San Juan, Porto Rico - J'ai vraiment reçu des assignations de rêve à San Juan! J'ai en effet eu la chance de travailler dans les deux premières parties du calendrier de notre groupe à la Classique mondiale de baseball 2009, de sorte que j'ai eu l'occasion de voir à l'œuvre les quatre équipes impliquées dans notre division. Au deuxième jour des compétitions, alors que les deux équipes perdantes des premiers matchs s'affrontaient, moi je bénéficiais d'un jour congé. Une situation qui m'a permis de profiter pleinement l'Intercontinental San Juan Resort, un hôtel de prestige qui est situé directement sur la plage.

Puis, le 9 mars, j'officiais un troisième match à la Classique. Une rencontre qui opposait les deux équipes gagnantes lors de la première journée d'activité, donc un match opposant la formation de Porto Rico à la surprenante équipe des Pays-Bas. L'équipe gagnante de ce match s'assurait une place en deuxième ronde.

En fin de huitième manche, Porto Rico marque trois points pour prendre les devants 3 à 1 et ainsi l'emporter non sans difficulté. Carlos Beltran et Jesus Feliciano y sont allés de deux coups sûrs chacun. De mon côté, ce fut un match sans histoire, sauf pour une petite visite de Carlos Delgado au troisième but comme coureur. « Hey Stephane! », s'est-il exclamé avec un fort accent en arrivant au troisième coussin. Il semble vraiment s'amuser sur un terrain de balle ce Carlos… et il est très gentil.

Le lendemain, je me retrouvais comme arbitre au premier but lors du dernier match éliminatoire de notre ronde, une rencontre opposant les deux équipes ayant cumulé une fiche d'une victoire et d'une défaite, c'est-à-dire la formation des Pays-Bas et celle de la République dominicaine. Les Dominicains vont-ils se faire surprendre une autre fois? Évidemment, vous connaissez déjà le résultat!

Ce fut un match historique! La plus grande surprise au baseball international depuis des lunes! Et j'y étais! Non seulement j'étais présent, mais en plus j'ai été impliqué dans un jeu bizarre au premier but, une séquence qui a mis fin au match. Avez-vous vu mes jolis pas de danse? En fait, c'était des pas de survie, ceux qui m'ont permis d'éviter la balle qui avait été touchée par Willy Aybar.

Sur cette balle frappée durement vers moi, j'avais initialement la responsabilité de juger si elle était bonne balle ou fausse balle. Mais, après avoir pointé en direction de la zone des balles en jeu, me voilà la cible de celle-ci qui a été déviée en ma direction. Si elle me touche, la balle demeure en jeu puisque c'est le joueur défensif qui l'a fait dévier vers moi. Par contre, imaginez l'incident : L'arbitre Dupont bloque la balle qui permet à l'équipe de la République dominicaine de rapidement inscrire le troisième retrait au premier but, et ce, de justesse. Décision rendue par qui? Stéphane Dupont, un arbitre canadien!

Heureusement, mes talents de danseurs m'auront permis d'éviter la balle tout en laissant le passage à Willy Aybar le joueur de premier but dominicain. Et malgré tout, j'ai réussi à prendre position pour rendre la décision finale du match au premier but! Wow, quelle fin dramatique. Pour une deuxième fois en quelques jours seulement, je me retrouvais, bien malgré moi, parmi les jeux de la journée aux journaux télévisés des nouvelles sportives. Quand même plaisant je vous l'avouerai.

J'ai également vécu un autre moment fort émouvant un peu plus tôt dans la rencontre quand Big Papi, David Ortiz, est venu se positionner à mes côtés au premier but. À son arrivée, il me salue sans prononcer la moindre parole. Je fais de même tout en espérant avoir l'occasion de lui adresser la parole un peu plus tard au cours du match.

Et effectivement, la chance m'a souri. Lors d'un élan raté d'un joueur adverse, Ortiz se retourne en souriant et me dit « Did you see the swing? » Je lui réponds « a que oui! » Et il ajoute « That was ugly… » d'un ton amicalement moqueur. Je n'ai pu m'empêcher de lui sourire à mon tour.

Finalement, je ne travaillais pas lors de la dernière rencontre, celle qui devait déterminer qui terminait au premier et deuxième rang de notre groupe. J'ai donc profité de la journée pour visiter San Juan, prendre quelques photos et acheter des souvenirs. Cependant, en soirée je suis allé voir le match.

Puis de retour à l'hôtel, j'ai aperçu Laz Diaz en discussion avec Bernie Williams. Je me suis approché discrètement pour finalement soutirer une poignée de main et une photo souvenir en sa compagnie.

Quelques minutes plus tard, Larry Young, notre superviseur des Ligues majeures, s'est approché de nous, Corrie et moi. Il nous a félicités chaleureusement pour notre bon travail lors de la Classique. Nous en sommes ravis. Les Canadiens ont fait du bon boulot!

Faisons maintenant place à nos collègues arbitres internationaux pour les deux rondes suivantes.

Bonne Classique à tous!

Stéphane Dupont

Collaborateur au texte : Jacques Lanciault