Débutons la chronique de cette semaine en revenant au 22 août dernier et en se remémorant les réactions à la suite de la transaction envoyant Kyrie Irving aux Celtics de Boston :

« Il est vraiment bon Kyrie, mais j’ai des doutes à savoir s’il peut prendre le rôle de male alpha d’une équipe capable d’aspirer aux grands honneurs. Son succès jusqu’à présent, il le doit clairement à LeBron James. Et Boston a donné un peu trop aux Cavaliers pour obtenir ses services. »

Faisons ensuite un saut dans le temps au 17 octobre, à 20 h 15 précisément, alors que Gordon Hayward s’infligeait une grotesque blessure à la jambe gauche lors de son premier match avec les Celtics. Les experts étaient unanimes pour dire ceci :

« Les Celtics possèdent quand même suffisamment de talent pour accéder aux séries dans l’Est sans Hayward. Mais ils ne peuvent pas aspirer à bien plus que ça. »

Revenons maintenant au présent. Dans quelques heures à peine, les Warriors de Golden State fouleront le plancher du TD Garden de Boston pour tenter de gonfler leur fiche à 12 victoires et 3 défaites. Il s’agira du match le plus attendu de cette jeune saison. Certes, la visite des champions en titre ne laisse jamais personne indifférent. Mais la raison pour laquelle ce match fait tant jaser, c’est la fiche de 13-2 du club qu’ils affronteront. 13-2! Ce n’est pas une faute de frappe. Les Celtics de Brad Stevens, après avoir perdu leurs deux premiers matchs de la saison ainsi que leur nouvel ailier vedette, ont trouvé une façon de remporter chacune de leurs 13 dernières rencontres. Un exploit qui relève presque du miracle. Une séquence unique dans l’histoire de la NBA pour une équipe qui avait débuté sa saison 0-2.

Alors comment ont-ils réalisé ce petit tour de magie?

Ça commence définitivement au sommet de la pyramide. Brad Stevens est un entraîneur-chef hors pair, tout simplement. Âgé de 41 ans seulement, il semble déjà allier l’aspect technique ainsi que l’aspect humain nécessaire pour exceller. Quand Irving est arrivé à Boston cet été, voici une des premières choses qu’il a déclarées :

« J’ai tellement hâte d’apprendre de coach Stevens. Je meurs d’envie de jouer pour un tel cerveau de basketball. »

Évidemment, cette déclaration servait de gifle peu subtile aux entraîneurs que Kyrie a eus en début de carrière à Cleveland. Difficile de ne pas être légèrement offusqué si on s’appelle Byron Scott, Mike Brown, David Blatt ou Ty Lue. Mais d’un regard détaché, on le comprend bien de penser ainsi. Aucun de ces coachs n’arrivait à la cheville de Stevens. Ce dernier est d’abord à l’origine d’un système offensif fluide qui incite le partage du ballon et la passe additionnelle en attaque. Un système taillé sur mesure selon les forces de ses armes principales. Les jeux sur les sorties de ballon sont variés, créatifs et rodés au quart de tour. Il arrive à obtenir le meilleur de ses hommes en territoire défensif. Et on le qualifie de leader intègre, terre à terre que tout le monde adore et respecte tout autant. Un homme qui soutire le meilleur de son effectif en amenant ses joueurs à maximiser leur talent. Bref, un bonhomme qui vaut son pesant d’or aux Celtics.

Mais Stevens a beau avoir toutes les qualités du monde, il n’a inscrit aucun panier cette saison. Il n’en demeure pas moins que les individus à sa disposition se surpassent pour la plupart. Al Horford sert de table tournante dans la clé avec ses aptitudes de passeur. Jaylen Brown semble avoir amené son jeu offensif au même niveau que ses habiletés athlétiques naturelles. Revenant de blessure au genou, Marcus Morris s’annonce comme un élément clé du cinq partant. Alors que les gardes Marcus Smart et Terry Rozier, ainsi que l’Australien Aron Baynes et l’Allemand Daniel Theis apportent de la stabilité à la deuxième unité. Ce qu’ils ont prouvé hors de tout doute vendredi dernier contre les Hornets de Charlotte en surmontant un déficit de 12 points au 4e quart, malgré l’absence d’Irving ET d’Horford, pour l’emporter contre toutes attentes.

Il y a aussi le cas de Jayson Tatum qui fait sourire bien des partisans à Beantown. Les mêmes partisans qui n’étaient pas heureux quand leur directeur général, Danny Ainge, avait décidé de descendre du  premier au troisième rang au dernier repêchage. Il exprimait ainsi son désaveu envers les gardes Markelle Fultz et Lonzo Ball, optant à la place pour l’ailier de 19 ans à peine, issu de Duke. Personne ne connaissait la vraie valeur de Tatum. Avec 15 matchs pros dans le corps, on peut maintenant affirmer que le jeune homme sera très bon. En fait, il est déjà bon. Pendant ce temps, Fultz est blessé et on mine sa confiance à Philadelphie. Et Lonzo en arrache à Hollywood. Alors que la cote de Danny Ainge remonte de quelques points chaque jour.

