MONTRÉAL - Les experts ont beau connaître les tendances et expliquer les pour et les contre d'un toit rétractable, ce sont les partisans qui font vibrer les stades.

Que voudraient les Montréalais dans leur stade? Que recherchent les partisans qui voyagent à travers l'Amérique pour voir du baseball? La Presse canadienne a sondé deux d'entre eux, dont un qui a vu 32 stades des Ligues majeures!

Nicolas Cyr, qui a notamment connu l'expérience du Stade olympique et du vieux Yankee Stadium comme amateur, a commencé par hasard à visiter les stades lors d'un voyage à Boston en 1998.

« Les Red Sox étaient en ville et Pedro (Martinez) lançait le vendredi soir. (L'ancien Expo en était à sa première campagne à Boston.) Je ne pouvais pas manquer ça », a raconté Cyr, qui a aussi fréquenté régulièrement le SkyDome (maintenant le Rogers Centre) pendant un séjour prolongé à Toronto pendant l'été 2002.

Par la suite, il a souvent pris l'habitude d'organiser ses vacances de façon à y inclure un maximum de matchs de baseball.

« Je n'ai pas vu le Target Field ni le SunTrust Park, car c'étaient encore le Metrodome et Turner Field quand je suis passé à Minneapolis et Atlanta. C'est dans mes plans d'y retourner dans les prochaines années. »

Michel Corbeil est quant à lui directeur de vol pour une compagnie aérienne canadienne. Il a suffisamment d'ancienneté pour pouvoir choisir ses segments de vol. Il s'assure ainsi d'assister au plus de matchs possible.

« J'ai fait une dizaine de stades. La plus belle expérience c'est à San Francisco. C'est au centre-ville, sur le bord de l'eau, facilement accessible et à l'intérieur, c'est super beau! C'est au goût du jour: l'offre de services, la proximité du terrain, les aires ouvertes, la baie à l'arrière. C'est un beau stade. C'est certain que San Francisco, c'est une ville où le coût de la vie est très élevé et ce n'est pas à la portée de tous, mais c'est un super stade.

« Camden Yards, j'avais beaucoup aimé aussi. C'est aussi au centre-ville. Ce qui est surprenant, c'est que comme le stade est creusé dans le sol, quand tu y arrives, tu es au-dessus de la surface de jeu. Encore là, tu es très près des joueurs. C'est ce que tu veux: tu veux être dans l'ambiance. »

Ces deux mordus ne recherchent pas nécessairement l'éblouissement à chaque coup d'oeil. Oui, l'architecture et le look sont importants. Mais ils souhaitent davantage que les clubs pensent au confort de leurs partisans.

« Dans le fond, ce qu'il faut, c'est un stade qui est fait pour le baseball, dans lequel tu es près de l'action, souligne Cyr. Les Montréalais n'ont jamais eu ça. Jarry a été construit à la hâte et le Stade olympique était pour les Jeux. Il suffit de mettre les pieds au Wrigley Field ou au Oracle Park pour voir la différence. »

« Le plus important, c'est l'accessibilité, note quant à lui Corbeil. Ce n'est pas nécessaire d'avoir un grand stationnement. Ce qu'il faut, c'est du transport en commun, des navettes vers le métro, etc. Il faut aussi qu'il y ait de la vie autour. »

Quant à ce qu'ils retrouvent dans les stades, les deux hommes ont des attentes très terre-à-terre.

« Des abreuvoirs un peu partout dans le stade: on ne veut pas toujours payer un prix de fou pour une bouteille d'eau, ou une boisson gazeuse, fait remarquer Cyr. Et des toilettes en grande quantité. »

« Quand tu dois y aller, tu ne veux pas rater deux manches! » confirme Corbeil.

En plus de coursives à aires ouvertes afin de voir le jeu en tout temps, l'offre de services est importante.

« Nous ne sommes plus à l'ère où on mangeait uniquement des hot dogs et buvions de la bière, raconte Corbeil. Les gens veulent avoir une offre de nourriture diversifiée, et même une offre de bières et de cocktails diversifiée. Comme à San Francisco, par exemple, où on a installé un pub irlandais à l'intérieur. Certains stades sont équipés de salles d'activités pour les enfants. Il faut que ça devienne un événement, pas juste une 'game' de baseball. Il faut que les gens arrivent tôt, qu'ils puissent avoir accès aux entraînements au bâton. »

Finalement, les environs des stades jouent pour beaucoup dans l'atmosphère qui règne dans ceux-ci.

« Autour du Stade olympique, il n'y a rien à faire! Il faut que tu ailles sur la rue Ontario si tu veux quelque chose, indique Corbeil. Il faut que le Groupe de Montréal soit prêt à développer tout le quartier, pas juste planter un stade de baseball au milieu de nulle part. [...] Il faut que ce soit une expérience d'aller au stade. Comme ils ont fait avec l'Ice District à Edmonton. Le centre-ville a été complètement refait autour du nouvel aréna des Oilers, le casino y a été réaménagé, ils ont installé un secteur de restaurants et de bars: ils ont complètement revitalisé le secteur et c'est maintenant très achalandé, comparativement à il y a 10 ou 15 ans. [...] C'est ce qu'on veut: que les gens y aillent. »

Ça prend un toit?

« Rétractable sans aucun doute, affirme Cyr. Mais pas nécessairement un dome comme à Houston ou Phoenix. J'ai adoré à Seattle où c'est comme un parapluie indépendant à la structure du stade. Ce n'est pas fermé hermétiquement. »