LOS ANGELES - Le nouvel entraîneur des Lakers de Los Angeles, Mike D'Antoni, a encore beaucoup de travail à faire pour redonner de l'éclat à la prestigieuse maison aux 16 titres de la NBA, en dépit de ses quatre victoires lors des cinq derniers matches.

L'été avait pourtant été porteur de promesses: la réputation de la franchise et les dollars de son propriétaire, le Dr Jerry Buss, a attiré deux gros poissons à L.A.: le meneur canadien Steve Nash et le pivot Dwight Howard.

Avec la superstar Kobe Bryant et l'Espagnol Pau Gasol, les dirigeants pensaient tenir un cocktail détonnant.

Mais l'automne venu, après huit défaites en huit matches de préparation, les Californiens ont commencé la saison régulière par quatre revers et une victoire: insupportable pour la famille Buss.

L'entraîneur Mike Brown, recruté 18 mois plus tôt, a servi de fusible après cinq matches (sur 82). « Le limogeage le plus stupide de l'histoire de la NBA », s'est écrié Stan Van Gundy, remercié par Orlando la saison dernière.

Personne à Los Angeles n'a vraiment pleuré sur le sort de Brown car tous les fans des Lakers se réjouissaient d'avance du retour de Phil Jackson.

Parti à la retraite avec plus de bagues de champion que de doigts de la main (onze), le « Zen Master » était prêt à reprendre du service.

Le fils du Docteur Buss, Jim, qui dirige le club au quotidien, a rencontré Jackson, qui a demandé un temps de réflexion. Le lendemain à minuit, ce dernier a été réveillé par un coup de fil lui annonçant que la franchise lui avait préféré Mike D'Antoni, ignorant la vox populi et ces « We Want Phil » (ndlr: « nous voulons Phil ») qui descendaient des travées du Staples Center.

Un épisode de Dallas

Los Angeles s'était endormi en rêvant de Jackson mais s'est réveillée avec un autre Mike sur le banc.

Pour un peu, on se serait cru dans un épisode de Dallas, les palmiers en plus et les derricks en moins: Jim Buss a semblé mettre de côté ses vieilles rancoeurs contre Jackson pour ensuite mieux lui couper l'herbe sous le pied de celui qui est le compagnon de sa soeur Jeannie, fille du Docteur Buss et elle aussi dirigeante de la franchise...

Magic Johnson, encore plus écouté à L.A depuis qu'il est devenu cet été co-propriétaire des Dodgers (baseball), a ouvert le feu en disant qu'il était « en deuil » après l'affront fait à Jackson.

« Je ne crois pas en Jim Buss, il a déjà fait deux erreurs majeures », a-t-il dit ensuite à la télévision. Ambiance.

Kobe Bryant a vite arrondi les angles en appuyant Jim Buss et les joueurs ont exprimé leur impatience à l'idée de jouer pour D'Antoni, un féru de l'attaque.

Retour du « Showtime »

Les joueurs ont aussi eu la bonne idée de déminer le terrain en gagnant quatre de leurs cinq matches sous les ordres de l'intérimaire Bernie Bickerstaff.

Arrivé sur la pointe des pieds, ou plutôt sur des béquilles car il se remet encore d'une opération à un genou, D'Antoni a joué les charmeurs dans sa conférence de presse d'introduction en parlant du retour du « Showtime », cette époque dorée des années 1980 durant laquelle les Lakers ont gagné cinq titres avec Kareem Abdul-Jabbar et Magic Johnson, sous les ordres notamment de Pat Riley.

« Nous voulons être champions », a assuré D'Antoni, qui sait que c'est à cette seule aune-là qu'il sera jugée à Los Angeles.

D'autant que cette saison, les voisins des Clippers ont encore pris de l'épaisseur. Autrefois ringards, les « Clips » pratiquent un jeu aérien et spectaculaire. Et ça marche (7-2). Pour l'instant, le « Showtime », c'est eux.