À quand le rappel de Pierre-Luc Laforest par les Devil Rays de Tampa Bay ? Le moins que l'on puisse dire c'est que les rumeurs vont bon train ! Les plus optimistes s'étaient hasardés à dire que l'actuel # 21 des Bulls de Durham serait promu dès le retour de la pause du match des étoiles. D'autres soutiennent que le mois de septembre est plus vraisemblable.

Texte de Claudia Morissette, agent de communication de la LBÉQ

Cette semaine, la blessure de Ben Grieve, frappeur désigné pour les Rays maintenant à l'écart pour le reste de la saison, a ravivé le débat. Aux journalistes qui lui ont posé la question, le gérant Lou Piniella a répondu qu'il aimerait voir comment Laforest, qui démontre actuellement de belles qualités offensives (.290 en 93 apparitions, dont huit circuits et cinq doubles), se défendrait dans les majeures, et ce possiblement après le 31 juillet.

Quant au principal intéressé, il a choisi de ne pas se laisser perturber par ce flot de pronostics et de prévisions.

« Il y a tellement de rumeurs qui courent en ce moment, c'est incroyable ! Mais je ne m'en fais pas trop avec ça. En fait, je ne m'en occupe pas. Je continue à me concentrer sur «ma game» chaque jour, à bien faire ce que j'ai à faire et à tenter de m'améliorer. Autrement, je risquerais de me mettre de la pression inutilement ou de donner cours à des pensées négatives. Je préfère bien faire ici et maintenant. Jouer dans les Majeures, c'est mon but, mais ça arrivera quand ça arrivera ».

Il faut dire que Pierre-Luc Laforest n'a pas laissé à la chance le soin de lui ouvrir la voie vers les majeures. Du travail acharné de même qu'une persévérance qui semble à toute épreuve lui auront permis de réussir là où plusieurs auraient capitulé.

D'abord, les Expos, dont il a été un grand fan durant toute son enfance, le laissent tomber après l'avoir repêché en 16e ronde du repêchage 1995. L'examen médical faisait craindre pour des problèmes majeurs aux dos qui se sont avérés que de simples malaises passagers. Réclamé par l'organisation des Devil Rays, il n'était toutefois pas au bout de ses peines en raison de problèmes de visa et d'une opération au genou (ménisque) qui le tiendra à l'écart du jeu toute la saison 2001.

Le plus difficile ? « Les problèmes de visa qui revenaient chaque année. J'avais fait confiance à l'organisation qui m'avait suggéré de demander un visa étudiant pour accélérer le processus. Or, ce visa ne s'applique qu'à un seul état ! Si j'avais su les conséquences, je n'aurais jamais fait ça ! » On se souviendra que cet hiver, en attente de son visa, il a loupé une bonne partie du camp d'entraînement.

« Puis, il y a eu l'opération au genou. On m'avait dit que je serais sur pied au bout d'un mois ou deux; j'ai finalement raté toute la saison ! Durant l'hiver, à Atlanta, j'ai fait beaucoup de physio et d'entraînement et maintenant tout est rentré dans l'ordre. C'est la forme ! »

« Je n'ai jamais voulu abandonner, mais à un moment, je me disais « Y a-t-il quelqu'un qui ne veut pas que je joue au baseball ? » Heureusement, j'ai toujours pu compter sur l'appui de ma famille et de mes proches qui m'encourageaient à continuer, en me disant qu'il n'arrive rien pour rien et que lorsque l'on surmonte des difficultés, on est plus fort après…. Bien, je crois que je suis assez fort maintenant !»

Parents et amis étaient d'ailleurs venus nombreux pour le jouer à Ottawa, à l'occasion d'un match contre les Lynx. «Certains ne m'avaient pas vu jouer depuis mes 14 ans !»

Au cours des deux dernières années, Pierre-Luc LaForest s'est fait remarquer par sa rapidité exceptionnelle à s'imposer comme un solide receveur sans négliger pour autant ses capacités offensives et sa puissance au bâton. Fort de ses succès, il aspire à aller encore plus loin dans la maîtrise de son jeu. «Je veux être à mon meilleur dans tous les aspects du jeu. Je considère que j'ai encore tellement à apprendre !»

À ce chapitre, il dit bénéficier de l'expérience de ses coéquipiers, nombreux à avoir déjà fait un saut dans les grandes ligues. «Au moins les trois quarts ont déjà joué dans les majeures. Aussi, lorsque je travaille avec un lanceur d'expérience, je veux toujours comment il analyse le jeu, qu'est-ce qu'il ferait dans telle ou telle situation. J'apprends beaucoup de la sorte».

Comme frappeur, Pierre-Luc est généralement inséré au 6e ou 7e rang de l'alignement, ce qui limite quelque peu son nombre d'apparitions les soirs où l'attaque diminue la cadence. Il se dit plus à l'aise plus tôt dans la rotation, par exemple au 4e et 5e rang. Ce fut d'ailleurs le cas lors du match des étoiles «Future Game», où il a pris le 4e rang comme frappeur désigné.

Ancien champion frappeur au sein de la LBÉQ, il encourage ceux qui marchent aujourd'hui à sa suite. «Au baseball, tout est dans la tête ! L'attitude y est pour beaucoup ! Il faut y croire. Être Canadien ne constitue pas un obstacle si on veut vraiment jouer. Il faut cependant être prêt à faire des sacrifices et à travailler fort !»

Huit ans après son premier repêchage, le baseball est visiblement demeuré une passion. «J'ai toujours du plaisir à jouer et j'espère jouer le plus longtemps possible. Actuellement, pour moi, c'est la vie parfaite. Même si je vise les majeures, je crois que je pourrais jouer pendant 20 ans dans les mineures, en autant que je puisse mener une vie confortable et avoir la chance de jouer !»