Figure marquante de l’histoire des Expos, Vladimir Guerrero apprécie aujourd’hui les joies d’une retraite amplement méritée. Inactif depuis la fin de la saison 2011, l’homme de 39 ans est retourné s’établir dans son village natal de Nizao en République dominicaine où il jouit d’une retraite paisible, bien loin des feux de la rampe.

« J’essaie de me reposer un peu », a indiqué celui qui a connu une brillante carrière de 16 saisons dans les majeures. « Le Bon Dieu m’a donné l’occasion de faire un bon travail, et ça me rend très heureux ce que j’ai accompli en Amérique du Nord. »

Vladimir GuerreroIl est toutefois difficile d’éloigner l’ancien voltigeur de l’endroit où il se sent le plus à l’aise, soit un terrain de baseball. En effet, Vlad dispute de temps à autre des matchs de balle-molle dans une ligue amicale de son pays, mais ce qui le passionne par-dessus tout, c’est de partager ses connaissances aux autres générations de joueurs de baseball de son pays.

« J’aide surtout mon fils de quinze ans – qui est né au Canada – à progresser. J’essaye de le guider, je me sens à l’aise pour ça. Je considère que c’est le moment de le faire », fait savoir le grand Dominicain au sourire contagieux. « J’essaye aussi de donner des bons conseils à mon neveu Gabriel, qui évolue actuellement dans le niveau A en Californie. Ça va très bien pour lui. »

Un seul regret parcourt l’esprit de Vladimir lorsque vient le temps de se rappeler de sa brillante carrière de 16 saisons dans les majeures : c’est de n’avoir pas pu jouer en même temps que son fils ou son neveu.

« J’aurais aimé, mais ce n’est pas possible. Néanmoins, j’ai eu beaucoup de plaisir avec les coéquipiers que j’ai côtoyés dans la MLB. »

Père de huit enfants (cinq garçons et trois filles), Guerrero ne s’est pas trop éloigné du sport qu’il tant a aimé, mais n’allez cependant pas croire qu’une carrière d’entraîneur ou de recruteur dans le baseball majeur l’attend. « Pas pour le moment », a lancé Vlad en toute honnêteté, affirmant au passage que son frère aîné Wilton – que nous avons bien connu à Montréal – a choisi cette voie, lui qui est actuellement recruteur en République dominicaine pour les Dodgers depuis 2009.

Un talent incomparable

Il était fort comme un bœuf. Au début de sa carrière, il était rapide comme un pur-sang. Il était doté d'un bras puissant qui lui permettait d’épingler les coureurs qui daignaient s’aventurer trop loin sur les sentiers. Somme toute, Vladimir Guerrero était un bel exemple de joueur de baseball complet. Et ça le rendait très fier.

« Mon talent pour le baseball ne vient assurément pas de mon père, puisqu’il n’a jamais joué. Quand j’étais petit, soit à 11-12 ans, je tirais des veaux qui étaient beaucoup plus grands que moi. Nous devions tirer les veaux pour les empêcher de téter les vaches. Je devais forcer pour être capable de les attacher. Je pense que ma force vient de là », a indiqué Guerrero.

« J’essayais toujours de frapper en lieu sûr. J’entretenais la force de mes bras, mais parfois je ne jouais pas bien. Parfois, je passais des périodes de 15 ou 16 présences sans frapper de coup sûr. Je savais que je devais m’en sortir au plus vite », a-t-il ajouté.

Vladimir GuerreroGuerrero avait cependant une manie : il s’élançait sur des tirs hors la zone de prise. Une habitude qui a longtemps fait rager les partisans des Expos. Néanmoins, il a frappé l’imaginaire collectif en expédiant à l’occasion ces mauvais lancers loin dans les estrades du champ extérieur. L’ancien voltigeur des Expos a d’ailleurs fait une partie sa renommée en frappant des circuits sur des balles lancées à la hauteur des chevilles.

« Je me souviens de quelques-uns de ces circuits. J’aimais voir l’air ébahi de certains lanceurs qui pensaient lancer la balle au sol, mais que cette balle se retrouvait quelques instants plus tard par-dessus la clôture. Ils se demandaient comment j’avais fait pour frapper cette balle. Lorsque j’ai commencé à jouer au baseball, nous avions des bâtons très fins et les lanceurs n’atteignaient pratiquement jamais dans la zone de prise.  Moi, je m’arrangeais simplement pour faire contact. Donc, je frappais les mauvais lancers », a raconté l’ancienne gloire des Expos.

Les fameux plats de maman

Débarquée à Montréal en 1998, la maman de Vladimir Guerrero s’est rapidement établie comme le porte-bonheur de son fils.

De l’avis de Vlad, il n’aurait pas connu cette brillante carrière sans la présence de sa mère, qui était toujours là pour lui cuisiner de bons plats à saveur dominicaine. Il ne s’en est jamais caché : il aimait pouvoir compter sa mère à ses côtés. Ça lui permettait de toujours se sentir à la maison lorsqu’il revenait d’un voyage à l’étranger.

« C'est bien connu, on ne mange pas bien aux États-Unis. Je savais qu’à Montréal, je pourrais bien manger, m’endormir en paix sachant qu’à mon réveil, j’aurais de bons plats grâce à ma mère. Je savais qu’elle allait cuisiner pour moi, même si nous étions en chicane. »

*Cette entrevue a été possible grâce à la précieuse collaboration de Claudine Douville.