Orioles et Pirates: méconnaissables
Baseball samedi, 26 juin 2010. 20:17 samedi, 14 déc. 2024. 04:33
Jadis, la tradition dans le baseball voulait que les équipes en tête de l'Américaine et de la Nationale, le 4 juillet, fête nationale des Américains, s'affrontent en Série Mondiale à l'automne.
Les temps ont naturellement changé, avec les nombreux clubs et divisions en plus des séries éliminatoires. C'est sûr et certain, comme on dirait, qu'il est plus facile aujourd'hui de prédire, le 4 juillet, qui finira dernier.
C'est donc avec tristesse que je constate que les Pirates de Pittsburgh et les Orioles de Baltimore, constituent cette année les formations les plus médiocres du baseball majeur avec des fiches minables aux chapitres du pourcentage de victoires et de défaites, de parties en arrière des meneurs et naturellement au niveau des assistances. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, ces deux équipes étaient reconnues comme les plus respectées dans le baseball majeur. Cette année, Pittsburgh connait sa 18e saison perdante consécutive et Baltimore sa 13e. Ouf!
Quand je pense aux Orioles, les noms de Dennis Martinez, Dave McNally et Ken Singleton, qui ont porté l'uniforme des Expos, reviennent à la surface, en plus des Jim Palmer, Brooks Robinson, Mark Belanger et j'en passe. Ces étoiles étaient disparues, quand les Orioles ont abandonné le vieux Memorial Stadium pour se retrouver à leur nouveau stade de Camden Yards en 1992. Mais l'arrivée de Cal Ripken s'est avérée un réel tonique pour la concession de Baltimore, qui s'est classée en séries éliminatoires en 1996 comme meilleur deuxième, pour gagner le championnat de la division Est de la Ligue Américaine en 1997, attirant même 3,7 millions de spectateurs à domicile. C'est du monde à messe.
Dave McNally avait été obtenu par les Expos dans une transaction tout simplement désastreuse. Un dimanche après-midi au Parc Jarry, le fameux gaucher avait perdu le premier match d'un programme double, se retrouvant avec une fiche pitoyable de 1-5. En pénétrant dans le vestiaire des Expos pour connaître la réaction de l'artilleur perdant, Bob Bailey m'avait dit: "Jaypee, ne cherche pas McNally. "HE IS GONE" et n'accompagnera pas l'équipe à Los Angeles ce soir. On ne le reverra jamais." Sur l'avion qui transportait l'équipe en Californie après la deuxième partie, McNally brillait bien par son absence et le directeur général Jim Fanning n'avait jamais voulu confirmer aux journalistes, ce que Bailey avait dit.
Personnellement, Baltimore restera toujours gravé dans ma mémoire longtemps, parce qu'à titre de président national de la "Baseball Writers Assciation of America", j'avais été marqueur officiel de la Série Mondiale de 1979 entre Baltimore et Pittsburgh. Les Pirates, avec l'ancien Expos Tim Foli à l'arrêt-court, l'avaient emporté en sept et qui avait frappé le circuit décisif de la victoire? Facile celle-là. Pas de cigare. Willie Stargell. Je me souviens que le premier match de cette série avait été contremandé à cause de la...neige. Sur la tête de ma défunte mère.
À sa dernière saison et naturellement sa dernière visite à Montréal, Willie Stargell, bien installé dans sa chaise berçante dans le vestiaire des Pirates, avait été questionné par mon confrère Gilles Vachet du "Journal de Montréal", relativement à ses plans d'avenir. Willie, un pince sans rire reconnu, lui avait répondu, sérieux comme un pape: "Je tenterai de devenir le premier "goaler" noir de la Ligue nationale". Ayoye! Willie n'avait peut-être jamais entendu parler de Grant Fuhr. On passe à un autre appel.
Les Pirates, une rigolade
Visiter le vestiaire des Pirates après un match -- victoire ou non-- en valait le coup. Un cirque. Une vraie rigolade. Il faudrait absolument souligner que le gérant du temps, Chuck Tanner, laissait la porte de la chambre des joueurs grande ouverte et que tout le monde, qui le voulait bien, y avait accès. Gens des médias ou pas. Plus tard, les autorités du baseball ont soupçonné des gens pas trop catholiques et qui n'avaient rien à foutre avec le baseball, de pénétrer dans le vestiaire des Pirates pour rencontrer des joueurs et certainement pas pour obtenir leurs autographes.
Avec le temps, le climat a complètement changé chez les Pirates alors que les autorités du baseball ont resserré le programme de sécurité. Mais dans le temps, les Pirates gagnaient. C'est ce qui compte, semble-t-il.
