NEW YORK - Le chandail des Yankees de Joe DiMaggio de 1948, avec un bandeau noir sur la manche pour commémorer le décès de Babe Ruth cette année-là. Un téléscope utilisé par les Giants pour intercepter les signaux des receveurs depuis le champ centre au Polo Grounds, ce qui les a probablement aidés à remporter la Série mondiale de 1951. La casquette portée par le lanceur Johnny Podres lorsqu'il a mené les Dodgers à leur victoire lors de la série de 1955.

Il ne s'agit là que de quelques objets historiques qui seront présentés dans le cadre d'une nouvelle exposition lancée ce mois-ci, intitulée "The Glory Days", qui traite des années 1947 à 1957, une période pendant laquelle les trois équipes de la ville de New York dominaient la ligue du baseball majeur comme jamais auparavant. Leur série victorieuse n'a pris fin que lorsque deux d'entres elles ont déménagé pour la Californie, ce qui a changé le monde du baseball pour toujours.

C'était une époque où au moins une des équipes de Gotham atteignait la Série mondiale à chaque année sauf une (1948), où le joueur des Dodgers Jackie Robinson est devenu le premier joueur noir de l'histoire du baseball, où le Giant Bobby Thomson a frappé le coup de circuit qui a été surnommé "le coup entendu autour du monde", et où Brooklyn a finalement vaincu les Yankees dans un championnat mondial.

Mais ce n'était pas seulement ça, affirme John Thorn, un historien du sport et une sommité du baseball qui a édité un nouveau livre, aussi intitulé "The Glory Days", et qui est consultant pour l'exposition qui ouvrira ses portes le 27 juin et se poursuivra jusqu'au 31 décembre au Museum of the City of New York.

"Non seulement c'était l'âge d'or du baseball new-yorkais, mais c'était la plus grande période de l'histoire de la ville de New York", lance M. Thorn dans un interview.

"Il y avait la prospérité d'après-guerre, et la dévastation de la guerre dans les villes européennes faisait de New York la première ville au monde, une porte d'entrée en or pour un nouveau groupe d'immigrants."

Même si New York a souffert à la suite de l'expansion du baseball majeur qui a envoyé les Giants à San Francisco et les Dodgers à Los Angeles en 1958, "c'était bon pour le reste du pays. C'est officiellement devenu le 'passe-temps national', et ça a confirmé ce que ces villes savaient déjà - qu'elles étaient des villes du calibre de la grande ligue", fait valoir l'historien.

Le livre "The Glory Days", publié par la division Collins de l'éditeur HarperCollins, présente des essais de 10 écrivains, chacun s'intéressant à un aspect en particulier du baseball: Jules Tygiel parle de l'intégration raciale; Jane Leavy, dans "Forever Mick", s'intéresse aux mérites relatifs de Mickey Mantle, Willie Mays et Duke Snider; le journaliste sportif du New York Times George Vecsey discours sur la couverture médiatique de l'époque. D'autres sujets sont évoqués, notamment les terrains de jeu, les partisans, les meilleurs jeux, ainsi que les plus grands joueurs et gérants.

En tant qu'événement accompagnateur du livre, l'exposition du musée touche des sujets similaires, mais ne tente pas de se faire l'émule du Temple de la renommée du baseball de Cooperstown, dans l'Etat de New York, prévient M. Thorn.

En plus de ses photographies, ses extraits de film, ses bagues de Série mondiale, ses trophées et ses pièces d'équipement, l'exposition comprend plusieurs pièces de collection du baseball, comme des passes de médias du Yankee Stadium pour les séries mondiales de 1947 et 1953; une publicité de Wheaties de Jackie Robinson et une balle signée par les Dodgers de 1953.

Même s'il existe un aspect de "sanctuaire religieux" à certaines des pièces exposées, comme les uniformes, le bâton de Bobby Thomson (mais pas LE bâton, qui est à Cooperstown) et le gant de Willie Mays - "là où les triples vont pour mourir" -, M. Thorn préfère dire qu'il s'agit de "choses qui auraient dû être jetées mais qui ont survécu d'une façon ou d'une autre".

L'exposition est empreinte de certaines touches de nostalgies, dont un verre Dixie qui porte toujours des marques de crème glacée; un ruban souvenir de 10 cents des Dodgers d'Ebbets Field; une carte de baseball avec des courbures parallèles, signe qu'elle a déjà été placée entre les rayons d'une roue de bicyclette.

"Nous ne tentons pas de réaliser une présentation digne de Sotheby's ou Christie's, avec les souvenirs les plus impressionnants, en parfaite condition. Nous tentons de recréer une ère par le biais de certains objets qui ont survécu par amour", précise John Thorn.