Edwin Encarnacion sera de retour à Toronto à compter de lundi soir, mais cette fois dans l’uniforme des Indians de Cleveland. Lorsque l’on a vu Encarnacion dans l’uniforme des Indians pour la première fois à l’entrainement ce printemps, il y avait quelque chose qui clochait! Ce n’était pas naturel. On aurait dit une Ferrari de couleur saumon! Il fallait bien tourner la page sur ce puissant cogneur, mais force est d’admettre qu’il y a des éléments, bien loin des statistiques, que l’on ne considère pas lors de prise de décision comme celle de laisser Edwin filer.

Encarnacion était un élément essentiel pour les Jays, mais on a décidé de jouer dur et tout le monde semble être perdant jusqu’ici dans ce divorce.

Qui était le cœur de l’équipe lors des cinq dernières années des Jays? C’est Encarnacion qui a participé à 727 matchs donc une moyenne de 145 matchs par année tout en claquant 193 circuits durant cette période. Certainement supérieur à Jose Bautista qui a joué en moyenne 127 matchs et claqué 152 circuits. C’est avec les Jays qu’Encarnacion est devenu une super vedette et ce n’est pas un hasard. On oublie trop souvent le contexte dans lequel un joueur se trouve. A-t-on pensé à son environnement, son statut, son rôle dans l’équipe, son entraîneur des frappeurs et quoi encore qui lui permet d’être à son meilleur. Est-ce pris en considération lorsqu’un joueur change complètement d’environnement? Ce n’est pas tous les joueurs qui s’adaptent facilement aux changements. Encarnacion était un Jays et le divorce laissera des traces. Les dirigeants de Toronto ont joué à un jeu dangereux en menaçant Encarnacion de retirer leur offre de quatre ans pour 80M$ et l’agent d’Edwin a joué gros en décidant d’ignorer cette menace et de tenter sa chance sur le marché des joueurs autonomes.

Encarnacion connait des débuts assez difficiles. Son nombre de retraits sur des prises est même inquiétant (39 en 106 présences) et malgré cinq circuits, il n’a réussi que 11 points produits. Encarnacion s’en remettra et trouvera le moyen de donner aux Indians un rendement qui leur donnera une chance de se rendre à nouveau en séries. Mais pour les Jays, le scénario est bien différent. Je ne vous dis pas que si Encarncion était encore un Jays, ceux-ci auraient une meilleure fiche, mais j’ai tout de même l’impression que les choses seraient différentes. Encarnacion avait cette présence et cette puissance qui intimidait et qui pouvait changer l’allure d’un match sur un seul élan. Kendrys Morales fait du bon travail à titre de frappeur de choix, mais il n’a pas la stature et n’intimide pas l’adversaire comme Encarnacion le faisait. Encarnacion rassurait tout le monde autour de lui et ne se mettait jamais dans le trouble. Il connaissait son rôle, ses responsabilités et s’arrangeait pour produire.

Je comprends la direction d’une équipe d’être prudente dans l’investissement qu’elle fait sur ses joueurs, mais les Jays n’ont-ils pas appris des deux dernières années? Ils ont terminé au premier rang au chapitre de l’assistance l’an dernier, devant les Yankees parce qu’un dénommé Alex Anthoupoulos avait osé. Quelques transactions importantes ont donné de l’espoir aux partisans en plus de démontrer que la direction avait le même désir qu’eux, gagner! La question n’est pas de savoir si Anthoupoulos a eu le meilleur sur toutes ces transactions puisque de façon claire, la réponse est non, mais le simple fait de faire les efforts pour mettre la meilleure équipe sur le terrain a donné un résultat inimaginable pour une franchise comme les Jays. Le stade s’est rempli et les répercussions positives se sont produites à travers le pays d’est en ouest.Edwin Encarnacion

Je ne dis pas non plus d’octroyer un contrat les yeux fermés, mais les directeurs généraux ou propriétaires devraient considérer davantage la présence d’un joueur à l’intérieur de l’équipe au-delà des statistiques. Encarnacion pouvait être remplacé par plus d’un joueur statistiquement, mais impossible à remplacer de par sa présence, son rôle, sa prestance et sa popularité auprès de ses coéquipiers et les partisans des Jays ce qui a beaucoup de valeur.

Nous sommes dans une ère de statistiques avancées qui a certes son bon côté, mais n’oublions pas que l’on ne parle pas de machine, mais bien de personnes. Selon moi, les Jays n’ont pas considéré suffisamment cet aspect d’Encarnacion et se retrouvent aujourd’hui avec d’énormes défis en termes de rendement et de taux de satisfaction des partisans.

On n’aura jamais la réponse à savoir si Encarnacion était encore un Blue Jays, mais je suis pas mal convaincu qu’il aura du succès contre son ancienne équipe. Après tout, il retrouvera ses repères et son environnement dans lequel il a excellé.