Les instructeurs vivent aussi les changements dans le baseball
MLB mardi, 14 août 2018. 09:38 samedi, 14 déc. 2024. 06:26Nous vivons dans un monde où l'information n'a jamais été aussi accessible et le sport professionnel, qui a toujours été un miroir de la société en général, ne fait pas exception. C'est particulièrement vrai au baseball où chaque geste est comptabilisé et étudié. Il peut être facile de s'y perdre. D'ailleurs, la quantité de données est telle qu'on a assisté depuis quelques années à l'ajout d'instructeurs au personnel des équipes du baseball majeur.
C'est particulièrement le cas chez les instructeurs des frappeurs alors que la grande majorité se sont dotés d'adjoints. Dans le cas des Dodgers de Los Angeles, on a même deux adjoints à l'instructeur des frappeurs Turner Ward. Par contre, seulement six équipes ont officiellement des adjoints à l'instructeur des lanceurs. Parmi celles-ci on retrouve les Pirates de Pittsburgh. Il y a quelque semaine, j'ai eu le privilège de discuter avec Justin Meccage, qui en est à sa première saison comme bras droit de Ray Searage, considéré comme un des meilleurs de sa profession.
Avant d'être promu avec les Pirates, Meccage s'est d'abord fait les dents au niveau universitaire de 2004 à 2010 avant de joindre l'organisation en 2011. En 2017, il a travaillé comme coordonnateur du développement des lanceurs du réseau de filiales des Pirates.
Dans la hiérarchie organisationnelle, lorsqu'on lui demande de qui il relève (le gérant Clint Hurdle ou l'instructeur Searage) Meccage insiste pour dire que les instructeurs travaillent en équipe. En fait, son travail consiste en grande partie à transmettre de l'information aux lanceurs, mais d'une façon à ne pas les gaver de données au point d'en perdre le sens. Bref, tout est une question de dosage. Sa connaissance des lanceurs du réseau de filiales est d'une grande utilité pour Ray Searage, qui n'a évidemment pas le temps nécessaire pour s'enquérir de ce qui se passe au niveau AAA et AA.
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L'information disponible ne se limite pas aux statistiques conventionnelles ou même celles qui ont été développées depuis une dizaine d'années. L'aspect technique, que l'on parle du taux de révolution de la balle (spin rate, très à la mode) ou de la biomécanique, est aussi en plein développement et Meccage est impliqué directement dans ce processus. Avec un personnel de 12 à 13 lanceurs par équipe, on peut comprendre la nécessité d'avoir une personne supplémentaire pour assurer leur suivi quotidien.
Meccage a le privilège de travailler avec Ray Searage, un instructeur dont la réputation n'est plus à faire, au point où au cours des dernières années, plusieurs lanceurs en quête d'une relance de carrière ont cogné à la porte des Pirates. Selon plusieurs, Searage s'est démarqué en favorisant les faibles contacts par les frappeurs plutôt que les retraits sur des prises, ce qui est contre les tendances actuelles. Mais Meccage tient à préciser que les Pirates à cet égard ne sont pas différents des autres équipes, qu'on aime les retraits sur des prises et que le personnel de lanceurs sur place dicte ce qu'on tente de faire avec eux. Par exemple, un Ivan Nova (un autre lanceur rescapé par les Pirates) qui lance beaucoup de prises sans être dominant aura un taux de contact plus élevé. D'ailleurs, on tient à respecter l'individualité de chacun des lanceurs et d'utiliser leurs propres forces plutôt que de tenter d'uniformiser leur style dans un seul et unique format.
Il a été question de certains lanceurs lors de ma rencontre avec Meccage, question de voir comment on travaille avec eux, soit Tyler Glasnow, qui a depuis été échangé aux Rays, et Felipe Vazquez, qui a représenté les Pirates au match des étoiles. Il y a trois ans, Glasnow faisait partie de ce groupe de jeunes lanceurs, avec Jameson Taillon, Chad Kuhl et Steven Brault, qu'on voyait comme partants. Même si Taillon était considéré comme un futur as, Glasnow est celui qui possédait le meilleur bras, mais qui avait besoin de raffinement. Au moment de l'entretien, Glasnow était encore à l'état de projet alors qu'il travaillait principalement à contrôler une balle courbe qui avait déjà du mordant tout en développant une balle glissante. Quant à Vasquez, le releveur numéro un des Pirates, Meccage reconnaît qu'il n'est pas aussi efficace qu'en 2017, insistant sur le fait que l'effet surprise de l'an dernier s'est effrité tout en admettant qu'il doit mieux exécuter.
Comme vous pouvez le constater, la gérance d'un personnel de lanceurs implique beaucoup de boulot et le travail des instructeurs va continuer d'évoluer. Trop longtemps on a favorisé le réseau de contacts au détriment des compétences. On verra sans doute de plus en plus de Justin Meccage avec un parcours d'instructeur plus spécialisé, sans nécessairement avoir une quelconque expérience au niveau majeur.