Rallier les Canadiens derrière un évènement sportif n’impliquant pas une patinoire, une rondelle et une douzaine d’hommes casqués et armés de bâton relève presque de la science-fiction. C’est pourtant le pari audacieux des Raptors de Toronto qui, depuis quelques années avec sa série canadienne avant le début de la saison de la NBA, proposent aux amateurs canadiens une expérience différente quelques semaines après le début de la saison dans la LNH.

En effet, la seule formation canadienne de la NBA, depuis le déménagement des Grizzlies de Vancouver vers Memphis en 2001, tente d’unir derrière sa bannière le Canada d’un océan à l’autre en visitant, à coups de quelques villes par saison, des amphithéâtres à l’extérieur de la région métropolitaine de Toronto.

Cet automne, les Raptors ont tenu une partie de leur camp d’entraînement à Vancouver, au grand plaisir des nostalgiques de la NBA de l’Ouest canadien, en plus d’y disputer un match préparatoire avant de venir visiter le domicile du Canadien vendredi : le Centre Bell.

« Le Nord, c’est nous, soulignait Masai Ujiri, le directeur général de l’équipe, lors d’un entretien avec la Presse canadienne. Il faut passer le mot. Nous voulons jouer dans toutes les régions du pays. »

« C’est important pour nous. Nous souhaitons devenir l’équipe du Canada et présentement, nous sommes sur une bonne lancée. »

Le dirigeant des Raptors, un stratège jouissant d’une excellente réputation dans le monde du basketball, ne lance pas des phrases creuses ici. Il sait qu’il propose effectivement une solution alléchante pour les amateurs de sports du Canada.

Lors des séries éliminatoires de la dernière saison, où les Raptors ont baissé pavillon en sept matchs contre les Nets de Brooklyn, l’équipe a récolté les meilleures cotes d’écoute de son histoire en plus de générer un buzz palpable bien au-delà du noyau habituel de partisans de l’équipe.

Il s’agissait d’une première présence en séries pour l’équipe au cours des six dernières saisons et pour l’occasion, l’organisation s’est tournée vers la firme montréalaise Sid Lee afin de promouvoir l’équipe au-delà de l’Ontario.

« Le Nord, c’est nous » (#WeTheNorth) est né de cette initiative et les Canadiens ont répondu à l’appel.

Présence sur les médias sociaux, vidéos virales, fêtes d’avant-match en périphérie du Air Canada Centre en plus d’un matraquage publicitaire bien ciblé. La stratégie était audacieuse, mais opportune. En raison des succès de l’équipe, c’était le moment ou jamais de lui façonner une identité dans l’imaginaire collectif des Canadiens. Une identité nouvelle ne puisant pas ses fondements sur une vague d’amour pour l’ère jurassique qui, en plus d’être outrageusement datée, n’est pas du tout associée au Canada.

« Nous avons un énorme avantage à être la seule équipe au Canada, » ajoutait Ujiri, soulignant qu’il souhaitait rallier les amateurs de Vancouver à la cause de sa formation en plus d’accentuer la présence de son équipe de la NBA au pays du hockey.

La mascotte des RaptorsMontréal sourit aux Raptors

Pour leur dernier match préparatoire avant le début de la saison (le 29 octobre), les Raptors affronteront les Knicks de New York à Montréal pour une troisième fois depuis 2010. La formation torontoise, en plus d’avoir remporté les deux matchs précédents, a fait salle comble à toutes ces visites au Centre Bell. Un argument de taille pour la poursuite de cette aventure transcanadienne.

Le Match des étoiles de la NBA visitera le nord de la frontière américaine, pour la première fois de son histoire, en 2016 à Toronto. L’opération séduction du circuit maintenant supervisée par Adam Silver, en relève à David Stern, évoque même un retour éventuel d’une équipe à Vancouver (et Seattle dans la foulée).

La popularité de la ligue est en pleine croissance au pays et le basketball canadien en général est en excellente santé. Sept joueurs d’origine canadienne ont été repêchés par une équipe de la NBA lors des trois derniers repêchages, dont quatre lors de la cuvée 2014 seulement (Andrew Wiggins, Nik Stauskas, Tyler Ennis et Dwight Powell). Wiggins, notamment, est devenu le deuxième Canadien à être sélectionné au premier rang du repêchage après Anthony Bennett en 2013,

De plus, la NBA elle-même regarde l’initiative des Raptors avec un intérêt certain, elle qui dépêchera l’assistant du commissaire Mark Tatum à Montréal pour l’occasion. Accompagné par l’ancien joueur étoile Dikembe Mutombo, Tatum a animé un déjeuner-conférence pour les journalistes et les amateurs de la métropole au matin de la rencontre.

Les salles combles du Centre Bell ainsi que l’engouement tangible des partisans ont assurément capté l’attention des hautes instances de l’association qui, par le passé, ne dépêchait que sa délégation canadienne pour ce genre d’évènement.

Sans dire qu’une équipe se rapproche de Montréal, disons qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

En attendant, un autre Centre Bell plein à craquer fera vibrer la passion des Montréalais jusqu’au sud de la frontière. Reste à savoir si le son de notre ferveur trouvera une mélodie pour accompagner son rythme.

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