Né pour le baseball, comme son père
MLB lundi, 26 mars 2018. 19:39 mercredi, 11 déc. 2024. 07:50MONTRÉAL – Manger une poutine et chercher la machine de crème glacée, voici la première chose que Vladimir Guerrero fils s’est empressée de faire en arrivant respectivement à Montréal et au Stade olympique.
S’il a été rassasié par la poutine dénichée dimanche soir, l’espoir de premier plan de 19 ans a été déçu de constater qu’il ne pourrait pas reproduire le souvenir préféré de ses nombreuses visites au Stade olympique jusqu’à l’âge de 4 ans.
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« Chaque fois que je venais au Stade avec mon père, c’était la première chose qu’on faisait », a-t-il raconté, lundi après-midi, avec un grand sourire qui dépeignait bien sa personnalité de bon vivant.
À la blague, une mauvaise langue s’est empressée de répliquer qu’il avait dû en manger beaucoup considérant que son physique est nettement moins élancé que son père au même âge.
La plaisanterie l’a bien fait rire puisqu’il prône la même philosophie que son paternel.
« Être humble, m’amuser chaque fois que je vais sur le terrain et donner mon 100 %. Il m’a toujours répété ça et je m’assure de le faire », a-t-il précisé par le biais du traducteur Josué Peley qui ajoute ce mandat à ses diverses tâches avec les Jays.
S’il est fidèle à la personnalité détendue de l’ancien numéro 27 des Expos de Montréal, Vladimir fils constitue un phénomène complètement différent au bâton. L’auteur de ces lignes n’a pu s’empêcher de lui faire remarquer que ce n’était certainement pas son père qui avait pu lui apprendre à devenir un frappeur aussi discipliné à la plaque.
Amusé par la question, il s’est souvenu du moment qui a dicté son approche au marbre.
« Tout a commencé quand mon père me lançait la balle dans ma jeunesse en République dominicaine. Je me suis élancé sur un tir en bas des genoux, la balle a frappé le sol pour me revenir me cogner sur le nez. À partir de ce moment, je me suis dit que ça n’arriverait plus jamais et que je frapperais uniquement des prises », a témoigné le joueur de troisième but, qui a reçu de belles ovations de la foule montréalaise pendant le match.
Même s’il a fait le voyage au Québec pour les deux matchs préparatoires des Blue Jays en sol montréalais, c’est déjà connu qu’il entamera la saison au niveau AA. Son aplomb au bâton pourrait sans doute lui permettre de se débrouiller dès maintenant dans les majeures, mais il ne semble pas rechigner.
« Tout ce qu’ils m’ont dit, c’est que j’allais dans le AA et je pense que c’est une bonne décision de la part de l’équipe. Je sais qu’ils font ça pour mon bien et le reste des décisions leur appartient », a exprimé le colosse qui s’est empressé d’appeler son père quand il a su qu’il participerait à ce séjour à Montréal.
Le charismatique lanceur Marcus Stroman n’a d’ailleurs pas hésité à mentionner qu’il aimerait déjà pouvoir compter sur Vladimir fils comme coéquipier.
« Je suis content de ce qu’il a dit, il a un bon feeling envers moi, mais ça va prendre du temps et je serai prêt quand l’équipe jugera que c’est le cas », a réagi le principal intéressé avec prudence.
Il profitera de ses entraînements et parties dans le AA pour poursuivre sa progression tant au bâton qu’en défense. C’est sans doute sur le deuxième volet de son jeu qu’il devra consacrer le plus d’énergie, mais il croit que tout évoluera dans la bonne direction en accumulant de l’expérience.
De plus, il aura le privilège de partager ce cheminement avec un autre espoir d’exception en Bo Bichette, le fils de l’ancien cogneur des Rockies du Colorado, Dante Bichette.
« On ne peut pas tant parler en raison de la barrière de la langue, mais on a beaucoup de plaisir sur le terrain où c’est le baseball qui parle », a convenu le frappeur droitier.
Le fiston n’est peut-être pas identique à son père et c’est tant mieux ainsi. Cela dit, leur plus grand point en commun se situe dans leur destin.
« Dès que je suis sorti du ventre de ma mère, je pense que je voulais devenir un joueur de baseball », a lancé Vladimir fils avec une phrase qui pouvait également être accolée à son père, l’un des talents les plus naturels à avoir enfilé l’uniforme des Expos.
