Mordus de NBA, que diriez-vous d’un bon vieux bilan? Parce que oui, nous avons déjà franchi la mi-chemin du calendrier régulier et plusieurs histoires ressortent du lot. Je suis un fervent des bilans pour mettre de l’ordre dans les idées et envisager plus clairement la suite des choses. J’ai donc créé une variété de catégories aux fins de cet article. Certaines plus classiques ou sérieuses, d’autres moins...

Joueur le plus utile : JAMES HARDEN (Rockets)

Et honnêtement, ce n’est même pas très serré selon moi présentement. Le (nouveau) meneur de jeu des Rockets de Houston a été tout simplement époustouflant après 45 matchs. Ses moyennes par rencontre avoisinant 29 points, 12 aides et 8 rebonds dépassent toutes les attentes que les Rockets eux-mêmes pouvaient avoir de lui avant le début de la saison. Il a même eu le culot de présenter des chiffres du genre récemment :

*31 décembre à New York : 53 points, 17 aides, 16 rebonds

*8 janvier à Toronto : 40 points, 11 aides, 10 rebonds

*10 janvier c. Charlotte : 40 points, 10 aides, 15 rebonds

*17 janvier à Miami : 40 points, 10 aides, 12 rebonds

Un match de la sorte en une saison relève de l’exploit. Quatre performances du genre en moins de trois semaines? Hallucinant! Prenez le temps de regarder une de ses rencontres au complet et vous verrez un joueur de basket en pleine possession de ses moyens : capable d’attaquer le panier sans forcer, de se créer un tir de l’extérieur sans difficulté et surtout déterminé (nouveauté de 2016) à l’idée de créer des opportunités à volonté pour ses coéquipiers. Une conséquence directe du nouveau mandat de meneur de jeu qui lui a été donné pendant la saison morte.

Vous me direz que Russell Westbrook, LeBron James, Kawhi Leonard et quelques autres connaissent aussi de très bonnes années et doivent être pris en considération. C’est juste. Mais là où Harden se démarque de tous les autres, c’est grâce au succès collectif inespéré des Rockets. Avec 33 victoires et seulement 12 défaites, ils affichent présentement le troisième meilleur dossier du circuit et représentent la surprise incontestée à la mi-parcours. On parle ici d’une équipe très semblable à celle qui a terminé la saison dernière avec une fiche de 41-41. Les différences majeures entre les deux éditions? Dwight Howard est parti, alors que Ryan Anderson et Eric Gordon sont arrivés en renfort. Sans oublier Mike D’Antoni derrière le banc, qui mérite plusieurs accolades également. Le groupe de soutien est solide et dépasse les attentes, mais il est loin d’être spectaculaire. Selon moi, c’est vraiment le brio et le leadership de notre « hipster » favori du circuit, James Harden, qui fait la différence au final.

L’équipe dangereuse dont personne ne parle : LE JAZZ DE UTAH

Après 15 matchs cette saison, le Jazz affichait un dossier de sept victoires et huit défaites, n’inspirant pas la peur dans les yeux de leurs rivaux dans l’Association Ouest. On faisait état d’une équipe équilibrée, assez expérimentée, dotée d’une bonne profondeur, mais pas nécessairement explosive ou à prendre encore trop au sérieux. La troupe dirigée par Quin Snyder totalise toutefois 20 victoires en 28 rencontres depuis ce temps et une première participation aux séries depuis 2012 semble de plus en plus probable.

Gordon Hayward pourrait fort bien participer au Match des étoiles pour la toute première fois. Le géant français Rudy Gobert fait maintenant partie de la crème à la position de centre dans la NBA. Rodney Hood se taille un rôle de plus en plus précieux sur l’aile à sa troisième saison professionnelle. George Hill, Joe Johnson et Boris Diaw (27 participations en séries au total) ne sont pas nés de la dernière pluie et peuvent calmer les novices quand les choses se corsent. Et quelques talentueux jeunes loups, dont le Canadien Trey Lyles, offrent une panoplie d’options à Snyder en fin de matchs.

Leur succès sera-t-il durable? En se fiant au vieux dicton que la défensive permet de gagner avec régularité dans le sport professionnel, et en constatant que le Jazz accorde de loin le plus faible total de points dans la NBA (94,9 par match), je prédis que oui.

