Marvin Miller: un pionnier
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 20:56 mercredi, 28 nov. 2012. 23:31Marvin Miller: un pionnier.
Il est quand même remarquable que le décès de Marvin Miller, premier dirigeant syndical d’une association d’athlètes professionnels en Amérique du Nord, survienne alors que son dauphin, Donald Fehr, est aux prises dans ce qui semble être une lutte à finir avec Gary Bettman. Il faut se rappeler que Fehr a été l’adjoint de Miller pendant de nombreuses années avant de devenir à son tour le directeur exécutif de l’Association des joueurs du baseball majeur.
Miller n’a pas été le premier à tenter de briser la domination totale qu’exerçaient les dirigeants des circuits professionnels. Mais contrairement aux autres, il était le seul issu du monde syndical. Économiste de formation, il lui a d’abord fallu convaincre ses propres joueurs du bien fondé des demandes des joueurs. Miller prenait d’ailleurs un soin jaloux à chaque année de s’adresser à chacune des équipes pendant les camps d’entraînement afin de faire connaître aux joueurs leurs droits en matière de relations de travail. Plusieurs reconnaîtront d’ailleurs l’empreinte de Miller sur la façon de travailler de Donald Fehr avec les joueurs de la Ligue nationale à cet égard. On a pu entendre et lire plusieurs commentaires de joueurs ayant vécu les deux derniers conflits dans la LNH à l’effet qu’ils n’ont jamais été aussi bien informés qu’avec Fehr. Mais outre la communication avec ceux qu’il représente, la force de Miller a été tout simplement de se servir de ce que les dirigeants lui servaient. L’autonomie a été accordée à la suite de disputes salariales inutiles. En arbitrage au milieu des années ‘70s, on avait décrété que le renouvellement automatique d’un contrat ne s’appliquait que sur une seule saison et non ad vitam aeternam, comme le prétendait les dirigeants. Les deux parties se sont alors entendues pour accorder une autonomie aux joueurs ayant six années d’expérience. Pourquoi Miller ne l’a-t-il pas demandé pour tous? En bon économiste, Miller savait qu’en limitant l’offre des joueurs, les proprios se battraient entre eux pour obtenir les meilleurs joueurs, montant ainsi les enchères. Un seul propriétaire avait proposé de rendre tout le monde disponible après leur contrat : Charles O. Finley. Mais comme peu de ses homologues le prenaient au sérieux, sa suggestion n’avait même pas fait l’objet de discussions. Dans sa biographie (que je vous suggère fortement), Miller craignait que la proposition de Finley soit retenus, sachant fort bien qu’une augmentation du nombre de joueurs disponibles aurait diminuer le pouvoir de négociations de chacun d’eux.
A-t-il sa place à Cooperstown? Il n’y a pas de juste milieu à son égard. Certains le voient comme celui qui a permis aux joueurs de se faire respecter par les dirigeants. D’autres le voient comme l’homme qui a changé radicalement la balance du pouvoir en faveur des joueurs sans égard aucun pour le partisan. En économiste et spécialiste des relations de travail, Miller a en effet changé la donne pendant son passage dans le monde du sport professionnel. Pour avoir assisté personnellement à une de ses conférences, il était un homme de principes. Il a dignement représenté ses joueurs, leur permettant finalement de recevoir leur dû.