du calendrier de la saison régulière pour obtenir le titre de la section Centrale de l'Américaine, devant les Tigers, de même que les Royals, champions en titre de la Série mondiale.

La série contre Toronto s'annonce palpitante. Même privés des services de deux de leurs partants Carlos Carrasco et Danny Salazar en raison de blessures, les Indians peuvent entraîner les Jays dans une longue série. Il faudra voir si l'as partant Corey Kluber sera à la hauteur, face à une formation contre laquelle il n'a jamais été à son meilleur. (Fiche de 1-3, 5,34 en 5 départs contre Toronto)

La formation canadienne semble posséder un avantage indéniable en ce qui a trait à la qualité et au nombre de ses lanceurs partants. Imaginez, Aaron Sanchez ne sera utilisé qu'une fois, lors du match no 4, lui qui pourtant est le meneur de la ligue américaine pour la moyenne de points mérités.

Toronto compte aussi sur un plus grand nombre d'excellents frappeurs qui sont sortis de leur torpeur en octobre. Les gros canons des Jays devront tenter de produire dès leur premier tour au bâton pour prendre l'avantage sur leurs rivaux. C'est que les Indians peuvent compter sur un formidable personnel de releveurs. Acquis à la date limite des transactions, l'ancien des Yankees Andrew Miller est venu compléter une tribu de releveurs qui a fait ses preuves avec Cody Allen et Dan Otero.

Le gérant Terry Francona peut miser sur de rapides coureurs sur les sentiers, au moment ou Russell Martin connaît la moins bonne saison de sa carrière lorsque vient le temps de surprendre des adversaires en tentative de vol.

Avec « Tito » Francona, on risque de jouer au baseball!

La guigne des Indians

On a beaucoup parlé de la malédiction de Babe Ruth pour les Red Sox de Boston, et de la malédiction du Billy Goat, des Cubs de Chicago.

J'ignore si la disette des Indians est également liée à quelconque sortilège. Quoi qu'il en soit, l'équipe n'a pas gagné la Série Mondiale depuis 1948. À l'époque le légendaire Bob Feller faisait la pluie et le beau temps au monticule.

Pourtant, les Indians se sont approchés régulièrement de la consécration ultime au cours des 22 dernières saisons.

Cleveland a participé à la Série Mondiale en 1995 et 1997 avec dans ses rangs des joueurs de la trempe de Jim Thome, Manny Ramirez, Sandy Alomar, etc. Lors de la finale de 1995, ils se sont inclinés en 6 matchs face aux Braves (le seul titre acquis par les grand Smoltz, Glavine, Maddux, Grissom, Jones, etc.)

Puis en 1997, lors du 7e match de la Série mondiale, il aura fallu attendre la 11e manche pour couronner les Marlins (et pour les partisans des Expos, comme un malheur n'arrive jamais seul, quelques jours plus tard Pedro Martinez était échangé à Boston avec un Cy Young en poche).

L'année suivante, la « presque-dynastie » des Indians des années 90 s'inclinait en série de championnat contre les Yankees.

Une autre génération d'Indians (sous la gouverne de l'actuel président des Jays, Mark Shapiro) s'inclinait face aux Red Sox à l'automne 2007.

L'ère Francona commence à porter ses fruits à Cleveland. Il faudra voir quand s'arrêtera la guigne des Indians. Gageons que ce sera bien avant celle des Browns!