La première fois que j’ai entendu le terme anglophone « pre-agency », j’ai trouvé ça plutôt astucieux comme expression. Le terme a été imaginé il y a un an ou deux par le réputé Bill Simmons, grand gourou du site/réseau numérique américain « The Ringer ».

Traduit librement en français, on parlerait de période hâtive d’autonomie pour un athlète professionnel d’envergure. En bref, même si tu ne bénéficies pas encore de ton autonomie officielle, celle-ci approche à grands pas et t’offre pas mal de pouvoir auprès de ton employeur. Ton agent annonce à l’état-major de ton club que tu n’as aucune intention de signer une prolongation de contrat quand le moment sera venu, et la balle tombe entièrement dans le camp adverse.

Rares sont les propriétaires et directeurs généraux qui décident de prendre la chance de te garder jusqu’à la toute fin du pacte dans le but de te convaincre de rester. Ils préfèrent acquiescer à ta demande pour ne pas rester les mains vides le jour de ton départ. Cette stratégie s’est avérée bénéfique pour des joueurs vedettes comme Kawhi Leonard, Kyrie Irving et Paul George au cours des dernières années. Et elle a été exercée à nouveau aujourd’hui par un certain Anthony Davis en Nouvelle-Orléans.

Davis désire apparemment faire partie d’une équipe lui permettant de participer aux séries et gagner des trophées. Une impossibilité en Louisiane selon les tendances récentes (une seule série d’après-saison remportée en six ans). La nouvelle, bien que peu surprenante, est majeure pour la suite des choses dans le circuit Silver. Âgé de 25 ans, Davis dispute actuellement sa 7e saison chez les pros. Il est un des 5 joueurs les plus talentueux et complets de la ligue et entame théoriquement ses années d’anthologie. Toutes les équipes d’envergure souhaitent mettre le grappin sur ses services. Sa prochaine destination deviendra un aspirant automatique et immédiat au titre.

Pour l’organisation des Pelicans, le scénario est plutôt catastrophique. Après une campagne 2017-18 prometteuse, ponctuée d’un étonnant balayage au premier tour face aux Blazers, l’avenir semblait assez rose. Le personnel entourant Davis était plus solide et les aspirations en 2019 l’étaient tout autant. Publiquement, on se disait confiant de pouvoir convaincre « The Brow » de se commettre à long terme. Mais l’Association Ouest se résume en un seul mot : impitoyable. En date d’aujourd’hui, avec une fiche de 22 victoires et 28 défaites, les Pelicans se trouvent au 13e rang sur 15, à six matchs des séries. Aussi bien fermer les livres immédiatement. L’autre élément qui a joué contre l’organisation c’est le manque d’engouement des partisans locaux. On arrivait rarement à remplir l’amphithéâtre malgré les performances époustouflantes de Davis. Imaginez quand on l’enverra jouer sous d’autres cieux. Ce n’est pas un marché qui m’inspire confiance pour la suite des choses.

Alors la question qui tue : quel sera le plan d’action des Pelicans à court et moyen terme? Une chose est sure, il serait stupide de leur part de réagir de façon hâtive et/ou émotive. L’approche patiente, méthodique et calculée sera la plus profitable pour la survie de leur organisation. Avec une saison et demie à faire sur son contrat, le feu n’est pas encore pris dans la demeure. Je serais donc très surpris que Davis soit échangé au cours des dix prochains jours, avant la date limite des transactions du 7 février. Il faudrait vraiment qu’ils reçoivent une offre époustouflante qui combinerait des jeunes joueurs de talent déjà établi, et quelques choix de premier tour en prime.

Les deux destinations les plus logiques sont les Lakers de Los Angeles et les Celtics de Boston. Le problème pour les Celtics, c’est qu’un règlement administratif de la NBA les empêche de faire l’acquisition de Davis avant l’été prochain. Ceci ouvre donc la porte à Magic Johnson et son équipe. Ils avaient promis à LeBron qu’un acolyte de renom se joindrait à lui plus tôt que tard. Voici leur chance. Ils se doivent d’être agressifs pour couper l’herbe sous le pied des Celtics et des autres. De plus, le King et AD partagent le même agent. Davis s’est récemment acheté une maison de plus de 7 millions de dollars en banlieue d’Hollywood. Et jouer dans l’uniforme doré des Lakers demeure un des rêves ultimes pour la majorité des jeunes joueurs du circuit.

Déjà, les premières rumeurs concrètes ont commencé à circuler sur le  web et les médias sociaux. Certains journalistes croient que les Pelicans exigeraient au minimum Lonzo Ball, Kyle Kuzma, Ivica Zubac et deux choix de premier tour pour laisser partir leur pièce maitresse. D’autres croient que c’est trop cher payé et qu’une combinaison de Brandon Ingram, Josh Hart, Zubac et un choix de premier tour suffiraient.

Twitter va avoir beaucoup de plaisir à spéculer sur tout ceci au cours des prochains mois!

Si j’étais Dell Demps, le DG des Pelicans, j’attendrais premièrement que les Celtics entrent dans la danse cet été. Même si Danny Ainge est un maître des transactions à sens unique depuis quelques années, il vaut mieux que les Celtics soient dans le portrait afin de créer une certaine surenchère. Ainge dispose d’une panoplie de bons jeunes ainsi que plusieurs choix attirants de premier tour à court terme. Ce que les Lakers, malgré cinq jeunes de talent significatif à offrir, n’auront jamais. De plus, le 14 mai prochain aura lieu la loterie annuelle nous permettant de déterminer l’équipe qui choisira aux premiers et deuxièmes rangs. Si Demps voit Zion Williamson ou RJ Barrett dans sa soupe, il saura quelle équipe appeler à compter de cette date.

La suite des choses s’annonce donc fascinante pour Davis et les Pelicans. Et la NBA tout entière retiendra collectivement son souffle entre temps.

Nos prochains rendez-vous NBA :   
Hornetsc. Celtics le 30 janvier à 19h30 sur RDS2
Bucks/Raptors le 31 janvier à 20h sur RDS2
Nouvelle édition du balado « Du Centre-ville » le 7 février lors de la date limite des transactions