L’opération du type Tommy John
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 23:28 jeudi, 13 oct. 2011. 21:35Le jeune prodige Stephen Strasburg des Nationals de Washington a surpris bien des gens en revenant à peine un an après l’intervention chirurgicale du type Tommy John qu’il a subie. Plusieurs pensent que Strasburg revient un peu trop tôt puisque habituellement, on parle ici d’une réhabilitation d’environ 18 mois. Je vais répondre en disant que chaque cas est bien différent et l’important c’est le comportement du joueur après l’opération. Je peux vous en parler puisque j’ai moi-même été opéré pour ce genre de blessure par le fameux Docteur Frank Jobe en mai 1992.
Lorsque le diagnostic tombe pour un athlète, le choc est terrible. Oui le taux de succès de revenir en force est bon mais le doute peut s’installer rapidement. Moi j’étais un joueur de position (voltigeur de centre) et la qualité de mon bras ne faisait pas de doute. Depuis mon tout jeune âge, je me lançais la balle avec un des mes trois frères dans la rue. J’étais le plus jeune de la famille et mon but était de lancer la balle aussi loin qu’eux. Croyez moi, j’en ai lancé des balles et jamais je n’ai eu des problèmes avec mon bras.
Évidemment de passer de 50 matches par année au Québec à plus de 150 au niveau professionnel, l’aspect physique n’est pas le même et je ne me suis pas ajusté. C’est-à-dire que j’ai toujours lancé la balle à une vitesse; le plus fort possible! J’avais un bon bras et je voulais le montrer à tous, tout le temps. Doser ne faisait pas partie de mon vocabulaire. Cette attitude m’a coûté très cher. Au printemps 92, je portais l’uniforme des Expos et je prenais l’exercice d’avant match contre les Braves d’Atlanta. Après un excellent relais au 3e but, le second relais toujours vers le 3e a créé une sorte de brûlure au coude mais, qui à peine après 2 ou 3 secondes, avait disparu. Je décide donc d’effectuer mes deux derniers relais vers le marbre et malheureusement, ce que tout joueur veut éviter m’arriva alors que mon dernier relais n’a fait que quelques pieds devant moi. Je savais que je venais de subir une blessure très grave.
C’est à ce moment que l’aspect mental devient l’élément clé de la réhabilitation. On peut se poser toutes les questions du monde en se disant pourquoi moi, mais il faut rapidement tourner la page et croire qu’on va revenir aussi fort!
Une fois la chirurgie complétée à Los Angeles (c’était à peine quelques jours après les émeutes impliquant Rodney King), les doutes s’installent. À ce moment-là jamais je ne croyais être capable de lancer une balle à nouveau. Cependant, avec de la persévérance, de l’encouragement des proches et le désir de jouer à nouveau, le moral se portait mieux. De plus, chaque nouvelle étape franchit, créait une volonté additionnelle d’y parvenir!
Une fois que l’on accepte notre blessure, c’est notre comportement qui dicte le reste. Il faut se mettre dans la tête qu’on repart à zéro et qu’on doit rebâtir le bras. Ma réhabilitation s’est très bien déroulée et je suis revenu au jeu pour le camp d’entraînement de 1993. Par contre, je veux partager avec les jeunes qui jouent au baseball et tous les parents et entraîneurs qui s’impliquent, quelques éléments qui j’ai appris de cette expérience.
Tout d’abord, toujours s’échauffer et s’étirer avant de lancer une balle. Par la suite, il y a plusieurs exercices qui aident techniquement mais l’important est d’y aller de façon graduelle jusqu’à lancer la balle le plus loin possible. Afin de développer un bras, qu’on soit lanceur ou joueur de position, il faut emmener le jeune à effectuer une dizaine de lancer à son maximum tout en utilisant les jambes. Ensuite revenir tranquillement à une distance plus rapprochée. Si un jeune joueur s’exerce de cette façon de 3 à 4 fois semaine, la force de son bras s’améliorera. J’ai l’impression qu’on joue un peu trop la carte de la prudence au Québec. Faites lancer vos jeunes. Plus tard, ils vous seront reconnaissants.