Les jours de gloire sont de retour
MLB vendredi, 18 sept. 2015. 23:26 vendredi, 13 déc. 2024. 16:04Les noms qui étaient sur toutes les lèvres des amateurs de sports vendredi, à Toronto, n’étaient pas ceux de Mike Babcock, Lou Lamoriello, Dion Phaneuf ou Nazem Kadri.
Non !
Les noms qui résonnaient aux quatre coins de la Ville Reine étaient plutôt ceux de Marcus Stroman, qui montait sur la butte du Rogers Centre pour la première fois cette saison, de Russell Martin, Josh Donaldson, en lice pour le titre de joueur le plus utile dans la Ligue américaine et de leurs coéquipiers des Blue Jays. On a aussi entendu à quelques reprises celui de David Ortiz qui passe la fin de semaine à Toronto avec ses Red Sox. Parce que «Big Papi» vient de franchir le cap des 500 coups de circuit en carrière – il est le quatrième joueur de l’histoire à revendiquer 500 circuits et trois séries mondiales, les autres étant Babe Ruth, Mickey Mantle et Reggie Jackson – il est juste normal de parler de lui. Au moins un peu…
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Mais à l’aube d’un séjour à domicile de neuf matchs, leur avant-dernier de l’année, avec 16 rencontres seulement à disputer en saison régulière et la possibilité bien réelle de terminer au premier rang de leur division devant les Yankees de New York, voire de coiffer les Royals de Kansas City pour le titre de champions dans la Ligue américaine, les Jays imposent le rythme sur la scène sportive à Toronto.
«C’est vraiment plaisant de venir jouer ici tous les soirs. J’ai vécu de très beaux moments depuis le début de ma carrière. J’ai joué à Los Angeles, New York et Pittsburgh dans des stades bondés de partisans allumés. Mais ce que tu as vu ce soir, c’est aussi plaisant que tout ce que j’ai vécu au Dodgers Stadium ou au stade des Yankees. Je peux juste imaginer l’ampleur que ça va prendre une fois en séries», m’a lancé Russell Martin après la rencontre.
Si le receveur québécois et ses coéquipiers des Jays maintiennent leur rythme effréné des dernières semaines – un dossier de 32-10 depuis le 2 août – Martin prendra part aux séries de championnats pour la huitième fois en 10 ans dans les majeures.
Ce n’est pas rien !
Après une pratique au bâton au cours de laquelle il venait de catapulter plusieurs balles loin, très loin, dans les gradins dans la gauche, dans la droite et centre, Russell Martin a signé plusieurs autographes avant d’être pris en photo avec quelques-uns des nombreux partisans venus assister à l’échauffement des Jays. Plusieurs de ses coéquipiers l’ont imité.
Bien qu’il ait élu domicile dans une haute tour d’habitation sise à quelques coins de rue du Rogers Stadium, Russell Martin prend sa voiture pour se rendre de la maison au travail. «Même en auto, les fans nous reconnaissent. Ils prennent des photos. Mais tout se fait dans la bonne humeur ce n’est pas agressant, c’est juste plaisant, comme il plaisant de gagner autant qu’on le fait», m’expliquait Martin croisé dans le vestiaire des Jays après la rencontre.
Des collègues croisés normalement au Centre Air Canada et non au Rogers Centre confirmaient les dires de Martin. Ils n’hésitaient pas à comparer la vague de popularité sur laquelle les Jays surfent depuis le milieu de l’été à celles qui ont déferlé sur Toronto lors des conquêtes consécutives de la série mondiale en 1992 et 1993. On a d’ailleurs relevé plusieurs fois au cours du match la présence d’une bannière sur laquelle un partisan avait écrit : les jours de gloire sont de retour.
Et comment !
Dès 16 h autour du stade, les partisans du Toronto métropolitain et d’un peu partout en Ontario, du Québec – j’ai noté la présence d’au moins trois autocars venus de la Belle Province et plusieurs autres sont attendus au cours du week-end – et du reste du Canada célébraient le retour de leurs favoris après un séjour de dix matchs sur la route. Séjour au cours duquel ils ont maintenu un dossier de 6-4 et surtout maintenu leur avance devant l’ennemi du Bronx.
La frénésie remarquée autour du stade a pris de l’ampleur lors de l’ouverture des portes à 17 h 37. Une heure avant le match, c’était déjà la fête dans les gradins et lorsque Marcus Stroman a lancé sa première offrande, tous les sièges étaient occupés de fans vêtus et/ou coiffés de chandails et casquettes aux couleurs des Jays. Ils le seront tout le week-end. Ils le seront en fait lors de la grande majorité des 11 derniers matchs de la saison régulière à Toronto.
Ils le seront aussi en séries de championnats et bien sûr en séries mondiales si les Jays y accèdent.
Et le toit s’ouvre…
Après avoir célébré comme ils se devaient de le faire les quatre premiers points marqués par leurs favoris en fin de 3e et 4e manches, les fans des Jays ont eu droit à une belle récompense. Les nuages menaçants qui flottaient sur Toronto en fin d’après-midi étant disparus, les responsables du stade ont décidé d’ouvrir le toit.
Comme ça, sans crier gare, sans craindre que la structure ne tombe sur les partisans au cours de la manœuvre qui s’est déroulée tout en douceur, les tours sont alors apparus s’élevant dans le ciel noir de Toronto.
Un spectacle aussi beau que le catch du troisième but Josh Donaldson pour réaliser le premier retrait de la troisième manche ; aussi beau que celui de l’arrêt-court Ryan Goins aux dépens de «Big Papi» alors que les fans venaient de commencer à faire la vague. Une vague qui s’est poursuivie sur le terrain alors que les Jays ont ajouté deux points en fin de sixième en route vers une victoire facile de 6-1 aux dépens des Red Sox. Une victoire signée Marcus Stroman qui a accordé un point sur neuf coups sûrs (trois retraits sur des prises et un but sur balles) pour signer sa deuxième victoire de l’année.
Ce gain permet aux Jays de demeurer au premier rang qu’il occupe depuis le 23 août dernier. Mieux encore, ce gain combiné au revers de 5-1 des Yankees aux mains des Mets creuse à 4,5 parties l’avance des Jays devant New York.
Trois millions de spectateurs
Malgré tous leurs succès sur le terrain et aux guichets, les Jays ne pourront répéter les exploits du début des années 1990 alors qu’ils avaient fracassé la barre des 4 millions de spectateurs à quelques reprises.
Des réaménagements effectués à l’intérieur du stade ont réduit de quelques milliers le nombre de sièges disponibles.
Au lieu d’entasser plus de 50 000 partisans comme c’était le cas au début des années 90, les Jays ont fait salle comble pour une 19e fois cette saison alors que 47 126 partisans ont assisté à la rencontre. Avec 2 414 860 partisans qui ont franchi les tourniquets et encore onze matchs à disputer à la maison, les Jays flirteront avec le cap des trois millions de spectateurs en saison régulière. Ils le fracasseront si les séries se prolongent jusqu’en Série Mondiale et qu’ils s’offrent la chance de mettre la main sur le troisième titre de leur histoire.