MONTREAL (PC) - Les amateurs montréalais l'attendaient depuis le début de la saison. Il leur a fallu patienter trois autres jours depuis l'arrivée des Dodgers à Montréal pour voir Eric Gagné, gagnant du trophée Cy Young à l'oeuvre.

Ils l'ont applaudi à tout rompre quand il s'est présenté au monticule d'exercice en début de neuvième et les applaudissements étaient encore plus nourris quand il s'est finalement dirigé vers le monticule en fin de manche.

Peu leur importait que la marque était de 10-3 en faveur des Dodgers et que Gagné n'était là que pour se délier les muscles.

"Je n'avais pas lancé depuis six jours et il était prévu que je devais lancer en neuvième peu importe la marque, a dit Gagné.

"C'était certes un moment rempli d'émotions. Je ne savais pas vraiment si j'allais lancer à nouveau à Montréal ou si c'était là la dernière fois. Mais si c'est vraiment la dernière fois, j'en garderai de bons souvenirs."

Claude Raymond, un des instructeurs des Expos, se souvenait bien de sa première présence au vieux parc Jarry.

"C'était le 16 mai 1969. J'étais alors avec les Braves, a dit Frenchie. Quand je suis sorti de l'abri en neuvième, les gens se sont mis à m'applaudir, à crier. C'était un moment incroyable. Je me disais que je n'étais pas un surhomme, que je n'étais qu'un lanceur.

"C'est bien difficile à décrire ce que je ressentais alors. Mais Mike Tillman et Tito Francona sont venus au monticule pour me calmer un peu, pour me dire de ne pas oublier que j'avais promis de botter le derrière aux Expos. Le compte était alors égal et je me souviens d'avoir gagné en prolongation quand Francona a claqué un circuit aux dépens d'Elroy Face.

"Je comprends les gens d'avoir accueilli Eric comme ils l'ont fait. Ils avaient hâte de le voir, de lui dire merci, de le féliciter à leur manière pour avoir gagné le trophée Cy Young."

Par ailleurs, Frank Robinson déplorait la perte d'un autre joueur, l'arrêt-court Alex Gonzalez, qui a été atteint au poignet gauche par un tir du Japonais Masao Kida en huitième. Il a dû quitter le match.

"On se demande bien qui sera la prochaine victime, a dit Robinson. On ne sait pas encore si on devra placer son nom sur la liste des blessés. mais il subira des radiographies dès ce soir.

"De toute façon, il ne pourra certes pas jouer pendant quelques jours, c'est certain."

Robinson n'a pas trop apprécié non plus le travail de Livan Hernandez et de Luis Ayala.

"Je pense que l'arbitre du marbre n'a rien donné à Livan. Mais un lanceur doit s'ajuster, a dit le gérant de tous les buts sur balles accordés par son as partant en sixième. Il faut que le lanceur le fasse, parce que l'arbitre, lui, ne changera certes pas d'idée. Quant à Ayala, je sais qu'il est fatigué, je comprends qu'il n'est peut-être pas au sommet de sa forme, mais il devrait être capable de retirer le lanceur adverse, ce qu'il n'a pas fait."

Pour Hernandez ce fut une soirée mouvementée. Il a claqué son premier circuit, mais a aussi commis une erreur et connu sa pire sortie.

"Même si je suis un lanceur, je peux frapper la balle. Il a laissé flotter une courbe au dessus du marbre. Pour ce qui est de l'arbitre, je pense qu'il a été influencé par Jim Tracy. Je lançais des prises dans la mitaine de mon receveur. Je n'allais pas lancer des balles en plein milieu du marbre. Je ne suis pas capable de lancer des balles au coeur du marbre."

Par ailleurs, Hernandez déplorait la perte de Gonzalez.

"Je n'ai jamais vu autant de blessés. Le baseball n'est pas un sport de contact comme le football, mais on peut s'y blesser de bien des façons. Ce n'était pas le cas l'an dernier, mais cette année, tout nous est arrivé."