Pour nous soulager d’un long hiver, dites-vous que les camps d’entraînement du Baseball majeur commencent cette semaine. Signe que le beau temps s’en vient! Cependant, c’est un autre hiver où la relation entre joueurs et propriétaires n’est pas à son meilleur. 

Pourquoi? 

Que se passe-t-il réellement?

Est-ce si pire que le laisse entendre Justin Verlander qui, sur son compte Twitter, a parlé d’un système brisé?

Si Bryce Harper et Manny Machado avaient signé une entente, ce serait bien plus calme, puisque plusieurs équipes ont mis sous contrat des joueurs autonomes. Il est vrai que les contrats à long terme se font plus rares. En fait, la majorité des joueurs autonomes qui ont trouvé preneur se sont entendus pour un contrat de deux ans ou moins et plus de la moitié de ceux-ci pour une seule année.

Un seul joueur a obtenu un contrat de cinq ans et plus. Il s’agit du lanceur gaucher Patrick Corbin, qui a paraphé une entente de six ans avec les Nationals de Washington.

Deux joueurs ont réussi à dénicher des contrats de quatre ans : Nathan Eovaldi, avec les Red Sox, et A.J. Pollock, avec les Dodgers. Moins de dix joueurs pour un contrat de trois ans.

C’est une évidence que l’embauche de spécialistes en statistiques avancées auprès des directeurs généraux et propriétaires a changé bien des choses. Les contrats à long terme ont rarement donné les résultats souhaités et ces mêmes experts ont prouvé qu’un joueur qui dépasse la trentaine voit sa contribution diminuée considérablement. Cette tendance frustre les joueurs qui attendent six ans avant d’avoir une liberté qui est souvent associée à une augmentation époustouflante de leur salaire.

Un des problèmes derrière tout ça est l’âge des joueurs. Il y a quelques années, un joueur arrivait normalement dans le Baseball majeur à 23 ou 24 ans et pouvait se prévaloir de son autonomie à 29 ou 30 ans pour se dénicher un gros contrat (Jacoby Ellsbury par exemple). On signait un gros nom, ça faisait vendre des billets et le propriétaire était prêt à sacrifier quelques dollars.

Ça dérangeait aussi moins les joueurs que les clubs aient l’emprise du joueur pour les trois premières années pour être ensuite admissibles à l’arbitrage pour les trois suivantes avant l’autonomie. En agissant comme ils le font présentement, les propriétaires ont le gros bout du bâton. Ils ont le contrôle sur les trois premières années et n’offrent plus de contrats à long terme après six ans. Selon moi, ils ont enfin compris. Mais je comprends les joueurs d’être frustrés de voir le système changer.

Pour contrer la situation, les joueurs devraient négocier, dans la prochaine convention, le fait que dès la deuxième année le joueur serait admissible à l’arbitrage. Les proprios paieraient davantage pour les jeunes joueurs et ça irait au mérite. Le bon joueur ferait plus d’argent jeune, au risque de ne pas dénicher le contrat à long terme plus tard vers la trentaine. Un bel exemple du changement qui s’opère est survenu mercredi. Les Phillies viennent d’offrir une prolongation de contrat de 4 ans à Aaron Nola d’une valeur de 45 M$. Nola évite donc ses trois années d’arbitrage et sa première année d’admissibilité à l’autonomie. Il deviendra joueur autonome à l’âge de 30 ans.

Les cas de Harper et Machado sont différents. Ils sont arrivés si jeunes dans le Baseball majeur qu’ils sont joueurs autonomes à 26 ans. Ils ont donc plusieurs bonnes années devant eux à produire, ce qui devrait normalement  leur donner la possibilité d’aller chercher le gros contrat.

D’ailleurs, Harper a refusé 300 M$ des Nationals et Machado près de 250 M$ des White Sox de Chicago. Est-ce de la collusion? Est-ce que le système est brisé? Pas du tout!

Le système change, mais il n’est pas brisé. Je suis convaincu que les équipes sont prêtes à offrir plus de 30M$ par années à ces deux joueurs, mais pas pour dix ans. C’est là que les agents comme Scott Boras tentent de faire changer le système. Je ne suis pas toujours en accord dans la façon dont Boras se comporte, mais il a raison de mentionner que trop d’équipes sont constamment en reconstruction.

Une autre solution aux problèmes actuels serait l’implantation d’un plancher salarial. Conserver la taxe de luxe comme plafond, mais forcer les équipes à dépenser un montant d’argent précis. La taxe de luxe est en vigueur après qu’une équipe dépasse 197 M$. On pourrait donc trouver un montant minimal de 110 M$ comme plancher. Ça forcerait des équipes comme les Marlins de Miami, les Rays de Tampa Bay et les Pirates de Pittsburgh de dépenser un peu plus et d’empêcher des ventes de feu à répétition. J’ose croire qu’un propriétaire veut toujours offrir un produit qui lui permettrait de gagner. Et si les équipes veulent constamment terminer en bas de classement pour dénicher un choix de première ronde avantageux, le baseball majeur pourrait opter pour un « pool » ou encore des rangs de sélections préétablis pour éviter ce genre de manœuvre.

Tout ça pour dire que ça va brasser dans les prochains jours et prochaines semaines. Outre Machado et Harper, il y a Craig Kimbrel. Ce dernier aura 31 ans en mai. Il demande un contrat de plus de cinq ans. Voilà pourquoi il n’a pas trouvé d’équipe encore.

Dallas Keuchel a 31 ans et Marwin Gonzalez aura 30 ans en mars. Ils vont signer une entente, mais je serais très surpris que ça dépasse les trois ans.

Les temps changent. Il y a beaucoup d’argent en jeu. Les solutions sont là pour que tout le monde puisse avoir une part du gâteau. Le baseball majeur ne peut se permettre une impasse. Difficile d’ailleurs de faire des prédictions ne sachant pas où se retrouveront des joueurs comme Machado et Harper.