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RÉSULTATS

MLB : mieux comprendre l'unique contrat de Shohei Ohtani

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Les partisans des Blue Jays ont retenu leur souffle alors que les rumeurs, la semaine dernière, envoyaient Shohei Ohtani en Ontario pour les prochaines saisons de la MLB.

Puis, le vent a tourné. Les rumeurs se sont dissipées, comme les enquêteurs du dimanche sur le tarmac de l'aéroport Pearson de Toronto. L'étoile japonaise restera en Californie alors qu'il passe des Angels aux Dodgers.

700 millions de dollars sur 10 ans. Des chiffres gargantuesques qui frappent. On divague dans nos pensées, sans trop se faire prier, et on imagine Ohtani nager dans une piscine de pièces d'or comme le faisait Balthazar Picsou à l'époque.

Puis, quand la nouvelle est tombée que la très grande majorité du contrat d'Ohtani serait payée plus tard par les Dodgers, comme une publicité « achetez maintenant, payez plus tard » du temps des fêtes, le discours a changé.

Certains critiquent la façon qu'utilise les Dodgers de contourner la masse salariale de la MLB, même si le levier est parfaitement légal selon la convention collective. D'autres se demandent pourquoi Ohtani accepte d'être payé simplement à la fin de son contrat alors que la logique veut qu'on encaisse le plus rapidement possible nos avoirs pour ne pas se soumettre aux aléas du temps.

Donc, pour l'histoire courte, Ohtani encaissera 2 M$ par saison durant les dix prochaines années. Ensuite, Jon Heyman du New York Post nous a expliqué qu'au terme de son contrat, soit en 2033, Ohtani mettra la main à ce moment sur une somme annuelle de 68 millions $ durant 10 autres années, soit jusqu'en 2043.

La somme de 700 M$ demeure, mais dans vingt ans au lieu de dix pour Ohtani.

ContentId(3.1435981):MLB : Un coup dur pour les Jays et leurs partisans
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Pourquoi payer Ohtani plus tard?

Avant de creuser les détails de cette entente historique, tant au niveau du salaire que des modalités de paiement, il est important de préciser que les contrats différés sont très communs dans le monde du sport.

Plus qu'on pense, même, puisque la plupart de ces clauses ne se retrouvent pas dans les articles résumant les différents contrats. Pensons à Max Scherzer, récemment, qui a déplacé la moitié de son contrat de 210 M$ en salaire futur. Les nouveaux coéquipiers d'Ohtani, Mookie Betts et Freddie Freeman, ont aussi des sommes importantes reportées sur leurs contrats.

Il y a aussi des cas de figure historique, comme celui de Bobby Bonilla avec les Mets, mais on parle ici d'un contrat qui représentait un fardeau financier pour les Mets. En acceptant des sommes différées, Bonilla s'assurait plus d'argent, avec les intérêts, et un fond de retraite drôlement intéressant en encaissant plus de 1M$ chaque été, le premier juillet, dans ce qui est devenu depuis dans le monde du sport le Bobby Bonilla Day.

Sauf que le contrat d'Ohtani n'est pas du tout dans la même catégorie que Bonilla, loin du compte.

Les Dodgers ne sont pas en difficultés financières. Pas du tout même. L'équipe possède partiellement son réseau de diffusion, Spectrum SportsNet LA. Les redevances publicitaires rivalisent avec celles des Yankees avec leur YES Network et parions que la venue d'Ohtani fera exploser les gains publicitaires et d'abonnements.

Alors que les Dodgers possèdent de très nombreuses sources de revenus, l'équipe pourrait payer Ohtani conventionnellement et absorber la taxe de luxe redistribuer aux autres formations. En fait, l'équipe risque de toute façon d'obtenir une grosse facture lorsqu'elle entourera Ohtani d'autres éléments pour viser la Série mondiale lors des prochaines saisons.

En fait, l'idée de déférer les paiements proviendrait du clan Ohtani et l'offre était sur la table pour les autres équipes de la MLB aussi. On ne connait pas tous les détails, mais il y a une logique où tout le monde gagne avec ce genre de contrat.

Un attrait loin des terrains

En raison de ses performances uniques dans la MLB lors des dernières saisons, alors qu'il excellait tant sur la butte comme lanceur qu'avec son bâton entre les mains, Ohtani s'est forgé un statut de « licorne » dans le monde du sport et comme il s'est expatrié du Japon pour venir jouer à Los Angeles, il compte sur le support indéfectible d'un marché de partisans très généreux.