Elroy Face, un phénomène
Comment parler des Pirates sans mentionner le nom du releveur Elroy Face, ce menuiser de son métier n'avait rien d'un Hulk Hogan à 5'8" et 155 livres, mais il avait du cran, du courage et surtout du cœur. Et il était un gagnant, comme le prouve sa fiche incroyable de 18-1 en 1959. Bilan de 18-1 pour un releveur dans le baseball majeur? Impossible? Oui aujourd'hui, Mais réel en ce temps-là.
Toujours est-il que dix ans plus tard, le 29 avril 1969, ce petit bout d'homme s'est retrouvé avec les Expos, qui recherchaient de gros noms pour remplir le parc Jarry. Son premier mach contre les Giants de San Francisco et ce dès sa première journée à Montréal, fut spectaculaire. Il faut dire que la mise en scène était signée Gene Mauch, le gérant de nos Amours à l'époque. Gene avait le sens du spectacle et réalisait que sa tâche était de vendre le baseball à Montréal.
À un certain moment, Mauch envoya donc Elroy au monticule avec les buts remplis et aucun retrait. Pour un vétéran comme Face, y avait rien là. Il tira une fois de plus son épingle du jeu en retirant dans l'ordre les trois premiers frappeurs à lui faire face, dont le redoutable Willie McCovey pour le troisième retrait.
Entouré de journalistes dans le vestiaire des Expos après le match, Elroy Face déclara: "Il est vrai que je me suis retrouvé dans de telles situations à maintes reprises au cours de ma carrière de 16 ans dans les majeures, mais jamais en première manche."
Face n'a pas fait vieux os avec les Expos. Il était fini. Au mois d'août, il tira sa révérence après avoir conservé une fiche de 4-2 avec cinq sauvetages en 44 présences au monticule. Il a touché 22 000$ pour trois mois de travail. Il était satisfait. Son meilleur salaire avec les Pirates n'avait jamais dépassé 42 000$ par saison et ce même après sa phénoménale saison de 18-1 en 1959 et la conquête de la Série Mondiale par Pittsburgh en 1960 contre les Yankees.
"Je n'ai jamais compris comment Elroy Face n'a pas été admis au Temple de la renommée du baseball" a toujours prétendu l'ancien releveur des Braves et des Expos, Claude Raymond.
"Frenchie", il y a bien des choses qu'on ne comprendra jamais dans la vie.
Le mot de la fin
Il n'y a pas si longtemps, on disait: "Le Lightning et Vincent Lecavalier seront au Centre Bell prochainement."
Aujourd'hui, on dit: "Le Lightning et Guy Boucher seront les visiteurs au Centre Bell".
Autres temps, autres mœurs!
Les temps ont naturellement changé, avec les nombreux clubs et divisions en plus des séries éliminatoires. C'est sûr et certain, comme on dirait, qu'il est plus facile aujourd'hui de prédire, le 4 juillet, qui finira dernier.
C'est donc avec tristesse que je constate que les Pirates de Pittsburgh et les Orioles de Baltimore, constituent cette année les formations les plus médiocres du baseball majeur avec des fiches minables aux chapitres du pourcentage de victoires et de défaites, de parties en arrière des meneurs et naturellement au niveau des assistances. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, ces deux équipes étaient reconnues comme les plus respectées dans le baseball majeur. Cette année, Pittsburgh connait sa 18e saison perdante consécutive et Baltimore sa 13e. Ouf!
Quand je pense aux Orioles, les noms de Dennis Martinez, Dave McNally et Ken Singleton, qui ont porté l'uniforme des Expos, reviennent à la surface, en plus des Jim Palmer, Brooks Robinson, Mark Belanger et j'en passe. Ces étoiles étaient disparues, quand les Orioles ont abandonné le vieux Memorial Stadium pour se retrouver à leur nouveau stade de Camden Yards en 1992. Mais l'arrivée de Cal Ripken s'est avérée un réel tonique pour la concession de Baltimore, qui s'est classée en séries éliminatoires en 1996 comme meilleur deuxième, pour gagner le championnat de la division Est de la Ligue Américaine en 1997, attirant même 3,7 millions de spectateurs à domicile. C'est du monde à messe.
Dave McNally avait été obtenu par les Expos dans une transaction tout simplement désastreuse. Un dimanche après-midi au Parc Jarry, le fameux gaucher avait perdu le premier match d'un programme double, se retrouvant avec une fiche pitoyable de 1-5. En pénétrant dans le vestiaire des Expos pour connaître la réaction de l'artilleur perdant, Bob Bailey m'avait dit: "Jaypee, ne cherche pas McNally. "HE IS GONE" et n'accompagnera pas l'équipe à Los Angeles ce soir. On ne le reverra jamais." Sur l'avion qui transportait l'équipe en Californie après la deuxième partie, McNally brillait bien par son absence et le directeur général Jim Fanning n'avait jamais voulu confirmer aux journalistes, ce que Bailey avait dit.
