Le baseball majeur vient d'encaisser un autre oeil au beurre noir. Une mauvaise décision d'un de ses officiels qui prive le lanceur Armando Galarraga d'un match parfait. Moi qui n'a pas beaucoup d'admiration pour les arbitres, voilà une autre histoire qui n'est pas de nature à améliorer ma perception de leur travail.

Quand on parle des arbitres, on doit immédiatement penser responsabilité et crédibilité. Malheureusement dans le cas de l'officiel Jim Joyce, il a manqué des deux mercredi lorsqu'il a déclaré Jason Donald sauf, sur un jeu où il semblait nettement retiré.

Je pense que Joyce a anticipé le jeu et il l'a manqué. L'arbitre s'est dit intérieurement qu'il ne donne pas le match parfait si c'est un jeu serré. Mais cette fois, il a raté. Point. La balle est arrivée au premier but plus vite qu'il le croyait. Armando Galarraga a été lent à se rendre vers le premier coussin et l'arbitre a visualisé le jeu avant qu'il ne se finalise.

Pour sauver la face, il aurait pu aller consulter ses collègues, qui auraient pu le sortir de l'embarras. Si c'était un jeu de routine dans un match sans enjeu, on n'en parlerait pas mais c'était le dernier retrait d'un match parfait.

Après la partie, le gérant des Tigers, Jim Leyland, a été prudent dans ses déclarations même s'il a dit publiquement que Joyce s'était trompé. À mes yeux, c'est encore pire que de lui donner des bêtises sur la place publique. Sa réaction polie et avec classe devrait l'épargner d'une amende du baseball majeur, qui n'aime pas qu'on critique publiquement les décisions des arbitres.

Je pense que Joyce lui sera mis à l'amende mais personne ne va le savoir. Sa carrière ne sera pas compromise. On l'a vu par le passé des arbitres qui ont erré et qui ont continué à travailler. Joyce a raté le jeu et il est le premier à le savoir. Le problème au baseball, c'est qu'on ne rend pas les bonnes décisions. Pour les arbitres, l'important n'est pas de rendre la bonne décision mais simplement de rendre une décision, malheureusement. Sur ce jeu, je reconnais l'arrogance des arbitres. Pourtant Joyce avait le jeu devant lui.

Je le répète, Joyce a anticipé le jeu. Galarraga a été lent à se rendre au premier but et peut-être que Donald a ralenti sa course aussi. Au moins, l'intégrité du sport n'est pas mise en cause parce que le coureur n'a pas démissionné sur la séquence.

Le marqueur officiel ne pouvait même pas donner une erreur aux Tigers pour avoir au moins la chance d'un match sans point ni coup sûr à Gallarraga. Si le lanceur des Tigers avait cherché le coussin avec son pied, on aurait pu lui donner une erreur mais ce n'était pas le cas. Il aurait trouvé au moins un certain réconfort.

La décision rendue par Joyce me fait penser à quatre jeux précis dans le baseball à travers les ans desquels j'ai été témoin. Celle du match entre les Tigers et les Indians est toutefois la plus flagrante que j'ai vue.

La Série Mondiale de 1975 entre Boston et Cincinnati. Il s'agissait d'un jeu au marbre qui n'avait toutefois pas coûté la série. En 1996, les Orioles de Baltimore ont déjà été éliminés en séries de divisions par les Yankees parce que l'officiel Rich Garcia n'a pas vu l'interférence d'un spectateur sur un coup frappé par Derek Jeter, qui avait finalement été crédité d'un circuit. Puis en neuvième du sixième match de la Série Mondiale de 1985, Don Denkinger avait déclaré Jorge Orta des Royals de Kansas City sauf au premier but alors que la reprise démontrait le contraire. Orta avait plus tard créé l'égalité et les Royals étaient revenus de l'arrière pour finalement l'emporter 2-1 et forcer un septième match, qu'ils avaient gagné pour leur seule conquête de la Série mondiale.

Les lanceurs dominent

On aurait pu être témoin d'un troisième match parfait en l'espace de 22 jours et un deuxième en moins de sept jours dans le baseball majeur. C'est incroyable. On voit que les lanceurs sont en train de reprendre le dessus sur les frappeurs.

À un certain moment, le baseball majeur a apporté des changements pour favoriser les frappeurs. Mais au cours des dernières années, les frappeurs ont ralenti alors que lanceurs continuent de bien faire. Les lanceurs redeviennent dominants comme dans les années 60 et ça, c'est inquiétant.

Un grand qui tire sa révérence

Ken Griffey est un grand joueur qui a annoncé sa retraite. Il est un vrai professionnel mais malheureusement, il a été ralenti par les blessures. Il a été un joueur impeccable qui a respecté le jeu mais il termine sa carrière avec une tache à son dossier parce qu'on l'a trouvé endormi dans son vestiaire lors d'un match.

*Propos recueillis par Robert Latendresse