Il n’y a pas si longtemps, le profil du premier frappeur d’un rôle offensif était un joueur rapide, qui avait comme but suprême de se rendre sur les sentiers. La puissance pour ce type de frappeur était un grand luxe.

Dans les années 1980, les équipes qui avaient deux gazelles dans le haut de leur rôle connaissaient beaucoup de succès, puisque ces joueurs dérangeaient les lanceurs et la défense adverse et se plaçaient en position de marquer pour les producteurs de points.

Le deuxième frappeur du rôle, qui avait aussi un objectif assez précis de s’assurer que le premier frappeur se retrouve en position de marquer, est en voie d’extinction. Les bonnes vieilles habitudes du baseball changent et le rôle offensif n’y fait pas exception.

Rappelez-vous l’an dernier lorsque John Gibbons avait placé Troy Tulowitzki au premier rang du rôle offensif, plusieurs se posaient des questions et dénigraient le gérant des Blue Jays. Pourtant, Toronto avait conservé une fiche de 22-5 lorsque « Tulo » agissait à titre de premier frappeur.

Cette année, pour secouer son joueur étoile Jose Bautista, Gibbons décide de l’insérer au premier rang du rôle offensif, surtout que personne ne faisait réellement le travail dans ce rôle. Le résultat est assez convaincant. Depuis ce temps, les Jays ont une fiche de 12-4.

Les Astros ont décidé d’agir de la sorte avec George Springer qui n’a pas le profil du premier frappeur, mais sa moyenne de présence sur les buts justifie le geste du gérant A.J. Hinch. Le résultat est aussi convaincant avec une fiche de 11-2. Maintenant, c’est au tour de Buck Schowalter, le gérant des Orioles, de tenter l’expérience avec Adam Jones. Les Orioles ont remporté quatre de leurs cinq derniers matchs.

Selon moi, il y a deux raisons principales qui justifient de placer un frappeur de puissance dans le rôle de premier frappeur. Tout d’abord, la moyenne de présences sur les buts demeure l’élément clé du premier frappeur. C’est lui qui donne le ton au match et qui peut mettre de la pression sur l’équipe adverse dès le départ.

Malgré une moyenne au bâton plutôt faible, Jose Bautista a toujours maintenu une moyenne de présence sur les buts entre ,360 et ,370. L’autre aspect est le rôle mental qu’offre ce rang. Le frappeur de puissance qui s’élance constamment pour la longue balle connaîtra assurément des ennuis. Les bons frappeurs vous diront qu’ils tentaient de frapper une balle d’aplomb quelque part et celle-ci a fini dans les gradins.

En insérant ces joueurs dans un rôle de faire contact avec la balle, on semble oublier l’aspect de défoncer les clôtures et le joueur retrouve son élan qui lui permet de frapper la balle avec plus de régularité et ainsi retrouver une puissance qui s’était perdue. Tout ça dans un but collectif de relancer une attaque. Force est d’admettre que j'aime bien l’idée et que les résultats sont, pour l’instant, assez surprenants.

Ajoutons au fait aussi que plusieurs gérants ont adopté l’idée d’insérer leur meilleur frappeur au 2e rang du rôle comme Andrew McCutchen avec les Pirates et Josh Donaldson avec les Jays. Mike Trout a aussi été inséré au 2e rang de la formation de son équipe. On pourrait discuter longtemps des avantages et inconvénients de ces décisions, mais les gérants ont le mérite d’être créatifs et tentent de faire bouger les choses dans la bonne direction.

Pensez aussi que sur une longue saison de 162 matchs, un frappeur de premier et deuxième rang va obtenir ente 50 et 75 présences au bâton de plus qu’un 4e ou 5e frappeur. Si vous aviez un frappeur ou deux à choisir pour obtenir ses présences additionnelles, pas une mauvaise idée d’avoir vos meilleurs.

Est-ce simplement un passage ou une nouvelle tendance? Difficile à dire. Par contre, avec l’émergence des jeunes lanceurs à bras puissant et des défenses spéciales, les frappeurs doivent s’ajuster et trouver des solutions afin de produire davantage. J’aime le fait que l’on sorte des vieilles habitudes et que l’on tente de nouvelles choses. Bienvenue dans l’ère du nouveau rôle offensif 2.0.