Personnellement, Baltimore restera toujours gravé dans ma mémoire longtemps, parce qu'à titre de président national de la "Baseball Writers Assciation of America", j'avais été marqueur officiel de la Série Mondiale de 1979 entre Baltimore et Pittsburgh. Les Pirates, avec l'ancien Expos Tim Foli à l'arrêt-court, l'avaient emporté en sept et qui avait frappé le circuit décisif de la victoire? Facile celle-là. Pas de cigare. Willie Stargell. Je me souviens que le premier match de cette série avait été contremandé à cause de la...neige. Sur la tête de ma défunte mère.
À sa dernière saison et naturellement sa dernière visite à Montréal, Willie Stargell, bien installé dans sa chaise berçante dans le vestiaire des Pirates, avait été questionné par mon confrère Gilles Vachet du "Journal de Montréal", relativement à ses plans d'avenir. Willie, un pince sans rire reconnu, lui avait répondu, sérieux comme un pape: "Je tenterai de devenir le premier "goaler" noir de la Ligue nationale". Ayoye! Willie n'avait peut-être jamais entendu parler de Grant Fuhr. On passe à un autre appel.
Les Pirates, une rigolade
Visiter le vestiaire des Pirates après un match -- victoire ou non-- en valait le coup. Un cirque. Une vraie rigolade. Il faudrait absolument souligner que le gérant du temps, Chuck Tanner, laissait la porte de la chambre des joueurs grande ouverte et que tout le monde, qui le voulait bien, y avait accès. Gens des médias ou pas. Plus tard, les autorités du baseball ont soupçonné des gens pas trop catholiques et qui n'avaient rien à foutre avec le baseball, de pénétrer dans le vestiaire des Pirates pour rencontrer des joueurs et certainement pas pour obtenir leurs autographes.
Avec le temps, le climat a complètement changé chez les Pirates alors que les autorités du baseball ont resserré le programme de sécurité. Mais dans le temps, les Pirates gagnaient. C'est ce qui compte, semble-t-il.
Elroy Face, un phénomène
Comment parler des Pirates sans mentionner le nom du releveur Elroy Face, ce menuiser de son métier n'avait rien d'un Hulk Hogan à 5'8" et 155 livres, mais il avait du cran, du courage et surtout du cœur. Et il était un gagnant, comme le prouve sa fiche incroyable de 18-1 en 1959. Bilan de 18-1 pour un releveur dans le baseball majeur? Impossible? Oui aujourd'hui, Mais réel en ce temps-là.
Toujours est-il que dix ans plus tard, le 29 avril 1969, ce petit bout d'homme s'est retrouvé avec les Expos, qui recherchaient de gros noms pour remplir le parc Jarry. Son premier mach contre les Giants de San Francisco et ce dès sa première journée à Montréal, fut spectaculaire. Il faut dire que la mise en scène était signée Gene Mauch, le gérant de nos Amours à l'époque. Gene avait le sens du spectacle et réalisait que sa tâche était de vendre le baseball à Montréal.
À un certain moment, Mauch envoya donc Elroy au monticule avec les buts remplis et aucun retrait. Pour un vétéran comme Face, y avait rien là. Il tira une fois de plus son épingle du jeu en retirant dans l'ordre les trois premiers frappeurs à lui faire face, dont le redoutable Willie McCovey pour le troisième retrait.
Entouré de journalistes dans le vestiaire des Expos après le match, Elroy Face déclara: "Il est vrai que je me suis retrouvé dans de telles situations à maintes reprises au cours de ma carrière de 16 ans dans les majeures, mais jamais en première manche."
Face n'a pas fait vieux os avec les Expos. Il était fini. Au mois d'août, il tira sa révérence après avoir conservé une fiche de 4-2 avec cinq sauvetages en 44 présences au monticule. Il a touché 22 000$ pour trois mois de travail. Il était satisfait. Son meilleur salaire avec les Pirates n'avait jamais dépassé 42 000$ par saison et ce même après sa phénoménale saison de 18-1 en 1959 et la conquête de la Série Mondiale par Pittsburgh en 1960 contre les Yankees.
"Je n'ai jamais compris comment Elroy Face n'a pas été admis au Temple de la renommée du baseball" a toujours prétendu l'ancien releveur des Braves et des Expos, Claude Raymond.
"Frenchie", il y a bien des choses qu'on ne comprendra jamais dans la vie.
Le mot de la fin
Il n'y a pas si longtemps, on disait: "Le Lightning et Vincent Lecavalier seront au Centre Bell prochainement."
Aujourd'hui, on dit: "Le Lightning et Guy Boucher seront les visiteurs au Centre Bell".
Autres temps, autres mœurs!