Pour une deuxième saison consécutive, la logique a essentiellement été respectée lors de la première ronde des séries de la NBA. Les équipes favorites ont trouvé un moyen de venir à bout de leur adversaire, de façon plutôt convaincante pour la plupart. Exception faite du triomphe du Jazz de Utah face aux Clippers de Los Angeles. Mais un no 5 qui bat un no 4, ça se produit tous les ans et ça ne compte pas vraiment comme une surprise. D’autant plus que L.A. et Utah avaient présenté des fiches identiques en saison régulière.

Récompensé pour un certain manque d’audace, votre humble serviteur a donc fait amende honorable avec sept bonnes prédictions sur huit (même si le nombre de matchs prévus pour chaque série s’est avéré inégal). Les chances que ces pronostics à succès se poursuivent sont minces.

Une seule série a nécessité les sept matchs. On repassera donc en ce qui concerne l’aspect dramatique ou inattendu des affrontements. On peut toutefois se réjouir des duels qui se dessinent au cours des prochaines semaines. Un seul parmi les quatre que je décortiquerai pour vous ci-dessous me paraît inégal et décidé d’avance. Les trois autres pourraient basculer d’un bord ou l’autre et vous n’auriez pas le droit de m’en vouloir si je me trompe.

No 1 Celtics c. no 4 Wizards

Après avoir perdu leurs deux premiers matchs contre Chicago, à domicile de surcroît, les Celtics de Boston ont trouvé le moyen de se sauver avec leur série de premier tour contre les Bulls en remportant les quatre rencontres suivantes (dont trois à l’étranger). Félicitons d’abord à Brad Stevens pour quelques ajustements tactiques clés. Ensuite, chapeau à Isaiah Thomas pour sa persévérance malgré le choc et l’immense tristesse accompagnant le décès tragique de sa petite sœur la veille du premier match. Mais n’oublions surtout pas l’autre élément qui a ultimement scié les jambes des Bulls : la fracture au pouce subie par Rajon Rondo lors du deuxième match à Boston. Chicago finit la série avec une fiche parfaite quand il était dans la formation et n’a gagné aucun match sans lui. Assez tranchant. De leur côté, les Wizards de Washington en ont fait assez pour se débarrasser des Hawks d'Atlanta en 6. Un rival achalant et très bien structuré qu’ils ne sont pas fâchés d’avoir renvoyé à la maison.

Alors que Cavaliers de Cleveland et Raptors de Toronto ont eu du temps additionnel pour se reposer avant d’entamer la ronde suivante, Boston et Washington n’ont pu bénéficier d’aucun répit. Ils ont terminé la ronde no 1 vendredi soir avant de débuter la ronde no 2 dimanche dès 13 h. Les hommes en vert se sont approprié le match initial par la marque de 123-111. Fraîchement revenu de l’Ouest américain après les funérailles de sa sœur samedi, Isaiah Thomas a offert une nouvelle preuve de sa force de caractère hors norme. Sans doute épuisé par tant d’heures de vol (Chicago à Seattle vendredi soir - Seattle à Boston samedi soir), il a été la bougie d’allumage des siens avec 33 points et 9 aides en 38 minutes de jeu. Exceptionnel! Notons aussi les gros matchs d’Al Horford, Avery Bradley et Jae Crowder à ses côtés. Le noyau des Celtics a répondu présent lors du premier chapitre.

Cela étant dit, je penche quand même du côté des Wizards au final dans cette série, pour une panoplie de raisons. Les deux clubs seront gonflés à bloc dans le but d’accéder à la finale d’association. Surtout Washington, qui n’a pas atteint le carré d’as en séries depuis 1979. Ils savent très bien que l’opportunité est rêvée face à un rival solide sans être spectaculaire. La colonne vertébrale des Wizards se situe à la position de garde. John Wall et Bradley forment un duo complet, complémentaire, sous-estimé et au sommet de son art présentement. Les Celtics vont tenter de les ralentir avec deux spécialistes en la matière (que les Hawks ne possédaient pas en première ronde) : Avery Bradley et Marcus Smart. Ils les embêteront par moments, mais n’arriveront pas à les arrêter. Ensuite, comment Brad Stevens arrivera-t-il à « cacher » Isaiah Thomas défensivement? Il sait pertinemment que Wall et Beal s’amuseront à cœur joie contre lui en attaque à un contre un. Idéalement, il aimerait avoir Bradley-Smart-Thomas en même temps sur le terrain et forcer la main de l’entraîneur-chef des Wizards, Scott Brooks, à se rapetisser aussi. Mais si ce dernier résiste à la tentation et garde son cinq partant en place, c’est Stevens qui aura des choix à faire. Le jeu d’échecs stratégique sera fascinant.

