Raymond Daviault : Un lanceur qui aurait mérité d'être plus connu
MLB dimanche, 2 avr. 2017. 01:32 samedi, 14 déc. 2024. 06:25MONTRÉAL – « J’ai vu partir les Royaux, j’ai vu arriver et disparaître les Expos. J’espère maintenant vivre assez vieux pour les voir revenir. »
Ce souhait fort légitime, c’est celui de Raymond Daviault qui a joué une saison, en 1962, dans l’uniforme des Mets de New York. L’ancien lanceur fêtera bientôt son 83e anniversaire si bien qu’il réalise que la renaissance des Expos ne devra pas trop tarder.
À lire également
Il en aurait été autrement s’il avait évolué pour les Expos, mais le nom de Daviault a quelque peu sombré dans l’oubli au fil du temps. Ça n’enlève rien à son parcours fascinant dans une époque tellement différente.
Payé 8 000 $ pour appartenir aux Mets lors de la première saison de l’organisation, Daviault a vécu des tonnes de péripéties durant cette année de misère au niveau des résultats. En effet, les Mets ont établi un record de médiocrité avec 120 défaites, mais Daviault en a tout de même retiré énormément de plaisir et d’histoires savoureuses. Il se souvient notamment que le gérant Casey Stengel avait inscrit, sur sa formation de départ, le nom d’un joueur des... Yankees!
Grand conteur, Daviault était heureux comme un pape, samedi. Sourire imprimé sur son visage, il se promenait sur le terrain en regardant la pratique au bâton des Blue Jays de Toronto, mais surtout en racontant une multitude d’anecdotes de sa carrière.
« Il y a un joueur qui m’avait impressionné quand il était venu me donner la main, c’est Stan Musial. Il était passé devant moi dans le champ et il avait dit ‘Hey Ray’. J’étais vraiment étonné qu’il me connaisse, ça m’avait touché », a-t-il dit en parlant du légendaire joueur.
« Raymond, c’est le doyen du groupe et il a joué pour les Royaux. Il est très drôle et il peut vous raconter des histoires de Casey Stengel pendant des heures. Il est encore en assez bonne santé, c’était bien de le voir », a convenu Claude Raymond qui est sorti gagnant de son association de trois ans avec les Expos.
Autant que Daviault était ravi de replonger dans ses souvenirs, autant qu’il était comblé de rencontrer Éric Gagné. Les yeux brillants, Daviault s’est entretenu avec le récipiendaire du trophée Cy Young pendant quelques minutes en lui expliquant qu’il a joué dans l’organisation des Dodgers – au niveau mineur – pendant sept ans.
Daviault a également capté l’attention de John Gibbons, le gérant des Jays. Il lui a appris qu’il avait été le premier joueur à porter le numéro 35 avec les Mets. Le même numéro que Gibbons a endossé plus tard avec cette équipe. Le lien entre les deux hommes s’est poursuivi car Gibbons a été dirigé par Chuck Hiller qui a été le coéquipier de Daviault.
Le lanceur droitier s’est grandement amusé en grâce à sa passion, mais la réalité de son époque était tellement plus éprouvante que celle des joueurs d’aujourd’hui.
« Dans mon temps, on partait l’année dans le trou. On allait au camp d’entraînement et je devais emprunter de l’argent parce que je n’étais pas payé. Quand la saison finissait, j’étais à mon autre job (chez De Luxe Paper) dès le lendemain », a raconté celui qui était accompagné de ses petits-fils pour cette journée mémorable.
Blessé au coude droit, Daviault a dû abandonner sa carrière sur le terrain en 1963. Déjà père de trois enfants, il ne pouvait pas se permettre de se retrouver sur la touche après une opération sans être payé.
Évidemment, il aurait rêvé de jouer plus longtemps dans le baseball majeur, mais il ressent une grande fierté de s’être accroché dans les mineures pour atteindre son but.
« Je suis surtout content de m’être rendu et d’avoir joué. Ça faisait 10 ans que je jouais dans les mineures. La partie d’ouverture était à St Louis et j’étais vraiment fier; j’en pleurais. Encore aujourd’hui, ça m’arrive d’y repenser en me disant que c’était le plus beau feeling que je pouvais vivre », a confié Daviault qui a évolué pour les Royaux de Montréal en 1957 et 1958.
Retraité depuis 26 ans, Daviault vit paisiblement à Notre-Dame-de-la-Merci et il était heureux de laisser à Claude Raymond le privilège d’effectuer le lancer protocolaire avant la partie.
« Il y a environ quelques années, ils m’avaient invité aux Capitales à Québec pour le faire et j’avais lancé 10 pieds à côté du receveur », s’est rappelé, en riant de bon cœur, Daviault qui a aussi travaillé pour O'Keefe et Molson.
Aumont à la retraite pendant que Gagné veut revenir
Si Daviault ne voulait rien savoir de se voir confier la balle pour le premier lancer, Phillippe Aumont se retrouvait dans une situation particulière. Le grand droitier de 28 ans a opté pour une retraite hâtive et il a été honoré alors qu’il possède encore les aptitudes pour lancer dans le baseball majeur.
Cela dit, Aumont ne regrette pas sa décision.
« Ça me manque et ça ne me manque pas. J’avais besoin d’un pas de recul, il y a eu des décès dans ma famille et c’était difficile de se concentrer avec tout ça », a répondu Aumont.
« Je ne pense pas que je vais ressentir de sentiment étrange par rapport au match. C’est un honneur pour moi d’être présent même si je me suis retiré jeune. Si on peut inspirer quelques jeunes dans la foule, tant mieux », a-t-il enchaîné.
L’ironie ne s’arrête pas là pour Aumont. Éric Gagné, qui l’a aidé dans son entraînement dans les dernières années, tente un retour à 41 ans. En pensant aux épreuves traversées qui ont compliqué sa tâche, Aumont ne peut que s’incliner devant la ténacité de Gagné.
« Il est fort, physiquement et mentalement. C’est une bête, je pense qu’il peut réussir. Ça s’est bien passé à la Classique mondiale, il l’a encore en lui », a déterminé Aumont.
Éric Cyr et Steve Green ont respectivement joué pour les Padres de San Diego en 2002 et les Angels d’Anaheim en 2001. Les deux lanceurs étaient comblés de participer à cette hommage aux joueurs québécois.
« C’est agréable qu’on reconnaisse les choses qu’on a accomplies. L’effet devrait ressembler à celui de mon premier match dans les majeures. C’était contre les Yankees, c’était super impressionnant », a indiqué Cyr qui a aussi représenté le Canada aux Jeux olympiques en 2004 et à la Classique mondiale de baseball.
De son côté, l’expérience de Green s’est limitée à une partie, mais il peut se vanter d’un fait inusité.
« J’ai fait un départ le 7 avril 2001 (2 points mérités en 6 manches de travail contre les A’s) et ils m’ont rétrogradé tout de suite dans le AAA. Je me suis blessé au coude et j’ai passé toute l’année dans les majeures en 2002, mais comme blessé. Techniquement, j’ai gagné la Série mondiale, mais je n’étais pas là », a-t-il exprimé.