À la même date l’an dernier, les Blue Jays de Toronto savaient très bien que David Price ne lancerait pas pour eux en 2016. Au lieu de le remplacer en mettant sous contrat un autre lanceur partant de premier plan à gros prix, les Jays se sont tournés vers Marco Estrada en le mettant sous contrat pour deux ans (26 M$) et J.A. Happ pour trois ans (36 M$).

La recette a très bien fonctionné puisque ces deux joueurs ont eu une fiche combinée de 29-9 et une moyenne de points mérités autour de 3,25 en 2016. Personne ne s’est ennuyé de David Price et de son contrat de 217 M. Le scénario se répète cette année avec Jose Bautista et Edwin Encarnacion, qui ont refusé l’offre qualificative des Jays. Ces derniers ont par ailleurs déjà trouvé leur frappeur de choix pour les trois prochaines années en mettant sous contrat Kendrys Morales (30 circuits, 93 points produits en 2015 avec Kansas City).

Cela signifie selon moi la fin de cette belle association entre les Blue Jays et Encarnacion, qui a de fortes chances de se retrouver avec une équipe de la division Est de l’Américaine, et le départ souhaité de Bautista. Encarnacion était un leader silencieux dans le vestiaire, mais combien bruyant avec son bâton. Bautista a connu d’excellentes saison avec Toronto, mais son attitude pesait lourd et commençait à tomber sur les nerfs de bien des joueurs.

En signant Morales pour trois ans, les Jays ne tombent pas dans le panneau d’un long et lourd contrat pour un joueur de 33 ans, le même âge qu’Encarnacion. De plus, Morales est frappeur ambidextre et vient donc équilibrer en quelque sorte un rôle offensif très droitier avec Josh Donaldson, Troy Tulowitzki et Russell Martin. Mais les Jays n’ont pas terminé puisqu’il faudra aussi trouver un voltigeur. J’ai eu vent que les Jays avaient amorcé des discussions avec les Rockies du Colorado pour Carlos Gonzalez. L’excellent frappeur gaucher qui a selon moi, un des plus beaux élans du baseball, est encore sous contrat pour la saison 2017, mais deviendra joueur autonome par la suite. Si jamais les Jays trouvaient une façon de se retrouver avec Gonzalez dans leur formation, il n’y a pas de doute qu'ils seraient encore très dangereux en 2017.

Sans trompettes ni tambours, les Jays ont également mis sous contre le jeune cubain Lourdes Gurriel fils, le frère de Yulieski, que les Astros de Houston ont mis sous contrat l’été dernier et le fils du célèbre Lourdes Gurriel, qui a été un grand joueur de l’équipe nationale dans les années 80. L’autre frère Gurriel, Yunieski, a déjà évolué pour les Capitales de Québec. Le pari des Jays est intéressant puisque l’on parle d’un contrat de sept ans évalué à 22 M$ pour un jeune de 23 ans. On est loin du 72,5M $ à Rusney Castillo des Red Sox de Boston, qui est incapable de percer la formation.

D’ailleurs, le contrat octroyé à Castillo n’aide pas les futurs joueurs cubains et amène une réflexion profonde d’inclure éventuellement un repêchage international pour les joueurs latins, incluant les Cubains. Je m’explique. Prenons le meilleur joueur au monde à titre d’exemple, Mike Trout. Repêché en 2009 en première ronde, Trout reçoit un boni de signature de 1,2M $. Il atteint les Majeures en 2011 et devient un joueur étoile en 2012 et vous connaissez le reste. Après avoir eu le salaire minimum, Trout n’avait qu’un salaire de 1 M$ en 2014 et de 6 M$ en 2015 avant de signer un important contrat. En 2016, Trout a touché un salaire de 20 M$, mais le gars a jusqu’ici frappé 168 circuits, produit près de 500 points et aurait pu être le joueur le plus utile de la ligue à chacune des saisons.

Malgré tout, il n’est pas encore atteint en salaire le contrat de 72,5 M$ de Castillo. En fait, malgré le succès de Trout, il n’atteindra ce montant qu’en 2018, neuf ans après sa mise sous contrat. Tout cela pour réaliser que le contrat de Castillo ne faisait aucun sens et que les équipes sont maintenant très prudentes avec les joueurs cubains. Les Jays semblent avoir fait un bon coup avec Gurriel, mais rappelons-nous que le jeune n’a joué aucun match dans le baseball majeur. En instaurant un repêchage international, on évite un tel débordement et équilibre les possibilités de chacune des équipes de repêcher les excellents joueurs latins. À suivre!

Les Jays semblent donc décidés d’agir rapidement pour connaître le plus tôt possible leur alignement en prévision de la saison 2017. Il faudra aussi se concentrer à garnir l’enclos des releveurs afin de supporter Roberto Osuna. Mais la recette de l’an dernier a bien servi Toronto, et j’ai bien l’impression que l’on préfère deux bons joueurs polyvalents pour remplacer une vedette parfois unidimensionnelle.