D’autres inquiétudes que j’aurais à la place de Brad Stevens? Mes joueurs d’intérieur (particulièrement Al Horford) sauront-ils tenir tête à ceux des Wizards? Récolteront-ils suffisamment de rebonds? Et mes marqueurs « secondaires » pourront-ils suffisamment appuyer Isaiah Thomas offensivement? À plusieurs de ces questions, j’ai de sérieux doutes. Même si le premier match aura réussi à en apaiser certains.

PRÉDICTION : Washington en 7.

No 2 Cavs c. no 3 Raptors

C’était inévitable. Ces deux puissances de l’Est allaient devoir se retrouver tôt en tard en séries pour une deuxième saison consécutive. Aussi bien en finir dès le deuxième tour. Le mouvement « We the North » est mitigé à l’aube de cet affrontement. D’un côté, les partisans ont envie d’y croire et sont prêts à tout pour venger l’échec en six matchs aux mains de LeBron en finale d’association 2016. D’autre part, ils savent que le défi est titanesque et que peu d’experts donnent cher de la peau des sympathiques dinosaures encore cette année.

Rappelons que les Cavs ont terminé la saison en queue de poisson, perdant 14 de leurs 24 derniers matchs et offrant de l’espoir à tous leurs rivaux à l’aube des séries. Rappelons ensuite que ceux-ci ont déchiqueté les Pacers au premier tour. Comme s’ils souhaitaient nous rappeler que la vraie saison était entamée, qu’ils ne faisaient que ménager leurs efforts depuis deux mois et qu’ils peuvent accéder à un niveau de jeu supérieur quand bon leur semble.

Tout cela étant dit, Toronto a de quoi se nourrir d’espoir. D’abord, la défensive de Cleveland a été poreuse et imprévisible tout au long de la saison. Ils ont terminé au 20e rang des points accordés tout en allouant au moins 102 points à chacun des quatre matchs contre les Pacers. Leur effort défensif est irrégulier, ils ne bloquent pas beaucoup de tirs et ne vous domineront pas aux rebonds.

Ensuite, cette équipe des Raptors est mieux conçue et équipée pour ennuyer les Cavaliers qu’elle ne l’a jamais été auparavant. Serge Ibaka et PJ Tucker ont été acquis spécifiquement pour une revanche potentielle contre LeBron et sa gang. Ibaka procure une expérience des séries, une présence à l’intérieur et une efficacité du périmètre qui change la donne relativement au choc de 2016. Alors que Tucker marquera peu de points, mais épaulera DeMarre Carroll en tant que défenseur aguerri additionnel pour achaler le King. Sans oublier le dynamique Norman Powell à l’aile qui a connu de bons moments contre les Bucks et forcera Cleveland à le respecter offensivement.

Comme vous voyez, avec ces arguments à l’appui, j’ai envie de croire que les Raptors peuvent causer la surprise ultime. Ils n’auront d’ailleurs pas des opportunités infinies d’y parvenir. Et si DeRozan et Lowry sont à leur mieux alors que James connaît une série moyenne, on ne sait jamais. Mais dans le fin fond de mes tripes, je pense que c’est trop demandé. Le King arrive toujours à lever son jeu d’un cran et atteindre un plateau que lui seul connaît quand c’est vraiment nécessaire.

PRÉDICTION : Cleveland en 6 (encore).