Un rappel cette saison semble logique
En écoutant les différents avis prononcés sur Guerrero et Bichette, on ne peut s’empêcher de croire que les Jays ont une vision plutôt à court terme avec eux. Le sentiment qui se dégage de ce processus serait de le céder dans le AA pour qu’il fasse ses preuves afin de le rappeler sans trop tarder.
Le receveur Russell Martin a été l’un des intervenants à abonder dans ce sens.
« Je ne l’ai pas vu beaucoup, mais d’après ce que j’ai pu remarquer, il a beaucoup de potentiel, énormément de puissance au bâton et il est déjà à un niveau avancé défensivement. C’est un jeune qui a un talent naturel pour jouer au baseball. Je pense qu’il a un peu plus de discipline que son père quand il frappe. Son père pouvait frapper n’importe quoi avec puissance, c’était quand même spécial. Je pense qu’il va être très bon », a résumé Martin sans pouvoir s’empêcher de faire allusion à son célèbre père.
« Ce sont des jeunes qui ont l’air d’être prêts. Ils (Guerrero fils et Bichette) ne leur manquent pas grand-chose outre encore un peu d’expérience dans les mineures. Après ça, s’ils détruisent la ligue... Dans le fond, ce sont eux qui vont déterminer le moment de leur arrivée. S’ils ont du succès, je ne pense pas que les Jays vont attendre trop longtemps », a-t-il avancé.
Quelques minutes plus tard, c’est le gérant lui-même, John Gibbons, qui a laissé sous-entendre que ces deux diamants pourraient s’amener à Toronto avant l’automne.
« Dans les quelques matchs qu’ils ont joués avec nous, ils ont été très bons et ils ont tenu leur bout. Ils affichent une aura de confiance. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont perçus parmi les meilleurs espoirs dans le monde du baseball. C’était vraiment plaisant de les voir aller. On ne sait pas quand ils viendront contribuer avec nous, mais ça pourrait survenir assez vite », a confié Gibbons qui était assis dans l’abri pour cette discussion cordiale avec les journalistes.
Si vous trouvez que ce n’est pas suffisant pour croire à ce scénario, Tim Raines est venu ajouter son grain de sel.
« Je ne crois pas qu’il soit bien loin des majeures. Je ne serais pas surpris qu’on le rappelle au cours de la saison. À ce moment-ci, la saison prochaine ou la suivante, il sera déjà un nom bien établi au sein de l’équipe », a prédit Raines qui a échangé quelques regards complices avec Vladimir fils.
First at bat at the Big O, a moment to remember. Merci Montreal pic.twitter.com/qWiNZbqVHD
— Vladimir Guerrero (@VladGuerrero27) March 27, 2018
Par son expérience personnelle, et celle comme analyste à RDS, Marc Griffin est en mesure de peser les pour et les contre de cette question.
« Il faut toujours que tu sois prudent avec un jeune joueur. Être bon pendant 20 à 25 parties au camp d’entraînement et l’être pendant une saison de 162 matchs, ce sont deux mondes différents. Il y a une certaine maturité à acquérir. Ce n’est pas pour rien qu’on prend quelques années au baseball pour se rendre. Un an peut parfois faire toute la différence », a exposé Griffin en confirmant que ce n’est pas une question de talent.
Durant le camp d’entraînement, Guerrero fils et Bichette ont su prouver qu’ils étaient prêts à affronter les offrandes des meilleurs lanceurs de la planète. De plus, Guerrero fils a confirmé que sa discipline serait un atout précieux.
« J’ai du plaisir à dire que Vladimir fils, c’est son père avec de la discipline. On sait tous que Vlad est déjà au Temple de la renommée, alors on peut imaginer ce qu’il aurait pu accomplir de plus avec de la discipline au bâton », a noté Griffin.
L’autre aspect à ne pas oublier, c’est que les deux espoirs évoluent à des positions cruciales : au troisième but et à l’arrêt-court. La transition vers le sommet de la pyramide n’est pas aussi facile que pour un voltigeur par exemple. D’un autre côté, leur rôle déterminant rehausse leur valeur.
« Ce sont deux perles et tu ne veux pas t’enfarger avec des espoirs de ce calibre et s’ils sont polies de la bonne manière, les Jays seront en voiture », a conclu Griffin qui entrevoit de beaux jours pour cette organisation.