Trop avancé pour le calibre de baseball qu’on retrouve au Québec, Charles Leblanc a rapidement fait ses bagages et a pris le chemin des États-Unis. Il a été repêché en 4e ronde par les Rangers du Texas, lors de l’encan 2016. Aucun joueur n’avait été repêché aussi tôt depuis Phillippe Aumont (1re ronde) en 2007.

Leblanc a connu un départ canon en 2018 dans le niveau A fort. Au point où il a participé au match des étoiles de la Ligue de la Caroline. Le représentant des Wood Ducks de Down East a obtenu un coup sûr et produit un point à sa seule présence au bâton. Malgré ce curriculum vitae qui commence à être bien garni, le Québécois est conscient d’une chose : « Lorsque tu penses que tu y es arrivé, tu n’y es pas encore ».

C’est en se répétant cette phrase qu’il aborde sa carrière chez les professionnels.

« Tu ne peux jamais faire l’erreur de croire que tout va bien et que tu n’as qu’à continuer sur ta lancée. Je traverse une moins bonne séquence présentement et j’arrive plus tôt aux matchs. Je parle avec mes entraîneurs et j’essaie de voir plus de lancers durant les entraînements d’avant match. »

L’objectif est de retrouver la fraction de seconde qui lui permet de détecter le lancer de son adversaire.

« Lorsqu’un joueur est dans une mauvaise séquence, il n’a plus la fraction de seconde pour détecter le changement de vitesse ou la balle courbe. C’est ce qui fait qu’on voit un frappeur s’élancer sur une courbe qui touche le sol. Et puis les lanceurs vont toujours trouver une nouvelle façon de retirer le frappeur. »

D’accord avec Joey Votto

Joey Votto racontait dans une entrevue qu’il voulait absolument retourner au bâton une cinquième fois lorsqu’il a été tenu en échec durant les quatre premières présences au bâton. L’ancien joueur vedette de l’Université de Pittsburgh partage cet avis.

« Il y a plusieurs joueurs qui veulent terminer une rencontre au plus vite après un mauvais début de match. Ils ne veulent pas voir leurs statistiques descendre ou ne veulent pas être retirés au bâton une fois de plus. Je pense exactement le contraire. Je veux me reprendre après une mauvaise présence. La semaine dernière, j’ai été retiré deux fois au bâton et je n’avais pas de coup sûr après quatre présences. J’ai produit un point à ma cinquième présence au bâton », se rappelle l’auteur de 10 circuits et 55 points produits en 92 matchs.

Cette façon de voir les choses est d’autant plus importante dans le baseball mineur, où la compétition entre coéquipiers est présente et où une mauvaise séquence peur rimer avec une rétrogradation au niveau inférieur.

« J’ai quand même la chance de savoir que je suis un des joueurs qui va être sur le terrain chaque jour, dit Leblanc qui a disputé plus de 50 matchs de suite à un moment cette saison. On doit aussi avoir la mentalité de se reprendre après une erreur. Je sais que les dirigeants aiment ce genre de joueur. »

Dans une marée de joueurs d’arrêt-court

Si on se penche sur les joueurs repêchés, une bonne proportion évolue dans la ligne du centre : receveur, lanceur, arrêt-court et voltigeur de centre. On y retrouve souvent les meilleurs athlètes. Leblanc a évolué au poste d’arrêt-court toute sa jeunesse, sauf dans la catégorie midget AAA. Il a occupé le poste de troisième but. Une expérience qu’il qualifie de peu concluante, d’ailleurs.

Ironiquement, les Rangers lui ont rapidement expliqué qu’ils comptaient en faire un joueur de troisième but, notamment en raison de son gabarit imposant. Alors, est-ce que l’adaptation a été difficile? 

« Elle n’est pas encore faite, répond rapidement le Lavallois. Ce n’est pas une position facile, mais c’est à force de répétition et de voir des balles que tu apprends à la jouer. Plusieurs joueurs ont à changer de positions lorsqu’ils arrivent chez les professionnels. »

Leblanc a récemment vu son bon ami Abraham Toro, un autre produit québécois, faire le saut au niveau AA dans l’organisation des Astros de Houston. Les deux Québécois évoluaient au sein du même circuit et faisaient partie des meneurs au chapitre des points produits. Le joueur de 22 ans aimerait bien passer à l’étape supérieure, lui aussi.

« C’est certain qu’avec mon début de saison, j’y pensais et j’espérais avoir ma chance, mais c’est hors de mon contrôle. J’ai connu quelques mauvais matchs récemment, mais je ne suis qu’à une blessure à un joueur de troisième au but au niveau AA d’être rappelé. Le baseball est souvent une question d’opportunités. Tu peux avoir la meilleure saison de ta carrière, mais s’il n’y a pas de place, tu es coincé au même niveau. »

En attendant, Leblanc se verrait bien au niveau AA en 2019, puis le AAA en 2020. Devinez où se voit-il en 2021? Vous avez bien deviné!