Vous n’alliez quand même pas penser que j’allais oublier Kyrie dans tout ça. Les sceptiques sont maintenant confondus dans son cas. Il semble définitivement en mesure d’assurer le rôle de leader et de vedette aux commandes d’un club de premier plan. Même si ses statistiques ressemblent à celles des années précédentes, sa contribution est beaucoup plus complète. Il travaille fort défensivement (au grand dam des partisans des Cavs). Il montre le chemin aux jeunes loups. Il ne force pas la note offensivement, préférant embarquer ses coéquipiers dans la cause. Et il agit de prolongement sur le terrain à la vision de Stevens. On parle ici d’une union idéale. Irving sera la pierre angulaire d’une équipe qui devrait se hisser au sommet de l’Est encore cette année et y demeurer pour plusieurs années. Imaginez si Hayward faisait partie du groupe. En espérant qu’on le retrouvera à 100% en début de saison prochaine pour constater les sommets potentiels.

Peuvent-ils maintenir cette cadence effrénée encore longtemps? Sans doute que non. Les adversaires de qualité seront nombreux et gonflés à bloc de les affronter. Et les saisons sont trop exigeantes. Je m’attends d’ailleurs à ce qu’ils s’inclinent dans un match serré et excitant ce soir face aux Warriors. Mais je suis maintenant convaincu qu’ils gagneront environ 55 matchs et finiront dans le top-3 dans l’Est. Que Brad Stevens sera nommé entraîneur par excellence du circuit. Et que personne ne voudra affronter les hommes en verts en séries.

Ailleurs dans la NBA

- La chimie fait défaut à Cleveland. LeBron continue de jouer à un niveau supérieur, mais il a un pied dans le cadre de porte et tous ses coéquipiers le savent. Si Isaiah Thomas finit par revenir à 100 %, l’équation changera de façon considérable. Mais pour l’instant, les Cavs présentent une fiche à peine au-dessus de ,500 et peinent à battre des clubs de second ordre. Dwyane Wade et Jae Crowder n’arrivent pas encore à trouver leur place dans le groupe alors que Tristan Thompson et Derrick Rose sont aux prises avec des blessures. Le King arrivera-t-il à tenir le fort seul pendant toute la saison? Pas certain.

- L’échange permettant aux Bucks de Milwaukee de faire l’acquisition d’Eric Bledsoe il y a neuf jours sera très bénéfique à court terme. Il offre à Milwaukee un meneur de jeu de premier plan; un atout dont ils n’ont probablement pas disposé depuis Sam Cassell il y a une quinzaine d’années. Et Giannis Antetokounmpo ne dérougit pas offensivement, se classant encore au premier rang des pointeurs du circuit. Selon moi, les Bucks possèdent un club leur permettant de terminer dans le top-5 dans l’Est pour la première fois depuis 2000-2001.

- Parmi les joueurs de premier plan dans la NBA, celui qui semble avoir progressé le plus au cours de l’été est Kristaps Porzingis à New York. Et dire que Phil Jackson songeait sérieusement à l’échanger il y a quelques mois. Rarement a-t-on vu un joueur de 7 pieds 3 pouces posséder autant de talent naturel, de dextérité motrice et de fluidité dans son jeu. Il marque actuellement près de 12 points par match de plus que la saison dernière. Et il tire à 50 % du périmètre. À lui seul, il offre de l’espoir à court, moyen et long terme aux partisans des Knicks.

- Attention aux Warriors. Après un lent départ (fiche de 4-3), ils ont totalement anéanti leur compétition lors des sept dernières rencontres, par 20 points d’écart en moyenne. Et chacun de ses triomphes a été obtenu contre des clubs respectables ou de premier plan. Aucune des vedettes n’est présentement surtaxée et leur profondeur est assurément meilleure qu’auparavant. On se doutait qu’il s’agissait d’une question de temps avant que la situation se replace. Attachez donc vos tuques. Le carnage ne fait que débuter.

La relève aussi est de retour

Je m’en voudrais de ne pas terminer cette chronique en vous signalant que le basket de la NCAA est également de retour dans nos vies depuis environ une semaine. Déjà, le décompte avant la prochaine édition du tournoi March Madness est entamé dans ma tête (119 jours...). En quelques mots, je vous assure que la saison 2017-2018 sera tout aussi percutante que les plus récentes. Sur le plan collectif, Duke arrive au premier rang national tôt dans la saison alors que coach « K » dispose d’un cinq partants comprenant cinq futurs choix de première ronde de la NBA. Mais Michigan State (que Duke a vaincu de justesse mardi soir à Chicago) n’est pas loin derrière, tout comme les Wildcats de l’Arizona. Après, c’est plus nébuleux.

Quant aux plus grands espoirs individuels, la cuvée est solide. On devrait assister à une lutte à quatre pour le tout premier rang du prochain repêchage de la NBA. Le favori temporaire est l’ailier Michael Porter de l’Université du Missouri. Tout près derrière, on retrouve deux grands joueurs athlétiques, soient DeAndre Ayton (Arizona) et Marvin Bagley (Duke). Et la carte cachée du lot se nomme Luka Doncic. Il s’agit d’un Slovène de 6 pieds 7 pouces qui joue avec le Real Madrid en Espagne. Il semble posséder toutes les qualités requises pour avoir une belle et longue carrière en Amérique.