Le baseball majeur semble avoir plusieurs idées en tête afin d’améliorer le rythme d’une partie de baseball et c’est tant mieux. Notez ici que l’on parle de rythme et non de la durée d’un match. Parce qu’un bon match de baseball d’une durée de trois heures, il y en a beaucoup. Mais il y a aussi trop de matchs d’une durée supérieure à trois heures qui n’ont tout simplement pas de rythme. Comment en sommes-nous rendus-là?

L’attitude des frappeurs avant les années 90 était beaucoup plus axée sur le fait de mettre la balle en jeu. Si tu voyais un bon tir avant deux prises, tu t’élançais! On voyait aussi beaucoup de frappeurs s’élancer dès le premier tir. Le but sur balles n’était pas à la mode. Outre le premier frappeur, recevoir un but sur balles était poche!

Lorsque j’étais dans les rangs professionnels mineurs, il n’était pas rare d’entendre les joueurs d’une équipe crier après un frappeur qui soutirait plusieurs buts sur balles. On lui disait en anglais qu’il n’allait pas marcher (walk) jusque dans les Majeures!

Dans sa réflexion durant les années 90, le directeur général des A’s d’Oakland Billy Beane a changé la façon de raisonner en prouvant, avec les statistiques avancées, que le but sur balles avait une belle valeur. Le but sur balles est une présence sur les buts et donc une meilleure possibilité de marquer un point. L’ère « Money Ball » est apparue.

S’en sont suivis de nouvelles statistiques qui valorisent enfin les frappeurs patients et non seulement les frappeurs de puissance. Ainsi, le OPS (On-base % + Slugging % = OPS) est devenu une statistique déterminante chez un frappeur, au-delà de la fameuse moyenne au bâton. Tout ça pour dire que la majorité des frappeurs ont suivi la tendance d’être patient et d’attendre leur tir. Mais tout ça avait un prix et le prix était que les matchs, forcément, allaient s’étirer de plusieurs minutes.

Dans le baseball d’aujourd’hui, il n’est pas rare qu’un lanceur retire les trois frappeurs de la manche, mais ceux-ci ont forcé le lanceur à se rendre à trois comptes complets (3 balles 2 prises). Malgré les trois retraits, le lanceur a tout de même effectué près de 20 tirs. Cinq manches plus tard, le partant est déjà aux douches ( 5 manches x 20 tirs = 100 tirs). Par contre, personne ne va se plaindre si le lanceur ne perd pas de temps entre ses lancers.

Imaginez un lanceur qui prend le maximum de temps alloué de 20 secondes entre chaque lancer et un lanceur qui a du rythme et lance la balle toutes les 11 ou 12 secondes? Ce simple geste ferait gagner plus de 15 minutes à la durée d’un match, permettrait d’avoir du rythme et aiderait (croyez-moi) les joueurs en défense à être encore plus alertes.

Bien sûr, il y a d’autres facteurs tels que les frappeurs qui quittent le rectangle entre chaque tir et qui ajustent à peu près tout sur eux. Il y a aussi les pauses publicitaires entre les manches et les reprises vidéo. Mais comment s’imaginer que d’éliminer les quatre tirs d’un but sur balles intentionnels va changer quelque chose?

Tout d’abord, il y a à peine eu un but sur balles intentionnel par match en moyenne en 2016 (0,2).

De plus, on commence à toucher au jeu. On a déjà vu des mauvais lancers durant une séquence de but sur balles intentionnel. On a déjà vu un frappeur s’étirer et frapper la balle pour produire un point. J’ai moi-même déjà volé un but durant un tel jeu pour changer l’allure de la présence de mon coéquipier au bâton. Selon moi, cette règle est un coup d’épée dans l’eau.

Le nerf de la guerre dans ce dossier se passe au monticule. Par exemple, limiter le nombre de fois qu’un joueur, incluant le receveur, puisse rendre visite au lanceur. On abuse tellement de cette permission et ça casse le rythme. N’oublions pas qu’au baseball, c’est le joueur en défense (en l’occurrence le lanceur) qui a la balle contrairement aux autres sports où en attaque, l’équipe est en possession du ballon, de la rondelle, etc. Ce lanceur dicte directement l’allure et le rythme du match. Ne cherchez pas ailleurs, c’est là que le baseball devrait se concentrer.

Depuis deux ans, les lanceurs doivent respecter un temps de 20 secondes dans les rangs professionnels mineurs avec cadran à la vue de tous. Je ne voudrais pas que le baseball majeur en arrive là, mais d’éduquer les lanceurs à garder un bien meilleur rythme changerait bien des choses. Et oubliez l'idée d’éliminer la course sur les buts lors d’un circuit. Les gens paient pour voir des longues balles et savourer le tout lors de la course autour des buts.

Il faut éviter de dénaturer le sport comme la règle du but sur balles intentionnel. Gardons les frappeurs près du rectangle tel qu’il se doit. Assurons-nous que les lanceurs gardent un rythme de 12 à 15 secondes entre les tirs et que les joueurs ne jasent pas avec le lanceur à tout bout de champ et l’affaire serait ketchup!

Le baseball doit se concentrer sur le rythme du match. La durée d'un match en sera alors probablement celle souhaitée.