Le joueur dont on ne parle pas assez : ISAIAH THOMAS (Celtics)

Non, il ne s’agit pas du même I. Thomas dont la statue réside depuis 2000 au Temple de la renommée du basketball, à Springfield au Massachusetts. Ce Isiah-là, qui écrivait son prénom différemment, était voué à un brillant avenir dès son entrée dans la NBA en 1981, en tant que 2e choix des Pistons de Detroit. Non, le Isaiah dont je veux vous parler aujourd’hui a été le 60e et tout dernier choix de l’encan amateur de 2011.

Du haut de ses 5 pieds 9 pouces, il a commencé sa carrière dans un des pires environnements de basket possible, Sacramento. Après trois saisons intéressantes en Californie, il est envoyé à Phoenix où il disputera seulement 46 matchs. Les Suns l’aiment bien, mais ne l’apprécient pas non plus à sa juste valeur. C’est alors que les Celtics font l’acquisition, en février 2015, de la perle rare. La saison suivante sera la meilleure de sa carrière. Et celle en cours est encore meilleure que la précédente. De loin. Ses 28,4 points par match le placent au 4e rang de la ligue. Sa soirée de 52 points le 30 décembre contre le Heat est la 4e meilleure de la saison dans le circuit. Et quand Boston a besoin d’un gros panier, ils savent précisément vers qui se tourner.

Ai-je mentionné qu’il mesure 5 pieds 9 pouces tout en étant passé à un cheveu de ne pas être choisi en 2011? Les Celtics ont remporté 13 de leurs 17 derniers matchs et Thomas mérite une énorme part du mérite pour ce succès.

 L’expérience ratée : LES KNICKS DE NEW YORK

Pour une rare fois dans sa carrière professionnelle, Phil Jackson échoue dans son mandat. Lamentablement. Depuis sa nomination à New York à titre de président en mars 2014, les Knicks présentent une pitoyable fiche de 78 victoires et 144 défaites. Pour être juste à son endroit, il avait hérité d’une équipe en déroute totale et méritait sans doute quelques années pour la remettre sur pied. Mais la patience des partisans de la Grosse Pomme envers Jackson commence à s’effriter drôlement.

L’édition 2016-17 du club, avec 3 victoires à leurs 14 dernières sorties, s’enlise un peu plus chaque semaine. Je vous en parlais avant même le début de la présente saison : le pari qu’avait pris Jackson cet été était très risqué. Probablement un peu naïf même. Au lieu de poursuivre la reconstruction en bâtissant autour de l’émergent Kristaps Porzingis, les Knickerbockers roulaient les dés en faisant l’acquisition de Derrick Rose (28 ans) et Joakim Noah (31 ans). Deux beaux noms sur papier, mais deux joueurs très fragiles physiquement. Le genre de paris que l’on fait quand il nous manque un ou deux morceaux pour accéder aux grands honneurs. Pas quand il nous manque quatre ou cinq de ces pièces. Noah, avec son contrat catastrophique (salaire annuel de 18 millions pendant les quatre prochaines saisons), ne joue que 23 minutes par match en n'apportant qu'une contribution de 5,6 points par rencontre.

Quant à Rose, il a abandonné ses coéquipiers tout récemment pendant quelques jours, ne daignant pas avertir le club qu’il serait absent le soir d’un match pour des raisons personnelles. Pas fort. Sans oublier que Phil Jackson a rendu visite à Carmelo Anthony cette semaine pour vérifier s’il tenait vraiment à sa clause de non-échange. Carmelo aurait poliment répondu à Phil de lui foutre la paix, qu’il ne voulait pas quitter New York. Décidément, le bonheur règne à Gotham...

Recrue de l’année : JOEL EMBIID (Sixers)

Là non plus, le vote ne sera pas serré si la tendance se maintient. Le sympathique Camerounais de 22 ans, dont le dialecte de prédilection est le français, domine toute la compétition pour ce trophée avec des moyennes de 19,9 points et 7,8 rebonds par rencontre. Ce qui rend le tout encore plus impressionnant, c’est qu’il ne joue que 25 minutes par soir en moyenne.

En ramenant ces chiffres sur 36 minutes par match, il marquerait en moyenne 28 points. Une seule recrue dans l’histoire de la ligue marquait plus de points toutes les 36 minutes : Wilt Chamberlain en 1959-60. Le grand Wilt, vous le connaissez? De la belle compagnie. Embiid est doté d’un talent fou. Niveau de talent qui n’est devancé que par son potentiel illimité sur le terrain et son charisme débordant hors-terrain. Je vous suggère de le suivre sur Twitter. Vous ne serez pas déçus.