No 1 Warriors c. no 5 Jazz

Je vous mets au défi de me peindre un scénario réaliste avec quelques bonnes raisons légitimes permettant au Jazz d’arriver à bout des Warriors de Golden State au cours des deux prochaines semaines. Bonne chance! Les Warriors ont été impitoyables à l’endroit des Blazers de Portland au premier tour. Ils les ont balayés par une moyenne de 18 points d’écart par match, même si Kevin Durant n’aura joué que 56 minutes au total. Ils peuvent donc exceller avec ou sans KD. Leur chimie est à point. Ils seront reposés à fond alors que leur adversaire sera vidé suite à un tour initial exténuant. Alouette!

Cette affirmation ne cherche aucunement à dénigrer le Jazz et leur saison. Au contraire, ils ont un noyau jeune, cohérent et en pleine progression. Ils présentent autant, sinon plus, de profondeur que les Warriors. Gordon Hayward est une vedette sous-estimée de la ligue à la position d’ailier. Si la santé tient la route, le géant français Rudy Gobert embêtera Golden State autour de l’anneau. George Hill et Joe Johnson ont vu neiger en séries et ne s’en laisseront pas imposer. Ils s’améliorent chaque année et cogneront à la porte sous peu. Mais pas cette année. Pas face à Steph et ses amis. Ils apparaissent en véritable mission et tout adversaire est prié de se tasser du chemin. Sinon, ils n’ont qu’à bien se tenir.

Le seul facteur partiellement inquiétant à observer du côté des Warriors, c’est l’absence indéfinie de leur entraîneur-chef Steve Kerr. Ce dernier a été opéré au dos il y a près de deux ans et prétend ne pas avoir été le même depuis. Ses douleurs chroniques l’ont affecté à un point tel récemment qu’il a affirmé ne pas savoir quand il pourra reprendre sa place sur les lignes de côté. Dans l’immédiat, ce n’est pas la fin du monde. Ils peuvent très bien gagner sans lui. Mais lors d’une finale d’association ou une finale de la NBA, quand les choses commenceront à se corser, son absence pourrait commencer à se faire ressentir. C’est un fin tacticien qui est extrêmement respecté de ses joueurs. Mike Brown, l’ancien patron des Cavaliers et des Lakers de Los Angeles, le remplacera de façon intérimaire. Il a définitivement roulé sa bosse... mais on ne parle pas ici d’un grand entraîneur. Les partisans des Warriors espèrent de tout cœur que le dos de monsieur Kerr commence à prendre du mieux. Et vite.

PRÉDICTION : Golden State en 4.

No 2 Spurs c. no 3 Rockets

La bataille du Texas. Comme ce sera fascinant! Ces deux rivaux se retrouvent en séries pour la première fois depuis 1995 et le contraste de style ne pourrait être plus flagrant. Mike D’Antoni voudrait que ses Rockets de Houston tirent de loin toutes les huit secondes afin de vous étourdir et vous assommer. Gregg Popovich préférerait voir ses Spurs de San Antonio prendre leur temps, imposer leur style, aller à l’intérieur, faire la passe additionnelle pour obtenir un meilleur tir, etc. Basé sur les méthodes des 15 dernières années, il faut croire que la « méthode Spurs » a été testée et prouvée concluante hors de tout doute. Mais la vénérable édition 2016-2017 de Houston présentera une formule qui pourrait servir d’antidote, menée par un certain maestro unique du nom de James Harden.

Les Rockets ont une attaque plus explosive et regorgent de francs-tireurs qui étirent le terrain. Les Spurs ont plus d’expérience des séries, sont meilleurs près du panier et auront un plan de match à tout casser. J’ai beau vouloir les départager par le personnel, la tactique ou les statistiques, je n’y arrive pas. Cette série m’embête drôlement. J’ai donc basé ma prédiction ultime sur un élément. Un seul. Je pense que Popovich va faire fi des conventions et confier à Kawhi Leonard la mission de ralentir Harden tout au long de la série. Leonard a beau mesurer 6 pieds 7 pouces, il a tous les outils nécessaires pour chacune des cinq positions, incluant les meneurs de jeu. Ses longs bras, sa vitesse latérale et sa détermination risquent de causer des cauchemars à la vedette barbue des Rockets. Et quand Harden n’arrive pas à s’exprimer pleinement et librement, Houston ne fonctionne pas à plein régime. Donc…

PRÉDICTION : San Antonio en 7.