Le plus populaire des tournois sportifs a débuté jeudi dernier aux États-Unis. Il s’agit bien entendu du tournoi de basketball universitaire de la NCAA, avec ses 64 équipes participantes.

Tous les yeux sont rivés sur les téléviseurs depuis jeudi midi, non seulement du côté américain, mais également de plus en plus au Canada, d’où proviennent des dizaines de joueurs évoluant dans les collèges américains.

Le basketball est de loin le sport le plus populaire aux États-Unis en termes de participation avec plus de 30 millions de joueurs en 2014. Même si les Américains sont passionnés du football, le basketball est un sport pratiqué par les garçons et les filles, jeunes ou adultes. Et les risques de blessures sont beaucoup moins sérieux qu’au football. C’est également un sport relativement peu coûteux, avec peu d’équipement nécessaire à sa pratique.

Mais comment expliquer l’immense popularité, et la folie qui s’y rattache, du tournoi annuel de la NCAA?

La réponse est simple. Il s’agit du tableau des équipes, ou en terme anglophone de la fameuse « bracket ». Ce tableau du tournoi devient en quelque sorte la référence des sportifs durant cette période de trois week-ends en mars. Cette « bracket » s’imprime facilement sur une feuille de 8,5 x 11 où l’on fait ses choix des gagnants avant de la soumettre en ligne dans les nombreux concours des sites sportifs. On suit les résultats au quotidien et on en jase pendant des heures au bureau, en soirée ou à la maison. Comme un pool de hockey des séries mais avec quelques différences majeures comme 64 équipes au lieu de 16, et avec un format de simple élimination, c’est à dire les équipes perdantes sont automatiquement éliminées après une seule défaite.

Le tournoi est divisé en quatre régions géographiques soit l'Est, le Sud, l'Ouest et le Mid-Ouest. Chaque portion du tableau inclut 16 équipes. Lorsque les équipes remportent leurs deux matchs du premier week-end, elles passent dans la ronde des « Sweet 16 » où deux autres victoires sont nécessaires pour atteindre la finale à quatre soit le fameux « Final Four ».

Cette année, on prévoyait que 70 millions de tableaux seraient soumis en ligne par 40 millions de participants qui espéraient avoir complété une sélection parfaite de 63 matchs, et ainsi gagner jusqu’à 1 million $ en prix provenant de site comme ESPN.com ou Sportsline.com. Mais ce qui étonne est le chiffre estimé de 9 milliards $ qui est misé de façon illégale aux États-Unis et qui fait l’objet de multiple conversations et paris de bureaux partout sur le continent. Le commun des partisans américains ne connaît pas vraiment la formation des joueurs des 64 équipes en présence, mais cela ne l’empêche pas d’attaquer ce projet avec toute son énergie. En espérant avoir le tableau parfait!

Donc, revenons à ESPN.com, qui a reçu plus de 11,5 millions de « brackets » en ligne avant le début du tournoi. Après le premier jour, soit jeudi dernier, seulement 257 participants étaient encore en lice pour le tableau parfait... Soit 257 sur 11,5 millions ou 0,002%!

Mais qu’est ce qui excite tellement les fans de sports aux États-Unis par rapport à ce tournoi? Je vous dirais que la beauté de ce tournoi est qu’à tout moment, les équipes négligées renversent les mises et réussissent contre toute attente à vaincre les favoris du tableau. Comme ce fut le cas jeudi dernier dans l’Ouest alors que Georgia State, classée 14e, a vaincu l'équipe no 3, Baylor, par la marque de 57-56 pendant que dans la région Sud, une autre formation qui figurait au 14e rang, l’Université Alabama-Birmingham, battait le no 3 Iowa State 60-59. Deux revirements inattendus, mais tellement fréquents dans ce tournoi imprévisible.

Le tournoi est à la mesure des consommateurs de sports d’aujourd’hui, soit rapide et passionnant. Les saisons sportives chez les professionnels sont trop longues. Dans le basketball de la NCAA, en trois semaines, tout est terminé. Les matchs sont tous ultimes et cruciaux comme un septième match en séries de la Coupe Stanley. Et finalement, plusieurs joueurs évoluant dans les grandes équipes universitaires, comme les Wildcats de Kentucky, les favoris du tournoi, ne restent pas longtemps et quittent rapidement pour la NBA. C’est donc la seule occasion pour eux de prendre part au tournoi et la compétition est encore meilleure pour cette raison.

Une autre mesure de l’importance du March Madness pour les fans de sports est la moyenne des cotes d’écoute pour le tournoi. En 2014, une moyenne de 9,8 millions de téléspectateurs ont regardé les matchs lors des trois semaines du tournoi. Ce qui représentait un sommet depuis 1993. Mais là, on constate l’énorme force de ce tournoi et de notre fameuse « bracket » est lorsqu’on prend connaissance des ententes de diffusion des réseaux CBS et Turner avec la NCAA pour ce tournoi. En 2011, ils ont obtenu les droits de diffusion pour 14 ans moyennant la faramineuse somme de 11 milliards $. Et ce, pour moins de trois semaines d’activités! Quand on compare au hockey de la LNH et la récente entente entre Rogers et le circuit Bettman pour 12 ans et 5,5 milliards $, le March Madness reçoit pratiquement le double en droits télévisuels. Pour trois semaines! On se rend alors compte que ce célèbre tournoi annuel du mois de mars est effectivement de la pure folie.