Forts de sept victoires à leurs neuf derniers matchs, incluant un impressionnant gain mercredi face aux Raptors, les Sixers redonnent tranquillement de l’espoir à leurs partisans et commencent à prendre du galon après plus de trois saisons de pure agonie. Incroyable, mais vrai, ils ne finiront sûrement pas dans la cave du classement cette saison (les Nets sont décidément pires qu’eux). Et Philadelphie devrait avoir deux choix dans le top-7 d’un repêchage 2017 relevé. Enfin de l’espoir à revendre dans la ville de l’amour fraternel.

L’équipe la plus malchanceuse de la ligue: LES CLIPPERS DE LOS ANGELES

On dirait vraiment que les dieux de la NBA s’acharnent avec régularité sur les Clippers. Ils leur permettent d’avoir un peu de succès ici et là, mais pas trop. Les Clippers en sont à leur 33e saison à Los Angeles et plusieurs d’entre elles ont été pitoyables. Seulement sept fois ils ont fini en haut de ,500. Avec juste deux titres de division à revendiquer. Seulement neuf fois ils ont participé aux séries, avec quatre petites séries remportées à leur actif (toutes depuis 2006). Le navire avait définitivement pris un virage positif avec la sélection de Blake Griffin en 2009, l’acquisition de Chris Paul en 2011 et l’arrivée du respecté Doc Rivers en 2013.

Et pourtant, à chaque fois que les astres semblent s’aligner en leur faveur, une tuile leur tombe généralement sur la tête. La saison en cours représente un bel exemple. À la mi-décembre, ils présentaient une fiche de 20-7 et tout le monde souriait. Puis, Blake Griffin a subi une blessure au genou à Washington (sa cinquième blessure significative en huit ans) et le bateau a commencé à prendre de l’eau. Blake n’a d’ailleurs pas encore remis les pieds sur le terrain en date d’aujourd’hui.

Puis, lundi contre le Thunder, le seul autre joueur que Doc Rivers ne pouvait se permettre de perdre est tombé au combat. Chris Paul s’est blessé au pouce et ratera de six à huit semaines d’activité. Ils ont été largués au classement par les Rockets et le seront probablement bientôt par le Jazz. Griffin et Paul reviendront au jeu avant les séries et la saison peut définitivement encore être sauvée. Mais disons que le scénario est loin d’être optimal à Hollywood.

Les favoris pour tout rafler: LES WARRIORS

Question de mettre du piquant, j’aurais aimé vous dire que les prévisions du début de saison ne tiennent plus la route après 41 matchs. Que la chimie n’opère pas à Golden State et que, plus que jamais, les autres prétendants peuvent viser les plus hauts sommets. Mais en date du 19 janvier, je crois ceci autant que j’y croyais en début de saison : les Warriors seront sacrés champions en juin prochain.

Ils ont 36 victoires à leurs 42 premiers matchs, n’ayant pas subi la défaite deux fois d’affilée depuis le début de la saison. Lundi contre les champions en titre, ils ont gagné par 35 points sans trop forcer ni avoir à utiliser leurs meilleurs éléments au quatrième quart. Curry, Durant et Thompson respectent le script original en partageant le ballon équitablement. Draymond Green joue son rôle de soutien à perfection, alliant rebonds, distribution du ballon, défensive, jeu physique et une confiance contagieuse frôlant l’arrogance. Et les autres acteurs de soutien offrent une contribution suffisante à un Steve Kerr relativement détendu.

Celui-ci se plaira à rabaisser les attentes en nous rappelant que tout n’est pas complètement rose dans la baie californienne. Ils ont effectivement bousillé une avance de 14 points au quatrième quart le jour de Noël à Cleveland ainsi qu’un avantage de 24 points à domicile au troisième quart (je n’y crois toujours pas!) le 6 janvier contre les Grizzlies. Mais il s’agit d’accidents de parcours plutôt normaux lors d’une saison si longue et exigeante.

Certes, le parcours sera truffé d’obstacles et d’imprévus, mais le constat du début de saison demeure le même : tout sauf un championnat à Golden State cette saison sera jugé inacceptable.