Une relation d'amour qui se poursuit entre Tim Raines et la ville de Montréal
MLB jeudi, 30 mars 2017. 22:27 vendredi, 13 déc. 2024. 14:01MONTRÉAL – En 2001, onze ans après son départ de Montréal, Tim Raines avait reçu une magnifique et mémorable ovation quand il est revenu jouer dans l’uniforme des Expos. Vendredi soir, il sera honoré en tant que futur membre du Temple de la renommée et le béton du Stade olympique risque d’en vibrer.
C’est simple, l’histoire d’amour entre Raines et le Québec ne s’estompe pas. Les partisans des Expos sont tombés en admiration avec ce marchand de vitesse autant spectaculaire qu’efficace dès ses premiers pas – de course – avec les Expos en 1979 à l’âge de 19 ans.
« Personne ne savait qui j’étais, mais dès mon premier but volé, j’ai senti quelque chose (de spécial) », a décrit Raines en parlant de la réaction des gens à son endroit.
Depuis ce temps, il a toujours été un chouchou de la foule qui lui a fait sentir chaque fois qu’elle a en eu l’occasion.
« Cette fois, la plus grosse différence, c’est que je me présenterai comme un membre du Temple de la renommée », a ajouté Raines qui réalise graduellement qu’un hommage d’envergure lui sera réservé.
Évidemment, cette nuance n’est pas banale puisque Raines a dû patienter pendant 10 ans, jusqu’à sa toute dernière année d’admissibilité pour recevoir cette récompense ultime. De plus, les amateurs et les médias du Québec, et même du Canada, figurent parmi ceux qui ont le plus poussé pour lui.
« Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, mais plus je parle avec Rodger (Brulotte) et plus je comprends que ce sera assez gros. Quand il dit que ce sera gros, c’est que ce sera le cas », a rigolé Raines qui s’est justement adressé aux médias avant une soirée à son honneur – et au profit du baseball amateur québécois - organisée par Brulotte.
Originaire de la Floride, Raines s’est forgé une place dans le cœur des fidèles des Expos grâce à son jeu, mais également par sa personnalité attachante et sympathique. L’homme de 57 ans n’a pas changé et il a tenu à remercier les gens d’ici.
« Merci (a-t-il dit en français). C’est un honneur, c’est pratiquement l’endroit où j’ai grandi. J’ai traversé de bons et de mauvais moments, mais plus de positifs. On a eu beaucoup de plaisir. Je suis vraiment excité et honoré », a déclaré Raines en avouant avoir été envahi par les émotions dès qu’il a reçu l’appel du commissaire du baseball confirmant qu’il sera intronisé à Cooperstown à la fin juillet.
Si plusieurs joueurs ont critiqué sans retenue le Stade olympique et surtout sa surface peu accueillante de l’époque, Raines constitue une exception.
« Je n’ai jamais rien dit de négatif envers le Stade olympique et je ne le ferai jamais parce que j’y ai vécu trop de beaux moments. On a entendu des tonnes d’histoires négatives sur la surface de jeu qui était trop dure, mais ça m’a quelque peu avantagé (avec son style de jeu) et ça ne me dérangeait pas. Comme ma maison ou mon terrain de jeu, j’en connaissais tous les détails. Je ressens encore la même chose et c’est la raison pour laquelle je suis émotif chaque fois que je m’y présente », a commenté Raines qui sera touché, vendredi soir, lorsque les dizaines de milliers de spectateurs l’ovationneront à tout rompre.
Montréal, une ville de baseball?
En raison de l’agonie traversée par les Expos avant leur départ (en 2004), certains observateurs croient que Montréal ne représente pas une ville de baseball. Pourtant, la métropole a toujours connu du succès aux guichets lors des meilleures années des Expos si bien que Raines saurait quoi dire à ces dénigreurs.
« Ils ne savent pas de quoi ils parlent ! J’ai joué ici pendant plus d’une décennie. Le Stade olympique est l’un des endroits les plus excitants dans le sens de l’engouement des gens quand la foule est imposante », a-t-il répliqué.