Les offres de commandites en provenance de l'Asie sont très nombreuses dans le cas d'Ohtani. On estime ses revenus en partenariats commerciaux à plus de 40 millions de dollars par année.

On parle d'un revenu supplémentaire supérieur au salaire de tous les autres joueurs de la MLB. Il peut donc se permettre de ne pas recevoir « deux salaires » dans la mesure où il utilise son association avec les Dodgers pour rendre ses ententes commerciales encore plus lucratives.

Dès maintenant, Ohtani est une vedette plus convoitée cette semaine qu'il ne l'était déjà après ses deux titres de joueurs par excellence avec les Angels.

En plus, malgré le contrat le plus imposant de l'histoire du sport nord-américain, Shohei Ohtani ressort des négociations avec la réputation de joueur d'équipe puisqu'il permet aux Dodgers de conserver une flexibilité financière afin de présenter une équipe très compétitive sur le terrain avec le salaire sauvé dans l'immédiat.

Même qu'il y aurait, dans le langage du contrat, une garantie que l'équipe va utiliser l'argent économisé avec cette structure pour mettre sur le terrain la formation la plus compétitive possible.

Autre fait non négligeable, les impôts.

Quand Ohtani recevra la grosse portion de son salaire, il se pourrait qu'il ne réside plus en Californie si sa carrière de joueur est terminée. Cas échéant, il devra payer les impôts sur le revenu de son lieu de résidence.

Selon l'endroit où il s'installe, Ohtani pourrait sauver des centaines de millions de dollars en impôts sur le revenu. C'est un pensez-y-bien.

Des économies pour les Dodgers

Un autre aspect intéressant de l'entente, c'est que les Dodgers vont sauver de l'argent, beaucoup d'argent, en structurant le contrat ainsi.

Il y a la réalité économique que l'argent d'aujourd'hui vaut moins, en termes comparatifs, que l'argent de demain. Quand vos grands-parents vous parlent de tout ce qu'ils pouvaient acheter avec 1$ quand ils étaient jeunes, c'est un peu ça l'idée. Un dollar reste un dollar, mais son pouvoir d'achat diminue au fil du temps.

700 M$ en 2023, ce n'est pas la même chose que 700 M$ en 2043 quand l'équipe terminera de payer Ohtani. Selon des sources familières avec les estimations interrogées par The Athletic, la construction actuelle du contrat d'Ohtani lui donne une valeur relative de 46 M$ sur la masse salariale annuelle contrairement au 70 M$ que le contrat offrira avec des termes conventionnels.

On mise aussi énormément sur le fait qu'Ohtani fera exploser les revenus de l'équipe lors des prochaines saisons.

Chez les Angels, par exemple, les revenus publicitaires ont doublé avec Ohtani au sein de l'équipe. De 10 M$ à 20 M$ par année en revenus de la part des annonceurs. Les Dodgers jonglent avec des montants plus imposants, mais la hausse sera significative de toute façon.

On estime aussi que, par match, les Dodgers attirent l'attention de 15 000 partisans de plus en raison de la reconnaissance de l'équipe à l'international. Quand on place le tout à l'échelle, les retombées économiques entourant Ohtani seront substantielles et financeront les paiements futurs du contrat du Japonais.

C'est la beauté de cette entente historique qui sera sans doute la grande fierté des responsables de la négociation lorsqu'ils réclameront, à leur tour, un nouveau contrat avec leurs employeurs respectifs.

Les Dodgers vont faire de l'argent immédiatement avec Ohtani qui veut maximiser ses chances de remporter une Série mondiale. L'équipe va pouvoir « faire travailler » cet argent afin de faciliter le retour du balancier quand viendra le temps de payer la totalité de son contrat à Ohtani.

Oui, l'équipe pousse un peu son fardeau financier vers l'avant en se disant que les choses s'arrangeront en temps et lieu, mais il y a une méthode indéniable derrière ce contrat et peut-être même le début d'une nouvelle façon de faire qui, au final, offrira de plus gros contrats garantis aux joueurs sans restreindre financièrement les propriétaires qui ne manquent jamais une occasion de « sauver des cennes » quand vient le temps de gérer leur équipe.

Shohei Ohtani est véritablement une licorne dans la mesure où il redessine les limites du possible depuis son arrivée en Amérique en 2017 pour la modique somme de 2,315 M$ par saison.

Les choses ont drôlement changé depuis.