« Montréal n’a pas besoin de personne pour se faire dire qu’elle est une ville de baseball », a clamé l’ancien voltigeur qui cache quelques détails moins invitants de Montréal (comme le froid) quand il est questionné sur le sujet.
Le portrait était si intéressant durant son premier séjour avec Montréal (1979 à 1990) que Raines n’aurait pas pu imaginer le départ des protégés de Youppi.
« Je n’aurais jamais pensé que Montréal allait perdre son équipe. J’étais là pour le dernier match comme l’un des instructeurs et c’était très difficile émotivement comme départ. Au moins, les chances d’un retour sont très bonnes et je n’aurais pas envisagé ça il y a 10 ans », a évoqué l’auteur de 808 buts volés en carrière.
Coéquipier à vie avec Andre Dawson
Après la saison 1986, Raines a dû se séparer de son ami et « grand frère », Andre Dawson, qui a quitté pour s’établir avec les Cubs de Chicago.
Puisqu’il était costaud, intimidant et plus vieux, Raines a tardé avant d’avoir le courage de s’adresser à Dawson. Au fil du temps, les voltigeurs sont devenus des copains inséparables alors que Dawson a guidé Raines à travers les pièges de la vie.
En effet, en 1982, Raines est allé voir Dawson pour l’aider à s’extirper de ses problèmes de drogue et leur amitié n’a cessé de croître par la suite. Dans quatre mois, Raines ira donc rejoindre son « sauveur » au Temple de la renommée.
« Ce sera spécial d’être avec lui dans ce club sélect. On pourra maintenant dire qu’on est des coéquipiers à vie, enfin ! », a convenu Raines avec joie.
« Dès son entrée, il a parlé de ma candidature dans son discours. Notre amitié remonte à longtemps et je peux honnêtement dire qu’il est la raison expliquant l’homme que je suis devenu », a enchaîné Raines à propos de l’homme avec lequel il communique encore très souvent.
Par le fait même, Raines retrouvera aussi Gary Carter (décédé hâtivement en 2012) et c’est significatif à ses yeux.
« J’ai grandi avec Carter et Dawson. Je ne crois pas que plusieurs équipes peuvent se vanter d’avoir trois joueurs de la même époque au Temple de la renommée. De plus, je suis le seul qui a eu la chance de jouer avec Dawson, Carter et Vladimir Guerrero qui pourrait également être admis. C’est très spécial à mes yeux », a noté Raines.
Un avant-goût révélateur au Centre Bell
Une journée préalablement à son hommage au Stade olympique, Raines a vécu un moment particulier en effectuant la mise au jeu protocolaire menant au match entre le Canadien et les Panthers de la Floride.
Accompagné de ses ravissantes jumelles de six ans et de sa femme (qui est originaire d’Ottawa), The Rock a ressenti une première vague d’amour via une ovation très chaleureuse.
Cette soirée bien spéciale lui a rappelé une anecdote savoureuse.
« Je n’ai jamais quelque chose comme ça auparavant à ce niveau. Mais, à l’âge de 21 ou 22 ans, j’ai mis les patins pour une première fois. Venant de Floride, je n’avais jamais vu de patins, je n’étais jamais allé dans un aréna et je n’avais jamais même pensé à le faire. Rodger m’avait dit de mettre les patins, mais sans m’offrir de casque. Je tentais de mon mieux de rester debout et quand j’ai voulu lancer la rondelle, je me suis retrouvé les quatre fers en l’air. Je me suis cogné la tête et je suis resté étendu pendant plusieurs minutes ! », a narré Raines, en souriant, pendant que Brulotte confiait qu’il en a été quitte pour une visite dans le bureau de John McHale (le grand patron des Expos à l’époque) dès le lendemain.
Pour compléter le tout, Raines a révélé que ses filles suivent maintenant des cours de patinage.